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Les maisons des jeunes (MDJ) du Québec peinent à trouver des intervenants temps plein permanents. La plupart des employés quittent peu de temps après leur embaûche pour aller travailler au public, où les salaires sont plus élevés et les conditions sont plus avantgeuses.
Le Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ) presse le gouvernement à revoir à la hausse le financement qui leur est accordé. À l'heure actuelle, les subventions que reçoivent les MDJ ne correspondent en moyenne qu'à un tiers seulement du budget nécessaire à leur fonctionnement de base. Ultimement, ce sont les adolescents qui en sont pénalisés.
En Estrie, ce sont 14 maisons des jeunes qui sont à la disposition des adolescents. Ces lieux représentent une avenue essentielle pour favoriser leur santé physique et mentale, et le sous-financement chronique dont elles souffrent ne leur permet pas de remplir adéquatement leur mission.
À la Place des jeunes l'Intervalle de Bromptonville, 3 intervenants sont employés à temps plein. Des étudiants comblent les heures restantes à temps partiel, soit entre 10 à 12 heures par semaine. Avec le financement du gouvernement, Franz Gauthier, coordonnateur à l'Intervalle, souhaiterait plutôt avoir 5 employés temps plein. « Ça nous permettrait d'avoir plus d'heures d'ouverture et de faire plus d'accompagnements et de suivis avec nos ados », explique-t-il.
Cette maison des jeunes connaît un roulement d'employés de 37%, et l'intervenante avec le plus d'ancienneté est employée depuis un an seulement. Chaque semaine, entre 15 et 25 jeunes fréquentent L'Intervalle, qui est ouverte de 4 à 5 soirs.
Souvent, lorsqu'il y a des projets de collaboration avec le CIUSSS ou les commissions scolaires, ces organisations viennent par la suite recruter les intervenants des maisons des jeunes et leurs offrent des meilleurs salaires et conditions de travail, souligne M. Gauthier. « On les forme et ils quittent pour partir pour le réseau. C'est important, on est en première ligne pour nos ados. On a besoin d'avoir de la continuité et qu'ils voient les mêmes visages. C'est rassurant pour eux. »
Le coordonnateur soutient toutefois que leurs départs sont justifiés, considérant que les intervenants ont des loyers à payer chaque mois.
Une maison des jeunes, c'est souvent un lieu d'évasion pour les ados vivant des situations familiales difficiles. Au fil du temps, ces jeunes développent un certain attachement aux intervenants, qui eux jouent le rôle de confidents, voire même de parents. « Si on change à tous les trois mois les intervenants en place, on ne peut plus leur offrir cette stabilité-là. C'est pour ça qu'ils viennent à la maison des jeunes », raconte Franz Gauthier.
Lily-Rose se déplace à La Place de jeunes L'Intervalle 4 soirs par semaine. Depuis quelques années, elle subit directement les impacts du roulement d'employés. « Il y a des animateurs avec qui on aimerait garder contact, mais on ne peut pas. C'est certain qu'on trouve ça plate. »
L'adolescente de 15 ans fréquente régulièrement la maison des jeunes puisque, pour elle, c'est un endroit où elle peut être elle-même et où elle ne se sent pas jugée. Elle affirme d'ailleurs que si la MDJ était ouverte les samedis, elle s'y rendrait également. Avec 3 employés, ce n'est toutefois pas possible.
Au Québec, plus de 45% des maisons des jeunes ont vu leurs heures d'ouverture réduites ou ont dû fermer leurs portes depuis le début de la pandémie. En Estrie, il n'y a eu aucune fermeture de maison de jeunes. Toutefois, la plupart ont dû réduire leurs heures d'ouverture en raison d'un manque d'employés.
Du 16 février au 13 mars 2022, le RMJQ invite les citoyens à signer la déclaration d'engagement pour la campagne « Plus pour nos ados » afin de manifester leur appui aux maisons des jeunes. Une fois la déclaration signée par des centaines de personnes partout au Québec, celle-ci sera remise au gouvernement du Québec, en marge du dévoilement du budget 2022.