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À l’approche du scrutin du 28 avril, se multiplient sur les réseaux sociaux les messages conspirationnistes visant le chef du parti libéral.
L’expérience d’économiste du premier ministre canadien Mark Carney est son principal argument dans la campagne électorale, qui se déroule en pleine guerre commerciale. Mais ses liens avec le monde de la finance en font également une cible de choix pour les théories du complot.
À l’approche du scrutin du 28 avril, se multiplient sur les réseaux sociaux les messages conspirationnistes visant le chef du parti libéral, qui a remplacé mi-mars Justin Trudeau comme chef de gouvernement.
«Il est évidemment la personne idéale pour être ciblée, en raison de ses antécédents et de son travail dans le domaine financier», estime Ahmed Al-Rawi, professeur de communication à l’université canadienne Simon Fraser.
Toute la carrière de cet homme de 60 ans s’est faite loin de la politique et plutôt dans des capitales financières mondiales: il était banquier d’affaires chez Goldman Sachs, avant de diriger la Banque du Canada et la Banque d’Angleterre.
Or faire partie de l’élite financière mondiale est perçu comme un signal d’alarme pour la droite, expliquent les chercheurs.
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Le sentiment anti-establishment est présent à gauche, mais Ahmed Al-Rawi note que les personnes qui veulent associer Mark Carney à ces élites présentées comme néfastes sont «principalement des acteurs et des agitateurs d’extrême droite».
Ses liens avec le monde de la finance sont aussi un angle d’attaque pour ses principaux opposants pour les législatives. Le chef du parti conservateur, Pierre Poilievre, l’a décrit en janvier comme «la voix de l’élite des milliardaires mondialistes qui a appauvri la classe ouvrière dans le monde entier».
Sur les réseaux sociaux, les attaques se focalisent particulièrement sur les liens supposés avec Jeffrey Epstein, financier américain, accusé de trafic sexuel de mineures et mort en prison en 2019. Le tout avec des photos fabriquées à l’appui.
De nombreux messages relayent une photo prise lors d’un festival en Grande-Bretagne, montrant Mark Carney et sa femme, Diana Fox Carney, à côté de Ghislaine Maxwell, compagne et complice de Jeffrey Epstein.
Cette photo de 2013 est authentique. Mais dans la foulée, de nombreuses images générées par l’intelligence artificielle ont été partagées pour souligner un prétendu lien entre M. Carney et M. Epstein. L’AFP n’a trouvé qu’aucune photo authentique rassemblant les deux hommes.
Selon un porte-parole de la campagne du premier ministre canadien, les publications évoquant un lien entre les deux hommes ou avec Ghislaine Maxwell sont «fausses» et correspondent à de la «désinformation». Cette dernière «est allée à l’école avec la soeur de l’épouse de Mark Carney», a expliqué le porte-parole. «Bien qu’ils aient pu se croiser dans des lieux publics, ils ne sont pas amis.»
Mais selon les experts, la diffusion de ces affirmations semble principalement circuler au sein de groupes déjà critiques à l’égard du Parti libéral de M. Carney.
Pour Carmen Celestini, autrice d’un livre sur l’extrême droite canadienne et les théories du complot, beaucoup des attaques sont calquées sur celles qui visaient l’ex-Premier ministre Justin Trudeau qui, devenu très impopulaire, a démissionné.
«Ils ont vu que cela a eu beaucoup de succès et que cela a fini par nuire à Justin Trudeau», explique cette professeure à l’université de Waterloo. «Depuis la crise des camionneurs au Canada à l’hiver 2022», qui s’opposaient aux mesures sanitaires pendant la pandémie de Covid-19, «ils savent que cela a un impact».
Anatoliy Gruzd, directeur de recherche au Social Media Lab de l’Université de Toronto, explique que les images, même fabriquées, ont un fort impact sur les personnes enclines à croire aux conspirations.
«Cela suffit pour semer le doute».