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Bernard «Rambo» Gauthier les convie à revenir lors de la fermeture du Carnaval.
Répondant à l'appel d'un des organisateurs de la manifestation contre les mesures de restrictions visant à combattre la COVID-19, les derniers manifestants-camionneurs ont quitté le secteur de l'Assemblée nationale dimanche alors que le premier ministre Legault a tenu à féliciter les forces de l'ordre pour leur travail.
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Les camions ont quitté Québec de la même manière qu'ils étaient arrivés, en klaxonnant, sous les regards de manifestants à pied et de dizaines de policiers. La foule s'est dissipée peu à peu. Quelques manifestants demeuraient encore en face de l'Assemblée nationale en soirée.
Ces derniers camionneurs ont répondu à l'appel de Bernard Gauthier, l'un des organisateurs de la manifestation de ce week-end, qui avait invité dimanche les protestataires à quitter les lieux à la fin de la journée.
La rue Honoré-Mercier, exempte de camions vers 20 h 15 dimanche soir. (Photo : Louis-Philippe Arsenault, Noovo Info)
Au cours d'un discours prononcé vers 13h, il les a ensuite conviés à revenir dans la Vieille-Capitale dans deux semaines, à l'occasion de la fermeture du carnaval.
«On va manifester toute la journée, nous autres, on va quitter à soir, pis on va revenir pour clore le Carnaval», a indiqué l'activiste aux centaines de personnes venues l'écouter, alors que des centaines d'autres continuaient de manifester près de l'Assemblée nationale.
«C'est un bloc d'énergie qu'on est venu chercher ce week-end, mais là, les camions, il faut comprendre que ce sont des pères pis des mères de famille qui ont besoin de travailler la semaine, mais ce week-end, on a démontré à papa Legault qu'on n'est pas des caves, on est des pères et des mères de famille qui veulent protéger leurs petits enfants», a lancé le syndicaliste sous les clameurs de la foule réunie près de la fontaine de Tourny.
Il a invité les gouvernements à réfléchir entre-temps aux revendications soulevées par les manifestants.
«On a manifesté pacifiquement, à cette heure, on s'attend à un retour d'ascenseur», a lancé Bernard Gauthier en promettant que les manifestants seront beaucoup plus nombreux dans deux semaines.
«Les médias nous avaient prêté des intentions», a-t-il déclaré en soulignant le caractère pacifique et familial de la manifestation.
Il a ajouté à la blague: «J'étais supposé me battre avec le bonhomme Carnaval, mais le bonhomme ne s'est pas présenté dans l'octogone».
Il faisait référence au Carnaval de Québec, dont le site principal est situé à un jet de pierre du lieu de rassemblement de manifestants.
«Le bonhomme Carnaval, on te l'a clenché», a lancé M. Gauthier.
Le discours de M. Gauthier a bien été accueilli par les manifestants rassemblés près de l'Assemblée nationale qui l'ont chaudement applaudi.
Mais en en soirée, le maire de Québec Bruno Marchand a tenu à souligner que Bonhomme Carnaval n'était pas intéressé par ce genre de compétition.
«Quand on fait une concurrence à Bonhomme en disant, ‘’moi je suis plus populaire que bonhomme’’, ça intéresse qui?, s'est interrogé le maire Marchand. Je ne pense pas que Bonhomme était en compétition avec personne», a déclaré le maire de Québec.
Plus sérieusement, il a tenu à souligner que «le Service de police de la Ville de Québec était très bien préparé» et que «les policiers ont été patients et fermes».
Il a ajouté que «les gens ont pu manifester et s'exprimer dans le calme», reconnaissant que des citoyens et commerçants ont tout de même été dérangés, par le bruit des klaxons notamment.
«S'ils reviennent, on va se préparer, le service de police va se préparer comme il l'a fait cette fois-ci pour encadrer ça de manière sécuritaire et de ne pas tolérer l'intolérable», a précisé le maire Marchand qui a également souligné qu'il «ne connait pas pour l'instant», l'effet de la manifestation sur la fréquentation du Carnaval.
Le Service de police de la Ville de Québec doit faire le bilan du week-end lundi avant-midi.
Dimanche soir, le premier ministre François Legault a publié ce message sur Twitter:
«Je veux souligner le travail exemplaire des policiers du SPVQ et de la Sûreté du Québec en fin de semaine, le leadership de Bruno Marchand et de Geneviève Guilbault et le caractère pacifique des manifestations. Merci!»
