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Le dernier numéro du journal quotidien The Telegram est arrivé en kiosque à St. John's.
Le dernier numéro du journal quotidien The Telegram est arrivé en kiosque à St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador, samedi, marquant la fin d'une série de 145 ans et le passage à une version imprimée hebdomadaire avec des articles quotidiens en ligne.
Le People's Paper (le Journal du peuple, en français), comme on l'appelle aussi, faisait partie de SaltWire Network, qui a été vendu à Postmedia pour 1 million $ dans le cadre d'un accord approuvé plus tôt ce mois-ci. La vente n'incluait pas la presse à imprimer du Telegram — la dernière du genre dans la province — ce qui a obligé plusieurs autres journaux à se démener pour trouver un nouveau plan.
Vendredi soir, l'usine a démarré pour ce qui pourrait être la toute dernière fois afin d'imprimer la dernière édition quotidienne du Telegram. Le bâtiment est sur le marché pour 5,9 millions $, et si personne ne se porte candidat pour l'acheter, il sera perdu pour de bon.
Nicole Penney, des archives folkloriques et linguistiques de l'Université Memorial, affirme que les coupures de presse du journal Telegram sont courantes dans les dossiers remplis de documents sur l'histoire de la communauté ou de la famille que les gens apportent à son bureau.
Elle affirme que ces documents soigneusement collectés, y compris les coupures de presse du «Telegram», aident à raconter l'histoire sociale de toute la province, et qu'il est beaucoup plus difficile de rassembler ces histoires lorsqu'elles sont en ligne.
«Quand quelqu'un reçoit un journal, il trouve une histoire intéressante, il la découpe, elle a quelque chose à voir avec la famille, les amis, peu importe, et il nous l'apporte. Et si elle a un rapport avec la culture de Terre-Neuve-et-Labrador, nous la prenons, c'est notre mandat», a détaillé Mme Penney dans une entrevue.
«L'option maintenant serait d'imprimer l'histoire en ligne et de l'apporter. Et, par exemple, combien de personnes ont une imprimante à la maison de nos jours?»
Comme dans le reste du pays, de nombreux journaux locaux et régionaux ont fermé leurs portes à Terre-Neuve-et-Labrador au cours de la dernière décennie. Lorsque SaltWire a acheté Telegram en 2017 à Transcontinental Inc., elle a acquis une douzaine d'autres journaux opérant dans des communautés allant de Happy Valley-Goose Bay, au Labrador, à Port-aux-Basques, une petite ville de pêcheurs à la pointe sud-ouest de Terre-Neuve.
Selon le site Web de SaltWire, seuls Telegram et deux hebdomadaires gratuits, le Newfoundland Wire et le Central Wire, étaient encore publiés en début de semaine, bien que l'édition la plus récente sur le site date de décembre 2023.
Avec le passage du Telegram à une édition imprimée hebdomadaire, St. John's rejoint Fredericton comme les seules capitales provinciales sans journal de langue anglaise publié en version imprimée au moins cinq jours par semaine.
Entre-temps, le rachat de SaltWire Network par Postmedia a ébranlé plusieurs publications indépendantes à Terre-Neuve-et-Labrador, dont le journal The Shoreline. Le journal dessert une grande partie du sud-est de Terre-Neuve, y compris de nombreuses communautés rurales le long des côtes est de l'île, et il a utilisé l'imprimerie du Telegram à St. John's, que Postmedia, basée à Toronto, n'a pas achetée.
«The Shoreline» devra désormais être imprimé ailleurs dans le Canada atlantique, selon une note sur la première page du journal, vendredi, de l'éditeur Craig Westcott.
«Nous espérons que le changement est temporaire, a écrit M. Westcott. Nous travaillons dur pour rétablir les activités d'impression de journaux dans cette province, à la fois pour imprimer nos propres journaux et pour servir d'autres petits éditeurs de Terre-Neuve et du Labrador.»
Joan Sullivan se démène également pour trouver un nouvel imprimeur pour le Newfoundland Quarterly, un magazine d'arts et de culture vieux de 123 ans qu'elle édite et dirige. Elle dit s'inquiéter des coûts de transport considérables que tout éditeur devra supporter pour faire livrer ses journaux par avion ou par bateau.
«Ces journaux ont été créés pour une raison... les gens veulent ces journaux», a fait valoir Mme Sullivan dans une entrevue. «L'imprimé reste en place. Les gens le conservent, le chérissent et le relisent.»
Joan Sullivan s'inquiète également de l'impact culturel de la disparition d'un grand quotidien imprimé, mais aussi de tous les documents éphémères produits par l'imprimerie de St. John's, a-t-elle confié. Ces dépliants, brochures, panneaux d'affichage et publicités deviennent tous des marqueurs historiques et des reflets des valeurs et des styles de l'époque où ils ont été imprimés, a-t-elle ajouté.
Vendredi soir, certains journalistes du Telegram ont partagé sur les réseaux sociaux des photos de la presse en action pour ce qui était probablement un dernier tirage. Certaines photos montraient les pages de l'édition imprimée du quotidien en train de défiler dans les machines. D'autres montraient des employés de l'imprimerie inspectant soigneusement l'impression.
Le lendemain matin, plusieurs personnes dans une épicerie Sobeys de St. John's avaient le journal dans leur chariot. Les exemplaires se vendaient rapidement, a confirmé un caissier.
Le titre en gras au-dessus du pli était lisible de l'autre côté du magasin: «Ce n'est pas la fin pour nous.»
La première édition imprimée hebdomadaire du Telegram est attendue vendredi. Les nouvelles quotidiennes se poursuivent en ligne.