Le département américain de la Justice a publié vendredi les transcriptions des entretiens qui ont été menés avec l’ancienne petite amie incarcérée de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell, alors que l’administration Trump s’efforce de se présenter comme transparente au milieu d’une vive polémique suite à son refus antérieur de divulguer une série de documents relatifs à l’affaire de trafic sexuel.
Cette divulgation représente la dernière tentative de l'administration Trump pour réparer les dégâts politiques qu'elle s'est elle-même infligés après avoir échoué à répondre aux attentes que ses propres responsables avaient créées à travers des théories du complot et des déclarations audacieuses qui ne se sont jamais concrétisées.
En rendant publiques deux journées d'entretiens, les responsables semblent espérer apaiser, au moins temporairement, la colère persistante de la base du président Donald Trump, même s'ils continuent de garder sous le coude d'autres preuves qu'ils avaient laissé entendre être en cours de préparation pour être rendues publiques.
Maxwell se souvient avoir entendu parler de Trump et l'avoir peut-être rencontré pour la première fois en 1990, lorsque son père, le magnat de la presse Robert Maxwell, était propriétaire du New York Daily News.
«J'ai peut-être rencontré Donald Trump à cette époque, car mon père était ami avec lui et l'appréciait beaucoup», a dit Mme Maxwell, selon la transcription.
Maxwell a mentionné que son père appréciait l'épouse de Trump à l'époque, Ivana, «parce qu'elle était également originaire de Tchécoslovaquie, comme mon père».
Maxwell, une ancienne mondaine condamnée en 2021 pour avoir aidé à attirer des adolescentes afin qu'elles soient abusées sexuellement par Epstein, a été interrogée pendant deux jours le mois dernier par le procureur général adjoint Todd Blanche dans un tribunal de Floride.
Après son interrogatoire, Maxwell a été transférée de la prison fédérale à faible sécurité de Floride, où elle purgeait une peine de 20 ans, vers un camp pénitentiaire à sécurité minimale au Texas. Ni son avocat ni le Bureau fédéral des prisons n'ont expliqué les raisons de ce transfert.
L'affaire Epstein a longtemps retenu l'attention du public, en partie en raison des relations sociales que le richissime financier entretenait depuis des années avec des personnalités telles que le prince Andrew, l'ancien président Bill Clinton et Donald Trump, qui a déclaré avoir rompu toute relation avec Epstein depuis des années. Epstein a été arrêté en 2019 pour trafic sexuel, accusé d'avoir abusé sexuellement de dizaines d'adolescentes, et a été retrouvé mort un mois plus tard dans une cellule de prison à New York, dans ce que les enquêteurs ont qualifié de suicide.
Cette saga a accaparé l'administration Trump au cours du mois dernier, après une annonce soudaine de deux pages du FBI et du ministère de la Justice indiquant qu'Epstein s'était suicidé, malgré les théories du complot affirmant le contraire, que la «liste de clients» que la procureure générale Pam Bondi avait laissé entendre se trouver sur son bureau n'existait pas et qu'aucun document supplémentaire issu de l'enquête très médiatisée ne pouvait être divulgué.
Cette annonce a suscité l'indignation des théoriciens du complot, des détectives en ligne et des partisans de Trump qui espéraient voir la preuve d'une dissimulation du gouvernement, une attente alimentée en partie par les commentaires de responsables tels que le directeur du FBI Kash Patel et Dan Bongino, qui, dans des podcasts avant de prendre leurs fonctions actuelles, avaient à plusieurs reprises avancé l'idée que des informations compromettantes sur des personnalités éminentes étaient dissimulées.
M. Patel, par exemple, avait affirmé dans au moins une interview podcast avant de devenir directeur que le «livre noir» d'Epstein était sous le «contrôle direct du directeur du FBI».
L'administration a connu un premier faux pas en février lorsque des influenceurs d'extrême droite ont été invités à la Maison-Blanche et ont reçu de Mme Bondi des classeurs portant la mention «The Epstein Files : Phase 1» et «Declassified» (Déclassifié) qui contenaient des documents qui étaient pour la plupart déjà dans le domaine public.
Après l'échec de la première publication, Mme Bondi a dit que les responsables examinaient minutieusement une «montagne» de preuves précédemment retenues qui, selon elle, avaient été remises par le FBI, suscitant ainsi des attentes quant à de nouvelles publications.
Mais après plusieurs semaines d'examen des preuves en possession du gouvernement, le ministère de la Justice a déclaré le mois dernier qu'aucune «divulgation supplémentaire ne serait appropriée ou justifiée». Le ministère a fait remarquer qu'une grande partie des documents avait été mise sous scellés par un tribunal afin de protéger les victimes et que «seule une fraction» de ceux-ci «aurait été rendue publique si Epstein avait été jugé».
Face à la colère de sa base, Trump a cherché à tourner rapidement la page, mettant fin aux questions sur Epstein posées à Mme Bondi lors d'une réunion du cabinet à la Maison-Blanche et qualifiant de «faibles» les partisans qui, selon lui, se laissaient berner par le «canular Jeffrey Epstein».Cette agitation a également créé de profondes divisions au sein de l'administration, Mme Bondi et M. Bongino s'étant violemment affrontés lors d'une réunion à la Maison-Blanche le mois dernier. M. Bongino est resté inhabituellement silencieux sur les réseaux sociaux pendant plusieurs jours après cet incident.
