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«Nous assumons la responsabilité historique» pour les questions de racisme, de négligence et d'abus, dit le groupe.
Dans un message émouvant venu d'outre-tombe, l'aîné métis Sonny James MacDonald a raconté avoir été incarcéré pendant plus de deux ans dans un «hôpital pour les Indiens» d'Edmonton dans les années 1940 pour un traitement contre la tuberculose, avoir subi des abus et avoir été isolé pendant son enfance.
«Après l'opération… ils ont décidé… de m'enlever mon bas de pyjama pour m'empêcher de me promener», a continué M. MacDonald, un sculpteur renommé décédé en 2021, dans un extrait vidéo d'un documentaire sorti la même année.
«On m'a mis dans cette petite pièce… il n'y avait pas de fenêtre, c'était au bout du couloir. J'étais comme un prisonnier», a-t-il détaillé. M. MacDonald a déclaré qu'un aide-soignant l'aurait enfermé dans les toilettes d'un hôpital et l'aurait agressé sexuellement.
L'histoire de Sonny James MacDonald a fait écho dans une salle de conférence de Victoria, en Colombie-Britannique, mercredi, où l'Association médicale canadienne (AMC) s'est officiellement excusée pour le rôle des médecins dans les préjudices causés aux peuples autochtones lors d'une sombre cérémonie.
La Dre Joss Reimer, présidente de l'association, a déclaré que les membres de l'association avaient «profondément honte» de leurs actions et inactions tout au long de l'histoire du Canada, qui ont conduit au racisme, à la négligence et aux abus envers les membres des communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
«En tant qu'association, notre objectif est de soutenir la profession médicale et de créer un système de santé plus durable, plus accessible et plus équitable pour tous les patients et tous les prestataires de soins», a soutenu Mme Reimer. «En ne parvenant pas à lutter contre le racisme systémique anti-autochtone dans les soins de santé, nous avons manqué à notre objectif.»
«Nous n'avons pas été à la hauteur des normes éthiques que la profession médicale est censée respecter», a-t-elle déploré.
L’association a dit avoir procédé à un examen pluriannuel de ses archives et d’autres interactions documentées avec les communautés autochtones, découvrant une longue histoire de préjudices causés par les médecins canadiens.
La Dre Paula Cashin, de l’association, affirme que les recherches ont montré que les médecins ont contribué à «intégrer et à maintenir de manière systémique» le racisme anti-autochtone dans les systèmes et les politiques de santé du Canada, créant un «environnement dangereux» pour les patients des communautés autochtones.
Parmi les principaux méfaits figure la mise en place de ce qu'on appelait les «hôpitaux pour les Indiens», ce qui, selon Mme Cashin, a créé une «ségrégation raciale» où les patients autochtones recevaient des soins «de qualité inférieure».
Mme Cashin a déclaré que certains enfants ont également été soumis à des expériences dans des pensionnats sur la malnutrition et le refus de soins nécessaires pour étudier les effets qu’ils avaient sur les humains. L’ampleur exacte de l’expérimentation menée est encore inconnue.
Des membres de la communauté inuite ont également été déplacés de force vers des sanatoriums pour tuberculeux contre leur gré, ce qui a entraîné la mort de nombreux membres de la communauté loin de chez eux.
Le dernier cas de stérilisation forcée contre un membre de la communauté aurait eu lieu en 2019, a mentionné Mme Cashin.
«Des patients ont été victimes d’abus, de traitements expérimentaux et de stérilisations forcées et coercitives», a-t-elle énuméré. «Bien que la plupart des hôpitaux indiens soient désormais fermés, le pays est toujours en train de s’éloigner du modèle de soins de santé ségrégué et raciste que le système hospitalier indien a perpétué.»
«Nous devons connaître la vérité avant de pouvoir nous réconcilier»
Prenant la parole lors de la cérémonie, l’aîné métis Jimmy Durocher a confié que les excuses des médecins sont importantes, car «nous devons connaître la vérité avant de pouvoir nous réconcilier».
«En présentant ces excuses officielles, l’Association médicale canadienne a fait les premiers pas dans son engagement à rechercher la vérité», a relevé M. Durocher. «Ce n’est qu’une première étape. Ce sera un long processus… cela va prendre beaucoup de temps parce que beaucoup de dommages et de préjudices ont été causés à notre peuple.»
La Dre Reimer, la présidente de l’AMC, a assuré que l’association s’est engagée à reconnaître ses torts passés et à faire tout ce qu’elle peut pour les réparer, mais elle a ajouté que le chemin vers la réconciliation ne sera pas toujours facile.
«Nous reconnaissons humblement que nous sommes en train d’apprendre», a-t-elle confié. «Nous ferons des erreurs malgré tous nos efforts. Mais nous nous engageons à reconnaître ces erreurs, à en tirer des leçons et à continuer d’avancer de manière significative, tangible et durable.»
Le Dr Alika Lafontaine, qui est devenu en 2022-2023 le premier président autochtone des 157 ans d’histoire de l'association, a déclaré que l’AMC se concentrera désormais sur l’amélioration des soins de santé pour les peuples autochtones, en aidant les médecins à s’améliorer et en s’assurant que le groupe fonctionne selon les principes de la réconciliation.
L'association a également affirmé qu'elle s'engageait à suivre les progrès des médecins dans la lutte contre les préjudices causés, ce qui inclut la fourniture de mises à jour régulières sur les initiatives de santé autochtone de l'association.