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Il n'est pas exclu que d'autres journées de grève aient lieu si les négociations ne progressent pas.
C’est finalement ce jeudi qu’a lieu la journée de grève nationale dans plus d’une vingtaine d’hôtels québécois dont les employés sont syndiqués à la CSN.
En tout, ce sont quelque 2600 employés de 23 hôtels qui participent à ce débrayage d’une journée. La CSN compte en tout quelque 3500 membres dans une trentaine d’hôtels, mais seulement ceux des 23 hôtels qui débrayent en sont à l’étape où la loi leur permet d’exercer leur droit de grève.
Les hôtels touchés sont situés dans le Grand Montréal, la région de Québec et celle de Sherbrooke.
Jeudi, le responsable du tourisme à la CSN et trésorier de la Fédération du commerce, Michel Valiquette, n'a pas exclu que d'autres journées de débrayage aient lieu. «S’ils n’ont pas compris le message aujourd’hui, ben on va faire une autre grève et on va se revoir encore!», a-t-il lancé aux près de 500 grévistes réunis au centre-ville de Montréal.
Il a reconnu que les syndicats souhaitaient justement profiter du rapport de force dont ils bénéficiaient lors de la saison estivale pour se faire entendre.
En point de presse, M. Valiquette a également mentionné que les employés du secteur hôtelier ayant participé à la relance économique du milieu après la pandémie, ils avaient maintenant droit à leur part du gâteau. Selon lui, ces travailleurs se sont appauvris au cours des dernières années tandis que les hôtels ont augmenté leurs tarifs au-delà de l'indice des prix à la consommation.
Le trésorier de la CSN, Yvan Duceppe, a également exigé un meilleur partage des revenus au sein du secteur hôtelier.
M. Duceppe a par la bande louangé le travail des employés des hôtels, à qui il a en partie attribué le mérite de l'achalandage des hôtels. «Si on est prêts à payer ces tarifs [...] C'est parce que quand on va dans une chambre, elle est propre, belle, bien entretenue. Parce qu'on a des bons repas, du bon service. C'est pour ça qu'on est prêts à payer, pas à cause des patrons, c'est à cause du monde comme vous», a-t-il poursuivi.
Le partage recherché n’est pas anodin. Les syndiqués réclament 36 % d’augmentation sur quatre ans, soit 15 % la première année et 7 % pour chacune des trois suivantes. Leur argumentaire repose sur le fait que les augmentations totalisant 8 % reçues au cours des quatre dernières années ont provoqué un appauvrissement, l’inflation dépassant ce pourcentage durant la seule année 2022.
Le trésorier de la CSN a lui aussi brandi la menace d'effectuer d'autres journées de grève en l'absence d'une collaboration accrue du patronat.
«C'est "business as usual". Les clients entrent et sortent, les gestionnaires ont pris la gestion de chacun des hôtels. À ce niveau-là, ça va très bien et les clients semblent être satisfaits», a affirmé le directeur général de l’Association hôtelière du Grand Montréal, Éric Hamel, face aux moyens de pression, bien qu’il soit impossible que les cadres d’un grand hôtel comptant des centaines d’employés accomplissent le même travail que ceux-ci en leur absence.
En fait, sachant que la grève d’un jour s’en venait, certains établissements avaient même réduit leur inventaire, précise-t-il: «Comme c'était annoncé depuis une semaine, nos hôteliers ont commencé à se préparer aussi pour être capables de livrer le service. Certains hôtels ont limité leurs disponibilités entre 80 % et 85 % de leur inventaire. Mais aujourd'hui, toutes les chambres qui étaient disponibles dans nos hôtels sont occupées. C’est quand même une très bonne, une très grosse période pour nos hôteliers.»
Concernant les demandes salariales des employés, Éric Hamel rétorque sans avancer de chiffres qu’il faut plutôt calculer le total des augmentations sur les huit dernières années: «Quand on regarde les huit dernières années, le taux d'inflation versus les augmentations salariales offertes par nos hôteliers, les augmentations salariales sur huit ans couvrent amplement l'inflation que nos employés ont (subi)», soutient-il, reprochant au syndicat de cibler la période de quatre ans plutôt que huit parce qu’elle avantage ses demandes.
Le 28 juillet dernier, un millier d’employés des prestigieux hôtels Reine Elizabeth, Marriott Château Champlain et Bonaventure à Montréal avaient déclenché une grève surprise d’une durée de 24 heures, à laquelle deux des trois établissements avaient répliqué par un lock-out jusqu’au lendemain matin.
Il s’agissait à ce moment du troisième débrayage de la 11e ronde de négociation coordonnée de l'hôtellerie CSN dont les représentants promettaient un débrayage commun de l'ensemble des hôtels ayant obtenu le droit de grève «quelque part au début du mois d'août».
Puis, jeudi dernier, le 1er août, une quatrième grève surprise était déclenchée par quelque 400 autres travailleurs des hôtels Gouverneur Place Dupuis et Hilton DoubleTree, à Montréal toujours, qui sortaient à leur tour dans la rue, pancartes en main.
Les travailleurs demandent notamment une hausse salariale de 36 % sur quatre ans. Leur syndicat fait valoir qu’ils ont eu des augmentations totalisant 8 % au cours des quatre dernières années, soit bien en deçà de l’inflation, qui a dépassé ce taux pour la seule année 2022.
Ils réclament également trois semaines de vacances dès la première année de service, pour attirer de la nouvelle main-d'œuvre, une contribution de l’employeur au régime d'assurance collective et un meilleur encadrement de la formation pour la relève.