Un nouveau rapport montre que les restaurants sont sous pression, car les consommateurs délaissent les repas à l’extérieur de leur domicile, tandis que la hausse des coûts d’exploitation réduit les marges bénéficiaires.
Un rapport publié lundi par Restaurants Canada révèle que trois Canadiens sur quatre mangent moins au restaurant, souvent en raison du coût élevé de la vie. Cette proportion est encore plus grande chez les 18 à 34 ans, soit 81 %.
Kelly Higginson, présidente et directrice générale de Restaurants Canada, affirme qu’il s’agit d’une tendance «alarmante» pour le secteur de la restauration.
Elle indique que la jeune génération en particulier est «celle que nous allons vraiment cibler de plus en plus, car elle commence à devenir le principal consommateur démographiquement».
Le rapport révèle que les jeunes Canadiens accordent plus d’importance au prix, à la valeur et à la commodité que leurs aînés.
Les dépenses dans les restaurants ont ralenti par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.
Par personne, les Canadiens devraient dépenser 1035 $ dans les restaurants à service complet et 1135 $ dans les restaurants à service rapide cette année. En 2019, ils dépensaient respectivement 1165 $ et 1150 $.
Avec la baisse de fréquentation des restaurants, les ventes d’alcool ont également ralenti en raison de la hausse des prix des menus et d’une tendance des consommateurs à privilégier le bien-être, selon le rapport.
Quelque 41 % des Canadiens interrogés indiquent que leur consommation d’alcool avait diminué au cours de la dernière année.
«Avec la baisse de la consommation d’alcool, voire son absence, nos exploitants ont encore plus de mal à se concentrer sur les repas économiques dont les Canadiens ont besoin en ce moment, tout en réalisant des profits», soutient Mme Higginson.
Les ventes du secteur de la restauration devraient atteindre 124 milliards $ cette année. Cependant, après rectification pour l’inflation, la croissance restera relativement faible.
Alors que les consommateurs réduisent leurs dépenses, les entreprises doivent également faire face à une hausse de leurs dépenses opérationnelles. Le coût des aliments, de la main-d’œuvre, des assurances et des services publics, entre autres, a connu une croissance à deux chiffres entre 2023 et 2025, selon le rapport.
Le rapport indique que 41 % des restaurants fonctionnaient à perte ou atteignaient le seuil de rentabilité en juin 2025.
«Ces cinq dernières années, nos exploitants ont été soumis à une véritable pression pour maintenir leur rentabilité et maintenir leur activité, continuer à recruter et à servir les communautés où ils sont implantés», explique Mme Higginson.
Pénurie de main-d’œuvre
Avec le ralentissement de la croissance démographique, le secteur est confronté à une pénurie de main-d’œuvre. Selon Mme Higginson, les restaurants des zones rurales et isolées subiront les conséquences les plus graves.
Elle ajoute que les postes clés, comme cuisinier ou boulanger matinal, sont plus difficiles à pourvoir en zone rurale, ce qui affecte les activités des restaurants.
De nombreux restaurants tentent de s’adapter à ce contexte économique difficile en modifiant leurs menus pour réduire le gaspillage et en réduisant leurs horaires d’ouverture les jours de faible activité afin de réduire les coûts.
Certains établissements proposent désormais des brunchs plutôt que des dîners, car la demande pour le déjeuner a augmenté, constate Mme Higginson.
«En raison du manque de dépenses discrétionnaires, les Canadiens augmentent leurs dépenses pour le déjeuner et diminuent celles pour le dîner, qui a tendance à être un peu plus cher», souligne-t-elle.
Les ventes à l’heure du dîner dans la restauration rapide ont augmenté de 7,6 % au cours des cinq premiers mois de 2025, dépassant les niveaux d’avant la pandémie, ce qui reflète le retour au travail et une orientation vers la valeur.
«Cela a un impact réel sur nos exploitants, car le dîner était autrefois une dépense un peu plus rentable pour eux, explique Mme Higginson. Maintenant, ils réalisent moins de profits sur ces deux segments, le déjeuner et le dîner.»
On observe également une évolution dans l’industrie pour capter la tendance des collations, en particulier dans la restauration rapide.
L’achalandage pour les collations du souper et du soir a augmenté respectivement de 3,4 % et de 4,0 %.
Le rapport révèle que les collations comme substituts de repas sont plus répandues chez les jeunes générations.
Selon Mme Higginson, le segment des collations représente une occasion pour l’industrie.
«Il est vraiment temps de procéder à un redémarrage en douceur et de déterminer où nous pouvons rencontrer nos consommateurs là où ils se trouvent», conclut-elle.
