Les électeurs suisses ont rejeté dimanche de manière décisive une proposition visant à obliger les femmes à effectuer un service national dans l'armée, les équipes de protection civile ou sous d'autres formes, comme tous les hommes doivent déjà le faire.
Ils ont aussi rejeté massivement une nouvelle taxe sur les successions.
Selon des résultats, tous les cantons suisses se sont prononcés par une très forte majorité contre les deux mesures. En milieu d'après-midi, la question sur l'initiative populaire sur le service citoyen récoltait 84,15 % de non. Celle portant sur une nouvelle taxe de succession dite «Pour une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement» obtenait un vote négatif à 78,28 %.
La mesure fiscale proposait d'imposer une nouvelle taxe nationale sur les dons individuels ou les héritages supérieurs à 50 millions de francs (près de 87 millions $ CAN), dont les recettes auraient été utilisées pour lutter contre les effets du changement climatique et aider la Suisse à atteindre son objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2050.
Les partisans du projet de service national espéraient qu'il renforcerait la cohésion sociale en créant des emplois dans des domaines tels que la prévention environnementale, la sécurité alimentaire et les soins aux personnes âgées.
Mais les législateurs s'y sont opposés, principalement pour des raisons de coût et par crainte que cela ne nuise à l'économie en retirant de nombreux jeunes du marché du travail.
La proposition de service national est arrivée à un moment où d'autres pays européens cherchent des moyens de renforcer leurs forces armées face aux inquiétudes croissantes concernant la menace potentielle que représente la Russie au-delà de la guerre en Ukraine.
En Suisse, pays neutre, les jeunes hommes sont déjà tenus d'effectuer leur service militaire ou de rejoindre les équipes de protection civile. Les objecteurs de conscience peuvent effectuer d'autres types de service, et ceux qui choisissent de ne pas participer du tout doivent payer une taxe d'exemption. Chaque année, environ 35 000 hommes participent au service obligatoire.
L'initiative rejetée aurait obligé tous les citoyens suisses à effectuer un service national — les femmes peuvent actuellement le faire sur une base volontaire — et aurait appliqué le concept de sécurité nationale à des domaines autres que le service militaire ou la protection civile.
Ses partisans ont mis en avant «les glissements de terrain dans les montagnes, les inondations dans les plaines, les cyberattaques, les risques de pénurie d'énergie ou de guerre en Europe» et ont déclaré que leur projet permettrait à chacun de prendre ses responsabilités pour «une Suisse plus forte, capable de faire face aux crises».
Le gouvernement a rétorqué que l'armée et la défense civile disposaient de suffisamment de personnel et qu'il ne fallait pas recruter plus de personnes que nécessaire.
Si le service militaire obligatoire pour les femmes pouvait être considéré comme «un pas vers l'égalité des sexes», a-t-il ajouté, cette idée «imposerait une charge supplémentaire à de nombreuses femmes, qui assument déjà une grande partie du travail non rémunéré consistant à élever et à s'occuper des enfants et des proches, ainsi que des tâches ménagères».
Le gouvernement s'est également opposé à la proposition d'une nouvelle taxe, arguant que son adoption pourrait inciter certaines des personnes les plus riches de Suisse – environ 2500 personnes – à s'installer ailleurs. Les sommes supérieures à 50 millions de francs auraient pu être imposées à un taux de 50 %.
La Suisse organise quatre référendums nationaux par an, permettant aux électeurs de s'exprimer directement sur les décisions politiques.
