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Au moment où Donald Trump s'apprête à condamner tous ceux qui oseraient remettre en question ses mensonges sur sa défaite électorale, certains républicains aimeraient bien réduire sa poigne sur leur parti.
Par Jill Colvin – The Associated Press
Par exemple, Mike Rounds, un modeste sénateur du Dakota du Sud, a osé affirmer dernièrement que l'élection avait été en réalité juste. Au lieu d'être ostracisé, il a été applaudi par des collègues républicains, notamment par le leader de son parti au Sénat, Mitch McConnell.
M. Rounds a même ajouté que son parti devrait `insister encore plus fortement' sur la vérité au sujet de l'élection de 2020.
Dans les coulisses de la capitale américaine, des dirigeants républicains tentent de convaincre le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, l'un des plus virulents adversaires de Donald Trump au sein du parti, de tenter sa chance au Sénat.
Samedi, Glenn Youngkin est devenu le premier républicain à devenir officiellement gouverneur de la Virginie depuis 2010. Il a mené sa campagne en tentant de se distancier le plus possible de l'ancien président.
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Malgré cela, à deux mois du début de la saison des primaires en vue des élections de la mi-mandat, M. Trump demeure une figure fort populaire au sein du Parti républicain. Mais les récents développements permettent de bien prévoir l'enjeu qui animera la formation au cours de l'année: les candidats choisiront-ils de s'aligner sur l'ancien président et ses mensonges habituels?
«J'ai trouvé l'appui de nombreux sénateurs à M. Rounds très encourageant», dit l'ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, un des rares républicains à exhorter le parti à se distancer de M. Trump et de ses obsessions électorales.
Aucune preuve n'a été présentée pour démontrer que la victoire a été volée à M. Trump. Aussi bien les dirigeants électoraux que son propre procureur général ont rejeté cette idée. Les tribunaux, même ceux présidés par des juges nommés par lui, ont rejeté ces arguments.
Toutefois, les dissidents à la ligne de Donald Trump se font quand même rares au sein du Good Old Party. De l'Ohio à la Géorgie en passant par l'Arizona, les candidats à divers postes importants ont adopté ses mensonges parce qu'ils souhaitent recevoir son appui ou éviter l'ire de ses partisans.
Si se rapprocher de Donald Trump peut aider certains candidats républicains à court terme, quelles en seront les conséquences à l'automne ? Certains craignent que cela nuise aux chances du parti aux élections de novembre, particulièrement dans les banlieues. Plus les républicains seront à droite, plus leurs adversaires démocrates les décriront comme des extrémistes.
Et cela risque de leur donner moins de temps pour attaquer l'actuel président Joe Biden, qui est placé dans une position vulnérable à cause de l'inflation galopante et l'actuelle vague de coronavirus.
«C'est un de ces sujets essentiellement populaires pendant une primaire et impopulaires pendant des élections générales», souligne Chris DeRose, un avocat républicain de l'Arizona.
Il dit qu'un grand nombre de candidats reconnaissent en privé que l'élection présidentielle de 2020 était juste, mais ceux-ci préfèrent courtiser Donald Trump en affirmant le contraire en public.
«Donald Trump est celui dont on recherche le plus le soutien au sein du parti. Son appui peut faire une différence pendant une primaire républicaine.»
John Shumkus, un ancien élu républicain de l'Illinois, dit qu'il est facile d'avoir un jugement lorsqu'on est sur les lignes de côté.
«Toutes ces courses seront disputées sous le regard de Trump et 1/8de la chaîne 3/8 Fox. Ces candidats seront très, très prudents. Ils doivent gagner la primaire avant de gagner aux élections générales.»
Autre défi pour les républicains: convaincre les partisans de Donald Trump de participer à nouveau au processus électoral.
Plusieurs républicains continuent de blâmer M. Trump pour la double défaite subie lors du deuxième des élections sénatoriales en Géorgie en janvier 2021. Selon eux, ses accusations mensongères ont convaincu une partie de l'électoral de s'abstenir lors du scrutin.
«Trump a toujours une voix et une influence hors du commun. Plusieurs candidates craignent sa colère, dit Charlie Dent, un ancien élu républicain de la Chambre des représentants et opposant à l'ancien président. On sait que Donald Trump utilisera sa voix pour condamner ceux qui n'acceptent pas ses mensonges sur l'élection de 2020. Ces candidats sont dans un étau: ils peuvent dire la vérité, courir le risque de perdre leur primaire et subir la colère de Trump ou ils répètent les mensonges au risque de s'aliéner un grand nombre d'électeurs.»
M. DeRose ne semble pas préoccupé par l'abstention, malgré ce qui est survenu en Géorgie.
«La base républicaine est très enthousiaste, affirme-t-il. Les choses vont mal dans ce pays.»
Il prédit même une participation électorale similaire à celle de 2010 qui avait permis aux républicains de réaliser des gains historiques à la Chambre des représentants. L'inflation et le retrait des troupes de l'Afghanistan vont les convaincre de faire subir une rude défaite à Joe Biden et aux démocrates, ajoute M. DeRose.