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«Les piliers de la paix et du progrès s'effondrent», avertit le chef de l'ONU

«Nous sommes entrés dans une ère de perturbations inconsidérées et de souffrances humaines incessantes.»

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ee63e8f9e5d449b9f494c1dceacfa19571b62f4f5f646b362b0df1ca57997ed3.jpg Le chef de l'ONU a appelé mardi les dirigeants mondiaux à choisir un avenir où l'État de droit triomphera de la force brute et où les nations s'uniront plutôt que de se battre pour leurs intérêts personnels. Le secrétaire général Antonio Guterres s'adresse à la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le mardi 23 septembre 2025, au siège de l'ONU. (AP Photo)

Alors que la paix et le progrès dans le monde sont menacés, le chef de l'ONU a appelé mardi les dirigeants mondiaux à choisir un avenir où l'État de droit triomphera de la force brute et où les nations s'uniront plutôt que de se battre pour leurs intérêts personnels.

Le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a rappelé que les fondateurs de l'organisation avaient été confrontés aux mêmes questions il y a 80 ans. Cependant, il a souligné devant les dirigeants mondiaux présents mardi, lors de l'ouverture de l'Assemblée générale, que le choix entre la paix et la guerre, le droit et l'anarchie, la coopération et le conflit, est «plus urgent, plus étroitement lié, plus impitoyable».

«Nous sommes entrés dans une ère de perturbations inconsidérées et de souffrances humaines incessantes. Les piliers de la paix et du progrès s'effondrent sous le poids de l'impunité, des inégalités et de l'indifférence.»
-Antonio Guterres, dans son discours annuel sur «l'état du monde»

Malgré tous les défis internes et externes auxquels l'ONU est confrontée, lui-même et la présidente de l'Assemblée générale, Annalena Baerbock, ont imploré ses membres de ne pas baisser les bras. «Si nous cessons de faire ce qui est juste, le mal triomphera», a déclaré Mme Baerbock dans son discours d'ouverture.

M. Guterres a soutenu que la première obligation des dirigeants est de choisir la paix et, sans nommer aucun pays, il a exhorté toutes les parties, y compris celles présentes à l'Assemblée, à cesser de soutenir les belligérants soudanais.

Il n'a pas non plus nommé Israël, mais a tenu des propos très fermes contre ses actions dans la bande de Gaza, affirmant que l'ampleur des morts et des destructions est la pire depuis près de neuf ans qu'il est secrétaire général, et que «rien ne peut justifier la punition collective du peuple palestinien». 

Bien qu'Antonio Guterres ait déclaré à plusieurs reprises que seul un tribunal pouvait déterminer si Israël avait commis un génocide à Gaza, il a cité nommément l'affaire portée par l'Afrique du Sud devant la plus haute juridiction de l'ONU et a insisté sur ses mesures provisoires juridiquement contraignantes, visant avant tout à protéger les civils palestiniens.

Depuis que la Cour internationale de Justice a rendu cet arrêt en janvier 2024, a avancé M. Guterres, les massacres se sont intensifiés et l'état de famine a été déclaré dans certaines parties de la bande de Gaza. Il a ajouté que les mesures de la Cour «doivent être mises en œuvre pleinement et immédiatement».

Invectives de Trump

L'ONU est également confrontée à des coupes budgétaires, les États-Unis et d'autres pays ayant réduit leurs financements ou n'ayant pas encore versé leurs contributions. Le secrétaire général a averti que les réductions de l'aide «font des ravages», les qualifiant de «condamnation à mort pour beaucoup».

Le président américain, Donald Trump, dans l'un des discours les plus suivis de la réunion, a lancé que l'ONU avait un «potentiel énorme», mais qu'elle était loin de l'exploiter pleinement.

«La plupart du temps, elle semble se contenter d'écrire une lettre très ferme et de ne jamais la mettre en pratique», a-t-il affirmé, décrivant l'ONU comme une institution inefficace, de ses politiques jusqu'à ses escaliers mécaniques. L'un d'eux s'est arrêté inopinément alors que la première dame Melania Trump et lui se dirigeaient vers l'Assemblée.

Le credo America First (l'Amérique d'abord, en français) de Donald Trump a toujours été en contradiction avec l'engagement de l'ONU en faveur d'une prise de décision partagée à l'échelle mondiale. 

De retour à la tribune de l'Assemblée cinq ans après son dernier discours vidéo pendant la pandémie de coronavirus, le chef de l'État américain a également vanté ses propres actions de politique étrangère et déclaré à ses pairs que «vos pays vont en enfer» à cause de «l'immigration incontrôlée».

Le conflit israélo-palestinien au cœur de l'actualité

Avec le soutien croissant du monde entier à un État palestinien, la guerre dévastatrice d'Israël dans la bande de Gaza devrait occuper le devant de la scène. Mais les multiples conflits de l'humanité, la pauvreté croissante et le réchauffement climatique seront également au cœur des débats. 

La grande semaine de réunions de l'Assemblée générale a débuté lundi avec des événements tels qu'une conférence sur le conflit israélo-palestinien. 

Mardi a marqué le coup d'envoi du «débat général» – une sorte de conglomérat de discours – au cours duquel présidents, premiers ministres, monarques et membres du gouvernement ont présenté leur point de vue annuel sur l'état du monde et de leurs propres nations.

Outre M. Trump, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, le roi Abdallah II de Jordanie, le président français, Emmanuel Macron, le président sud-coréen, Lee Jae-Myung, et le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, figuraient parmi les intervenants prévus mardi.

Le dirigeant brésilien, prenant la parole en premier, selon une tradition ancienne remontant à l'époque où le Brésil était le seul pays à se porter volontaire pour ouvrir le bal, s'est inquiété ouvertement du déclin de l'autorité de l'ONU.

«Nous assistons à la consolidation d'un ordre international bloqué par des concessions répétées aux jeux de pouvoir», a-t-il avancé. 

Les problèmes géopolitiques se complexifient

Si le thème du débat de cette année est «Mieux ensemble», les observateurs peuvent s'attendre à un aperçu des causes de la dislocation du monde.

La situation dans la bande de Gaza a déjà retenu l'attention à l'Assemblée générale. La conférence de lundi, coprésidée par la France et l'Arabie saoudite, visait à mobiliser des soutiens en faveur de l'idée, déjà ancienne, d'une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.

La quasi-totalité des pays membres de l'ONU se sont inscrits pour prendre la parole lors de ce rassemblement qui doit durer six jours. La liste des intervenants comprend à ce jour 89 chefs d'État, 43 chefs de gouvernement, 10 vice-présidents ou vice-premiers ministres et 45 ministres des Affaires étrangères et autres responsables ministériels.