Je veux souligner le travail exemplaire des policiers du @SPVQ_police et de la @sureteduquebec en fin de semaine, le leadership de @brunomarchand, de @GGuilbaultCAQ et le caractère pacifique des manifestations.
— François Legault (@francoislegault) February 6, 2022
Merci!
De nombreux camionneurs ont passé la nuit de samedi à dimanche dans leur camion. En face de l'hôtel Delta sur le boulevard René-Lévesque, une cabane en bois a été construite sur la remorque d'un camion.
Elle sert de lieu de ravitaillement pour les camionneurs, à qui on offre du café et des beignes pour le déjeuner.
Marcel fait partie de ceux qui ont dormi sur place. Il porte une tuque avec l'inscription `f...... Legault', un slogan que l'on retrouve également à plusieurs endroits sur son camion.
Lorsque La Presse canadienne lui fait remarquer que la congestion routière et le bruit incessant des klaxons de camions briment la liberté de résidents et commerçants du secteur, il se défend ainsi: «Ouais je sais bien, mais on veut se faire entendre, pis de toute façon on arrête à dix heures le soir».
Le bruit assourdissant et la congestion routière, «ce n'est rien», comparativement à ce que doivent subir les non vaccinés selon Johanne, une manifestante qui craint les effets du vaccin et qui refuse de dire son nom de famille.
«Penses-tu que notre liberté n'est pas brimée!» lance la manifestante à La Presse canadienne en ajoutant que «la ségrégation, c'est fini, on est traité comme des lépreux».
Selon plusieurs manifestants rencontrés, ce qui semble faire la force de ce mouvement, contrairement aux précédentes manifestations contre les mesures sanitaires, c'est la participation de plusieurs personnes vaccinées.
Des sympathisants comme Michel Dutil et Annie Marquis, qui sont doublement vaccinés.
«Je trouve qu'on est rendu trop loin, on discrimine des gens pour rien», a indiqué la femme.
«Ce sont les gens à risques qui devraient être vaccinés, je suis doublement vacciné et je peux le donner autant qu'un autre», a renchéri son conjoint.
De nombreuses études suggèrent cependant que les vaccins sont excellents pour maintenir des symptômes légers, prévenir les hospitalisations, ainsi que pour raccourcir le séjour et diminuer le niveau de soins pour ceux qui sont admis à l'hôpital. Moins de patients vaccinés contre le variant Omicron, par exemple, ont besoin d'un respirateur.
La vaccination diminue également la transmission du virus.
La manifestation a attiré beaucoup de familles, accompagnées d'enfants. L'ambiance au cours du week-end était généralement festive et conviviale, mais les organisateurs ont souvent utilisé des propos agressifs envers les médias et les autorités.
Samedi soir, alors qu'une foule de manifestants étaient réunis près de la fontaine de Tourny pour faire la fête, l'un des organisateurs, Kevin Grenier, a accusé le gouvernement d'avoir commis des crimes.
«Il y a une affaire qu'il ne faut pas oublier, tous les crimes que notre gouvernement a faits contre son peuple, toutes les personnes âgées qui ont été séquestrées dans des CHSLD, sans aucune commission d'enquête, ça c'est un crime et un jour ils vont payer».
Après son intervention, la comédienne Annie Dufresne a également utilisé un langage très belliqueux, lors d'un discours, alors qu'elle était accompagnée d'enfants sur la scène.
«Finito, les petits masques qui puent à l'école, finito code QR dans le cul, finito Trudeau-Castro et Legault à l'échafaud!»
La foule a chaleureusement applaudi ses propos violents.
Le SPVQ a remis samedi une vingtaine d'autres constats d'infraction: 11 pour des violations aux règlements municipaux et 10 pour le non-respect du Code de la sécurité routière. Un homme de 31 ans qui bloquait la circulation, vers 20 h, a également été arrêté et son véhicule a été remorqué.
Les véhicules lourds immobilisés en bordure de René-Lévesque ont été tolérés au cours de la nuit, mais les policiers étaient aussi présents pour s'assurer «que la paix et le bon ordre soient respectés».
En après-midi, le SPVQ a indiqué «qu'à partir de 17 h, tout véhicule immobilisé à un endroit prohibé est passible d'une contravention et même d'un remorquage afin d'éviter la continuité de l'infraction».