Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré à l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU) que les Palestiniens de Gaza «ont été confrontés à une guerre de génocide, de destruction, de famine et de déplacement» menée par Israël.
S'exprimant par vidéoconférence après le refus des États-Unis de lui délivrer un visa, il a affirmé jeudi aux dirigeants mondiaux que son peuple rejetait l'attaque du Hamas contre Israël en 2023.
Il a également promis que le groupe militant ne jouerait aucun rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la fin de la guerre et qu'il remettrait ses armes à son administration. Mahmoud Abbas a déclaré à son peuple: «L'aube de la liberté viendra.»
Son discours est intervenu alors que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se rendait à New York pour prononcer son propre discours en personne vendredi.
Dans un discours bref, mais résolu, M. Abbas a exposé sa vision d'un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza, aux côtés d'Israël.
Cette solution à deux États a gagné en popularité après que plusieurs pays, dont de grands alliés des États-Unis, ont annoncé la semaine dernière la reconnaissance d'un État palestinien. Mais elle semble aussi plus éloignée que jamais de la réalité sur le terrain. Le gouvernement de M. Nétanyahou a rejeté la création d'un État palestinien.
Abbas affirme que son administration est «prête»
Les troupes israéliennes contrôlent la majeure partie de la bande de Gaza. Benyamin Nétanyahou affirme qu'Israël maintiendra le contrôle sécuritaire du territoire après la défaite du Hamas, et il a refusé d'y accorder un quelconque rôle à l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
Certains ministres israéliens ont plaidé pour l'annexion de la Cisjordanie occupée, où l'autorité de M. Abbas administre actuellement de petites zones de territoire.
«Il ne peut y avoir de justice si la Palestine n'est pas libérée», a clamé le dirigeant palestinien.
M. Abbas, 89 ans, n'a parlé que 20 minutes, soit moins que ses précédentes interventions, qui duraient souvent plus d'une heure. Il a cherché à s'appuyer sur la reconnaissance croissante, mais essentiellement symbolique, de l'État palestinien pour présenter son gouvernement comme une solution de rechange au Hamas et aux projets d'Israël.
Il a déclaré que l'Autorité palestinienne était «prête à assumer l'entière responsabilité de la gouvernance et de la sécurité» dans la bande de Gaza, ajoutant que «le Hamas n'aura aucun rôle à jouer dans la gouvernance» et devra remettre ses armes aux autorités palestiniennes.
Le Hamas a accepté de quitter le pouvoir dans l'enclave, mais a rejeté les exigences israéliennes de désarmement, affirmant avoir le droit de résister à l'occupation israélienne.
Le Hamas et le Fatah, la faction de Mahmoud Abbas qui domine l'Autorité palestinienne, sont rivaux de longue date. Le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007 lors d'affrontements avec le Fatah et, depuis lors, de multiples tentatives de réconciliation et d'unité ont échoué.
Parallèlement, l'Autorité palestinienne de M. Abbas est de plus en plus impopulaire auprès des Palestiniens, dont beaucoup la considèrent comme inefficace, corrompue et un instrument d'Israël, alors même qu'Israël s'efforce de réduire le rôle du Fatah.
Le chef de l'Autorité palestinienne a clamé que la campagne israélienne dans la bande de Gaza «n’est pas seulement une agression: c’est un crime de guerre et un crime contre l’humanité, documenté, surveillé, et qui restera inscrit dans les annales de l’histoire comme l’un des chapitres les plus atroces de la tragédie humaine aux XXe et XXIe siècles».
De plus en plus d'experts du monde entier accusent Israël de génocide lors de son assaut contre l'enclave. Israël nie ces accusations, imputant au Hamas la responsabilité des morts et des destructions dans le territoire.
M. Abbas a remercié les dirigeants mondiaux qui ont défendu les Palestiniens tout au long de la guerre, affirmant que la récente reconnaissance de l'État palestinien offrait à son peuple l'espoir de la paix et de la fin du conflit. Il a salué les récentes annonces de la France, du Royaume-Uni et du Canada reconnaissant l'État palestinien comme État indépendant et a appelé les quelques dizaines de pays restants à faire de même.
Mais, a-t-il ajouté, une reconnaissance symbolique ne suffit pas dans la situation actuelle.
«Le temps est venu pour la communauté internationale de bien faire vis-à-vis du peuple palestinien, afin qu'il puisse obtenir ses droits légitimes à se débarrasser de l'occupation et à ne pas rester l'otage de la politique israélienne, qui nie nos droits et perpétue son injustice, son oppression et son agression», a fait valoir Mahmoud Abbas.
Un appel à la détermination
Avant de conclure, il a adressé un message d'espoir au peuple palestinien, affirmant que, quelle que soit la durée des souffrances, «leurs conséquences ne briseront pas notre volonté de vivre et de survivre».
La campagne israélienne à Gaza a fait plus de 65 000 morts et plus de 167 000 blessés, selon le ministère de la Santé de Gaza. Celui-ci ne fait pas de distinction entre civils et combattants, mais précise que les femmes et les enfants représentent environ la moitié des victimes. Plus de 90 % des logements du territoire ont été détruits, la majeure partie de la population, qui compte plus de 2 millions d’habitants, a été déplacée et l’état de famine a été déclaré dans le nord de la bande de Gaza.
La campagne israélienne a été l'incursion en Israël par de combattants dirigés par le Hamas le 7 octobre 2023, tuant environ 1200 personnes et prenant 251 otages. Pas moins de 48 captifs sont toujours retenus dans la bande de Gaza, dont une vingtaine, selon Israël, sont encore en vie.
«L’aube de la liberté viendra, et le drapeau de la Palestine flottera haut dans nos cieux, symbole de dignité, de fermeté et de libération de l’occupation, a affirmé M. Abbas. La Palestine nous appartient. Jérusalem est notre capitale éternelle. Nous ne quitterons pas notre patrie, nos terres. Notre population demeurera enracinée, tel l’olivier, solide comme le roc.»
