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En entrevue avec La Presse Canadienne, le chef de l'Assemblée, Ghislain Picard, n'a pas caché sa déception face au silence des partis jusqu'ici.
Les Premières Nations cognent à la porte des partis politiques québécois, s'estimant oubliées et ignorées en marge de l'élection à venir.
L'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) a donc décidé, dans une sortie publique mardi, de s'inviter elle-même à la table pour ajouter ses enjeux au buffet des partis.
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En entrevue avec La Presse Canadienne, le chef de l'Assemblée, Ghislain Picard, n'a pas caché sa déception face au silence des partis jusqu'ici.
«C'est important de faire ce rappel parce que, en partie, on se fie un peu sur les quatre dernières années avec un gouvernement sortant qui a promis plein de belles choses», un bilan sur lequel il reviendra à plusieurs reprises au cours de l'entretien. Au premier chef, il déplore que celui-ci ait participé à l'adoption unanime d'une résolution en octobre 2019 pour négocier la déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones «alors que depuis 2019, on n'a pas avancé d'un millimètre là-dessus».
«C'est important pour nous de relever un peu le plateau et dire que la relation politique, finalement, est en faillite.»
Il prend en exemple les déplacements du ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, qui témoignent d'une approche à la pièce. «C'est facile comme ministre des Affaires autochtones de se promener un peu partout au Québec, d'ouvrir son portefeuille, de donner des subventions, mais sur les enjeux fondamentaux, j'essaie de voir le résultat et je n'y parviens pas.»
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Ces enjeux fondamentaux sont nombreux et faciles à identifier, poursuit-il. Il pointe du doigt entre autres la décision de Québec de contester la loi fédérale C-92, qui donne aux communautés autochtones la capacité de développer leurs propres lois en matière de services à l'enfance. «La Cour d'appel nous a donné raison en partie, et Québec conteste ça devant la Cour suprême», déplore-t-il.
«Ce que ça me dit, c'est que le Québec veut vraiment limiter notre capacité d'agir comme gouvernements.»
Un autre exemple est la tentative d'obtenir des amendements au projet de loi 15 qui a réformé la loi sur la protection de la jeunesse.
«Tout ce qu'on a rencontré, c'est une porte fermée. On n'a pas eu ce qu'on aurait souhaité et on a participé à l'exercice de bonne foi.»
«À un moment donné, tu ne sais plus quoi faire», laisse-t-il tomber avec dépit.
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Et la liste s'allonge. Sur la question de la sécurisation culturelle: «Combien de Joyce Echaquan faudra-t-il avant que ce geste-là soit posé pour que le système de santé puisse être beaucoup plus respectueux à l'endroit de la clientèle autochtone?»
Sur la question des territoires et des ressources: «Y a-t-il moyen aujourd'hui d'engager le Québec dans un dialogue qui verra le territoire et les ressources être également bénéfiques aux Premières Nations? Est-ce qu'il y a un principe sur lequel on est capables de convenir pour que le partage de la richesse inclue également les membres de nos communautés?»
Selon Ghislain Picard, la relation politique entre les gouvernements des Premières Nations et le gouvernement du Québec «a grand besoin d'inspiration». Comme point de départ prioritaire, l'APNQL demande aux partis de s'engager à tenir une commission parlementaire spéciale «afin de créer l'espace pour un véritable dialogue entre les élus du Québec et ceux des Premières Nations».
Le chef Picard fait sa propre promesse électorale, soit d'être présent et de surveiller de près la campagne «pour s'assurer que les priorités des Premières Nations aient la place qu'elles méritent dans l'espace public».
L'APNQL ne sera pas seule à surveiller les partis, puisque près d'une dizaine de candidates et candidats autochtones le feront de l'intérieur également, du jamais vu dans une élection québécoise. «Je voudrais souligner et saluer le courage des candidats de nos Nations. Leur courage sera nécessaire pour un Québec qui réagit bien aux drames mais qui échoue lorsqu'il s'agit de proposer des mesures pour apporter des solutions durables.»