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Les tarifs aériens sont bas aux États-Unis, mais pas au Canada. Pourquoi?
En janvier, les tarifs aériens aux États-Unis ont atteint leur niveau le plus bas en 15 ans — si l'on exclut les tarifs de pointe en cas de pandémie — mais si nos deux pays ont beaucoup en commun, les experts affirment que les voyageurs canadiens ne doivent pas s'attendre à des rabais aussi importants au Canada.
Bien que le coût de la vie en Amérique du Nord augmente dans la plupart des autres domaines, les tarifs aériens aux États-Unis ont baissé de 6,4 % en janvier par rapport au même mois en 2023.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Selon les données de l'indice des prix à la consommation du Bureau of Labor Statistics des États-Unis publiées en février, les prix des billets ont non seulement baissé d'une année sur l'autre, mais aussi de 3 % par rapport aux tarifs aériens d'avant la pandémie en janvier 2020, et de 15 % par rapport à ceux d'il y a une dizaine d'années. En fait, les prix de janvier n'ont jamais été aussi bas aux États-Unis depuis 15 ans, si l'on exclut les années de pointe de la pandémie, au cours desquelles le transport aérien s'est réduit comme peau de chagrin.
Au Canada, les tarifs aériens ont chuté de 14 % en janvier par rapport au même mois en 2023, et de 23,7 % par rapport à décembre 2023, mais se situent toujours à 10 % au-dessus des niveaux prépandémiques en 2019, selon Statistique Canada.
John Gradek, directeur du programme de gestion de l'aviation à l'Université McGill, a déclaré que la baisse de janvier coïncide avec les tendances saisonnières en matière de voyages — janvier représente généralement un ralentissement pour l'industrie, car la demande de voyages de vacances cède la place aux habitudes d'après-vacances. Non seulement cette baisse devrait être temporaire, mais elle conclut une année de tarifs aériens bas et c'est probablement la dernière fois que nous verrons les prix baisser au Canada pendant un certain temps.
«À l'avenir, lorsque nous regarderons l'indice des prix à la consommation pour mars, avril et mai, la composante transport aérien de l'indice montrera une tendance inverse et nous verrons les tarifs remonter», a déclaré M. Gradek lors d'un entretien téléphonique avec CTVNews.ca vendredi.
«On constate, même aujourd'hui, une augmentation significative des niveaux de prix à travers le Canada.»
La concurrence est essentielle
La concurrence entre les compagnies aériennes a été un facteur majeur de la baisse des tarifs aériens tout au long de l'année 2023 et au début de l'année 2024, a déclaré M. Gradek.
L'année dernière a été une aubaine pour les vols commerciaux dans les deux pays, les voyageurs ayant rattrapé le temps perdu pendant la pandémie. Selon le rapport Global Business Travel Air Monitor 2024 d'American Express, les Canadiens ont effectué plus de 10 millions de voyages à l'étranger entre janvier et avril 2023, soit une augmentation de 7 % par rapport à la même période en 2019. Dans le même temps, l'inflation et l'augmentation du coût de la vie ont menacé de mettre fin à la lune de miel, les voyageurs potentiels se serrant la ceinture.
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Dans les deux pays, les transporteurs à bas coûts ont rivalisé entre eux et avec les compagnies aériennes plus importantes et mieux établies pour obtenir une part du marché, en proposant des tarifs attractifs et en forçant leurs concurrents à faire de même. Aux États-Unis, ces compagnies comprennent des transporteurs à bas prix comme Frontier, Spirit et Allegiant.
«Aux États-Unis, des compagnies comme Frontier, Spirit et Allegiant adoptent une attitude concurrentielle très agressive», explique M. Gradek. «Ils sont conscients que l'économie s'est ralentie et que les gens ont moins de revenus disponibles... Ils sont donc très agressifs sur le marché en proposant des prix qui attirent les gens qui ont moins de revenus disponibles.»
De même, les compagnies aériennes à bas prix Flair et Lynx ont rivalisé en 2023 pour devenir les transporteurs les moins chers du Canada, a déclaré M. Gradek, et les tarifs aériens ont chuté de manière significative lorsqu'Air Canada et WestJet ont essayé de les égaler.
Cependant, moins de deux ans après son vol inaugural, Lynx Air, basée à Calgary, s'est placée sous la protection de la loi sur les créanciers et a cessé ses activités le mois dernier, citant «les pressions financières croissantes associées à l'inflation, au coût du carburant, aux taux de change, au coût du capital, aux coûts réglementaires et à la tension concurrentielle sur le marché canadien».
Depuis lors, les tarifs aériens ont commencé à augmenter.
Des marchés «totalement différents»
Même si Lynx n'avait pas fermé le mois dernier, M. Gradek et Ken Whitehurst, directeur exécutif du Conseil des consommateurs du Canada, soulignent tous deux que la concurrence ne peut faire baisser les tarifs aériens que dans une certaine mesure.
En réalité, certaines particularités du marché canadien maintiendront toujours les tarifs aériens plus élevés qu'aux États-Unis.
«Les marchés aériens canadien et américain sont totalement différents», a déclaré M. Whitehurst lors d'un entretien téléphonique avec CTVNews.ca vendredi. Ces différences, a-t-il dit, rendent difficile toute comparaison entre les deux.
«Les États-Unis ont tout simplement plus de transporteurs, tandis que le Canada en a beaucoup moins, et encore moins qui veuillent voler partout au Canada. Il s'agit donc d'un défi historique, en particulier si le pays veut avoir son propre secteur aérien.»
Outre le fait qu'il s'agit d'un marché plus petit, avec moins de transporteurs parmi lesquels choisir, la taille du Canada rend les voyages aériens plus coûteux, étant donné la grande distance qui sépare les principales villes canadiennes. En raison de sa taille, comme l'a souligné M. Whitehurst, les petits transporteurs ont tendance à préférer offrir des liaisons régionales plutôt que des liaisons transnationales.
«Le Canada possède également moins d'infrastructures de transport aérien que les États-Unis, ainsi que des structures de redevances et de taxes aéroportuaires différentes», a expliqué M. Gradek
«Voler au Canada coûte cher. Cela ne fait aucun doute.»
«Je recommanderais aux Canadiens d'éviter de faire une comparaison directe entre le Canada et les États-Unis. Faites vos achats au Canada, comparez les différents tarifs, méfiez-vous des frais cachés pour les bagages et les taxes, mais surtout, profitez de votre voyage au Canada. Nous avons encore un très bon système en place et les tarifs sont encore raisonnables.»
Néanmoins, M. Whitehurst a déclaré que les consommateurs canadiens bénéficieraient d'une plus grande transparence en matière de tarification, ce qui, selon lui, a été mis de côté lorsque le Canada a déréglementé le secteur il y a plus de 40 ans.
«La question de savoir si les consommateurs bénéficient de la meilleure offre possible est toujours d'actualité», a-t-il déclaré.
«Nous ne le savons pas parce que nous n'avons tout simplement plus le niveau de réglementation qui nous permet d'avoir une idée des coûts des compagnies aériennes.»
En revanche, lorsqu'il s'agit de gaz naturel et d'électricité, le public a accès à une ventilation des coûts des compagnies afin de mieux comprendre la base de leurs tarifs. Ce n'est pas le cas pour l'aviation au Canada.
«Le consommateur canadien devrait être beaucoup plus convaincu qu'il bénéficie d'une valeur équitable et d'un bon service», a déclaré M. Whitehurst. .