Certaines entreprises canadiennes affirment que l'intérêt pour les produits «Elbows up» diminue à l'approche du Jour du Canada, après un engouement fort plus tôt cette année.
Des propriétaires d'entreprise estiment que le cri de ralliement contre les tarifs douaniers et les menaces d'annexion du président américain Donald Trump s'est transformé en une expression plus générique de la fierté canadienne dans un contexte de tensions persistantes.
D'autres affirment que l'expression «Elbows up» est de plus en plus utilisée dans un contexte partisan, ce qui contribue à ce changement de stratégie commercial.
Lorsque Rachael Coe a décidé de lancer une gamme de produits «Elbows up» dans son magasin de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, en mars, elle a déclaré que ce fut un succès immédiat.
En une semaine, Mme Coe déclarait que sa boutique Timeless Memories avait déjà réalisé 400 ventes. À la fin du premier mois, elle avait vendu 2500 produits, allant des t-shirts aux cotons ouatés en passant par les autocollants pour voiture.
La demande était si forte que Mme Coe a lancé un site web pour répondre à la demande.
«La réponse est venue de partout au Canada, a-t-elle déclaré. Nous avons atteint chaque province, puis nous avons commencé à couvrir le monde entier. Nos produits "Elbows up" ont fait le tour du monde.»
Mais les ventes de Mme Coe ont commencé à ralentir en mai. Malgré une légère hausse à l'approche de la fête du Canada, elle a déclaré que la gamme «Elbows up» se vend désormais à des taux similaires à ceux des produits classiques rouge et blanc qu'elle vend chaque année à cette période.
Bien que les commerçants affirment vendre davantage de produits à thème canadien cette année, à l'approche du 1er juillet, plusieurs ont également constaté une baisse des ventes de produits «Elbows up».
Stephanie Tomlin, propriétaire torontoise de l'entreprise en ligne Shop Love Collective, a constaté une explosion des ventes en mars, avec jusqu'à 10 ou 15 produits vendus par jour. En mai, ses ventes ont elles aussi commencé à stagner.
À l'approche de la fête du Canada, elle affirme vendre «beaucoup plus» de produits par rapport aux années précédentes grâce à l'intérêt général pour les produits à thème canadien, plutôt que du mouvement «Elbows up».
«Le climat au Canada est un peu plus stable après les élections et que (…) nous avons le sentiment que nous ne serons jamais le 51e État», a expliqué Mme Tomlin, notant que le patriotisme canadien devient moins combatif avec l'arrêt des négociations sur l'annexion.
«Plus partisan qu'avant»
Howard Ramos, professeur de sociologie à l'Université Western, a déclaré que «Elbows up» est devenu «plus partisan qu'avant» lorsque le premier ministre Mark Carney a repris cette expression dans ses publicités de campagne électorale à la fin mars.
«Cela ne fait qu'accentuer le déclin de l'expression comme revendication pancanadienne, a-t-il déclaré. On voit maintenant sur les réseaux sociaux, notamment sur les comptes conservateurs, l'utilisation de "Elbows up" de manière sarcastique pour critiquer Mark Carney ou les politiques libérales.»
Les commentaires négatifs en ligne sur le mouvement «Elbows up» ont découragé Mme Coe de faire la promotion de ses produits sur Facebook. Lorsqu'elle interagit avec les clients dans sa boutique de Yarmouth, elle affirme que l'expression ne crée pas autant de divisions.
«Ce n'est pas un terme politique, cela signifie simplement que vous défendez votre pays, et que tout le monde devrait défendre notre pays, comme on défendrait un but au hockey», a soutenu Mme Coe.
Danielle McDonagh, propriétaire de Rowantree Clothing, à Vernon, en Colombie-Britannique, a indiqué avoir cessé de promouvoir ses produits «Elbows up» à grande échelle lorsqu'elle a constaté que l'expression était interprétée comme un mouvement «anti-conservateur» et «anti-boomeur». Pour Mme McDonagh, l'inquiétude croissante suscitée par le climat politique aux États-Unis a également érodé la jovialité du mouvement.
«J'ai perdu une partie de ma légèreté», a-t-elle déclaré.
Bien que les ventes de ses produits «Elbows up» aient chuté d'environ 90% après avoir atteint les 1000 unités vendues le premier mois, Mme McDonagh a indiqué qu'elle continuait à promouvoir ses produits en petites quantités sur les marchés locaux de Vernon.
Les commerçants affirment que leurs clients continuent de privilégier le soutien à l'économie canadienne, car ils posent régulièrement des questions sur le lieu de fabrication de leurs produits.
L'envie d'acheter canadien ne vient pas seulement de ce côté-ci de la frontière. Mme Coe a rapporté que de nombreux touristes américains arrivant par traversier du Maine visitent sa boutique à la recherche de produits canadiens.
«Les touristes veulent nous soutenir autant que les Canadiens veulent nous soutenir», a-t-elle remarqué.
Mme McDonagh a indiqué que son entreprise suscite un intérêt similaire de la part des Américains.
«J'expédie beaucoup de marchandises canadiennes aux États-Unis, ce que j'adore, indique-t-elle. Les gens discutent avec moi sur mon site et me disent (…) on vous soutient.»

