Économie

Épargnez-vous assez? Les Québécois sont champions, selon Desjardins

«On dirait qu’il y a des bonnes habitudes qui se sont prises pendant la pandémie et qui sont demeurées.»

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Les Québécois champions de l’épargne: le montant est-il suffisant? Les Québécois champions de l’épargne: le montant est-il suffisant? Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior pour IA Groupe financier.

Selon une récente étude de Desjardins, publiée en juillet dernier, le Québec figure dans le top 3 des provinces qui affichent actuellement les plus hauts taux d’épargne des ménages au Canada avec l’Alberta et la Saskatchewan. Êtes-vous, comme d'autres Québécois, un champion de l'épargne?

Le rapport de Desjardins indique que le taux d’épargne des ménages de ces trois provinces devrait approcher les 10% en 2024 – 9,9 % pour le Québec –, «un niveau qui n’avait pas été observé depuis la récession du début des années 1990 – exception faite de la pandémie».

Pour l'expert Sébastien Mc Mahon, ces données sont surprenantes, mais renferment «une bonne nouvelle». «Entre économistes, on s’en parle souvent; pourquoi exactement au Québec on épargne plus qu’ailleurs, ce n’est pas clair, on dirait qu’il y a des bonnes habitudes qui se sont prises pendant la pandémie et qui sont demeurées pour les ménages Québécois», a-t-il réfléchi le stratège en chef et économiste sénior pour IA Groupe financier en entrevue aved Noovo Info, mardi.

Mais peut importe la raison, «ça fait des ménages plus résilients, c’est une bonne chose», dit M. Mc Mahon.

Selon Desjardins, le revenu disponible moyen des ménages du Québec était légèrement inférieur à 84 000$ en 2024, un revenu moindre que celui des autres provinces du Canada – sauf le Nouveau-Brunswick qui est comparable).

Comment les Québécois font-ils?

Alors la question reste: pourquoi le Québec est-il en tête de liste des champions de l’épargne, dans ce cas?

Plusieurs facteurs doivent-être pris en compte, dont les dépenses des ménages – qui seraient plus faibles au Québec qu’ailleurs au Canada, notamment pour le logement.

Un autre facteur important: notre démographie. «La population relativement âgée, mais économiquement active se concentre à l’étape de la vie où l’épargne atteint généralement un sommet», indique Desjardins dans son étude économique.

Une donnée qu’approuve Sébastien Mc Mahon.

«Quand on est dans la quarantaine ou la cinquantaine, on épargne plus qu’un quand on est plus tôt dans notre vie – avec les enfants, l’achat d’une maison, etc, - et quand on est plus vieux que ça, qu’on arrive à la retraite, on fait de la désépargne», explique-t-il.

10% d’épargne, est-ce réaliste?

M. Mc Mahon se veut aussi rassurant, il est tout à fait normal de ne pas se reconnaître dans un chiffre d’épargne à 10%.

«Peut-être que vous n’êtes pas dans le bon groupe d’âge et il ne faut pas oublier que les riches sont capables d’épargner beaucoup et des données canadiennes le montrent que ce sont surtout les riches qui épargnes, la classe moyenne épargne moins», souligne-t-il.

Combien dois-je épargner?

Si mettre de côté 10% de votre salaire annuellement semble être irréaliste – c’est le cas de plusieurs, soyez sans crainte – sachez qu’il y a tout de même un montant idéal à avoir.

«Dans un monde idéal, chaque personne, chaque ménage, devrait avoir devant eux environ de trois à six mois de dépenses mensuelles courantes», estime Sébastien Mc Mahon.

Pour les travailleurs autonomes ou les travailleurs saisonniers le montant idéal serait de six mois dépenses mensuelles en épargne.

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M. Mc Mahon est toutefois clair, l’épargne ne doit pas devenir une obsession.

«C’est un bel idéal. Si vous faisiez un sondage au Québec et au Canada, probablement qu’il n’y a pas beaucoup de ménages qui ont de trois à six mois d’épargne devant eux. L’épargne c’est une habitude de vie. C’est vous êtes capables d’épargner sur une base régulière, vous êtes sur la bonne voie», souligne Sébastien Mc Mahon.

Trucs et astuces pour épargner

Lorsqu’il est question d’épargne, chaque dollar compte, que vous puissiez mettre 5$ par semaine de côté ou 50$ ou 100$. Commencer à épargner tôt, est encore mieux.

«Avec une bonne habitude d’épargne, à long terme, les intérêts composés sont une force de la nature très puissante. L’argent que vous avez épargné va s’accumuler à un rythme exponentiel avec le temps», explique M. Mc Mahon.

«C’est mieux d’épargner un petit peu pendant longtemps que de ne pas épargner du tout et après penser qu’on va pouvoir rattraper ça à 55 ans», estime l’économiste.

Pour bien économiser, il faut budgéter son épargne, suggère Sébastien Mc Mahon.

«De vivre idéalement en dessous de ces moyens à long terme c’est payant», conseille aussi M. Mc Mahon qui suggère également d’investir en bourse si notre profil d’investisseur s’y prête et de mettre sur pied un plan avec un conseiller financier.

«Avec une formule comme ça, vous ne pouvez pas manquer votre coup», conclut Sébastien Mc Mahon.