Société

Les médias québécois parmi les premières cibles du blocage de Meta au Canada

Certains journaux québécois sont bloqués sur Facebook pendant le test en lien avec le projet de loi C-18.

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(Jenny Kane | Associated Press)

Meta a commencé à bloquer les actualités pour certains utilisateurs canadiens sur ses plateformes Facebook et Instagram en réponse à un projet de loi du gouvernement libéral qui pourrait bientôt devenir loi.

Meta effectue un test qui bloquera temporairement le contenu d'actualités pour jusqu'à 5% de ses utilisateurs canadiens pendant la majeure partie du mois. Cette phase de test a commencé la semaine dernière.

L'entreprise a mentionné qu'elle travaillait à une «solution de produit efficace pour mettre fin à la disponibilité des actualités au Canada» afin de se conformer au projet de loi C-18, s'il est adopté.

Paul Deegan, président de News Media Canada, a dit que certains journaux québécois sont également bloqués sur Facebook pendant le test, ce qu'il considère comme un abus de la position dominante de Meta sur le marché.

«Meta vient d'augmenter de manière exponentielle les possibilités pour les acteurs malveillants, y compris les gouvernements étrangers hostiles, de semer les graines de la désinformation et de la manipulation de l'information, ce qui finira par nuire à la plateforme, éroder la valeur de ses actionnaires et compromettre la cohésion sociale», a expliqué M. Deegan.

«Les gouvernements démocratiques, les régulateurs, les organismes d'application de la loi, les éditeurs, les annonceurs et tous ceux dans le monde qui valorisent une presse libre et pluraliste devraient être très inquiets.»

Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a affirmé plus tôt mardi que «Google et Facebook avaient commencé à retirer l’accès aux nouvelles comme moyen de protestation pour ne pas payer leur juste part.»

«C’est inacceptable», a dénoncé le ministre de la Culture et des Communications Mathieu Lacombe.

«Ces géants numériques veulent intimider nos gouvernements en censurant les médias québécois et canadiens. Ne cédons pas aux pressions. Les plateformes doivent accepter que les gouvernements protègent leurs cultures nationales et leurs écosystèmes médiatiques», a-t-il écrit sur Twitter. 

Les petits médias locaux impactés

Chris Dell, rédacteur en chef de ChrisD.ca, une plateforme d'actualités numériques basée à Winnipeg, a déclaré que certains lecteurs l'ont informé lundi qu'ils ne peuvent plus accéder au contenu publié par le média sur Facebook.

«D'après ce que nous constatons, Meta bloque une partie de notre contenu, mais pas la totalité», a affirmé M. Dell dans un communiqué publié mardi.

Il déplore que de telles mesures soient prises en réponse à la Loi sur les nouvelles en ligne, qui obligerait les géants de la technologie à rémunérer les médias pour la création de liens vers du contenu d'actualités ou pour toute autre réutilisation de ce contenu.

«En tant que petit média d'information local, la majorité de notre trafic provient de Facebook et de Google. J'espère qu'un accord amiable pourra être trouvé entre la Silicon Valley et Ottawa, de manière à ne pas laisser les éditeurs pris au milieu de tout cela», a ajouté M. Dell.

Mardi, un comité sénatorial a terminé son examen article par article du projet de loi après une seule réunion de deux heures, adoptant environ 12 amendements, dont la majorité est acceptée par le gouvernement.

Le projet de loi devrait passer à la troisième lecture au Sénat cette semaine.

Le gouvernement libéral a exprimé son souhait de faire adopter la loi avant la pause estivale des parlementaires, qui aura lieu à la fin de la semaine prochaine.

Mickey Djuric

Mickey Djuric

Journaliste