Environnement

Les jeunes, qui ont le plus à perdre dans la crise climatique, gardent espoir à Bakou

«Ce sont nos droits. C’est notre avenir. C’est notre présent.»

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2024111801114-2024111801114-673ad931cf7215d53e8680c2jpeg.jpg Francisco Vera Manzanares, 15 ans, militant colombien pour le climat, s'entretient avec d'autres jeunes militants lors d'un forum avec de jeunes militants, mardi 12 novembre 2024, au sommet climatique de l'ONU COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan. ((AP Photo/Joshua A. Bickel)

Les jeunes qui assistent aux négociations sur le climat des Nations unies, la COP29, en Azerbaïdjan, ont de quoi être en colère. Ils ont perdu des êtres chers et des mois d’école. Ils ont perdu leur maison, leur ferme familiale et leurs liens avec les terres natales de leur famille.

Mais ils n’ont pas perdu espoir. Pas encore.

«C’est devenu si fatigant pour moi d’être juste un enfant modèle», a déclaré Marinel Ubaldo, qui, à 16 ans, a vu deux typhons géants consécutifs détruire des communautés entières dans son pays natal, les Philippines.

Le fait d’avoir manqué une partie de ses études au secondaire après coup, parce qu’il n’y avait pas d’école où retourner, a été un signal d’alarme pour la jeune femme. Aujourd’hui âgée de 27 ans, elle en sera, à Bakou, à sa sixième participation aux COP, où les dirigeants négocient l’avenir dont elle héritera.

«Je suppose que je suis très pessimiste, mais je vais être positive sur le fait que cette COP pourrait réellement apporter plus de clarté», a-t-elle déclaré.

Son pessimisme n’est pas injustifié. Cette année, les dirigeants étaient moins nombreux, dans un contexte d’incertitudes, alors que la volonté politique sur le climat s’effrite dans des pays importants, comme les États-Unis et l’Allemagne.

Alors que de nombreux jeunes passionnés veulent manifester, ce sera la troisième COP consécutive dans un pays autoritaire qui contrôle plus étroitement les manifestations et la liberté d’expression. Et pour beaucoup des jeunes les plus durement touchés par les extrêmes climatiques, il est tout simplement difficile et coûteux de se rendre à la conférence.

«Nous sommes confrontés à ce défi constant d’avoir parfois des forums de jeunes avec des espaces en marge des espaces de décision», a déploré Felipe Paullier, secrétaire général adjoint aux affaires de la jeunesse au bureau de la jeunesse des Nations unies (ONU). C’est pourquoi l’ONU s’efforce d’institutionnaliser le rôle des jeunes dans les négociations sur le climat, a-t-il expliqué.

Les enfants les plus touchés

Le changement climatique a un impact disproportionné sur les enfants du monde entier. Leurs corps en pleine croissance ont plus de mal à supporter la chaleur extrême, qui provoque également une augmentation des naissances prématurées et de la malnutrition infantile, a souligné la secrétaire générale adjointe de l’UNICEF, Kitty van der Heijden.

«Nous ne faisons tout simplement pas assez bien pour les enfants de ce monde. Nous ne sommes pas à la hauteur de nos responsabilités envers les enfants», a-t-elle confié.

Tout cela signifie que les jeunes ressentent plus que jamais le fardeau de s’exprimer sur le changement climatique. Et beaucoup de ceux qui viennent à la COP, et même certains de ceux qui n’y viennent pas, disent se sentir fatigués, accablés par le fait de savoir qu’année après année, ils viennent pour parler et n’ont pas grand-chose à montrer. C’est la troisième année consécutive que le réchauffement climatique prévu de la Terre ne s’améliore pas.

«Je pense que, pour beaucoup de jeunes issus de pays extrêmement vulnérables au changement climatique, ça ne semble pas vraiment être un choix» de s’exprimer sur le changement climatique, a commenté Fathimath Raaia Shareef, 20 ans, des Maldives.

Sa grand-mère a migré vers le sud, vers la capitale de la petite nation insulaire, elle n’a donc jamais eu l’occasion de voir à quoi ressemblait l’île natale de sa famille. En grandissant, après avoir appris la montée du niveau de la mer, elle faisait des cauchemars récurrents où elle voyait son île en train de couler. Elle se réveillait en pleurant.

«Comment suis-je censée me concentrer sur autre chose quand mon île, quand mon pays d’origine est en danger?», s'est-elle exclamée.

C’est cette question qui amène de nombreux jeunes à la table des négociations, même s’ils remettent en question leur espoir réel que ces négociations internationales puissent aboutir à un véritable changement. Ici, lors de sa quatrième COP, Francisco Vera Manzanares, un Colombien de 15 ans, a qualifié le sommet de l’ONU d’un espace nécessaire, mais «très difficile» dans lequel se trouver.

Il pense que la lenteur des changements dans les pays du monde entier crée une «crise de crédibilité» dans les institutions qui sont les plus nécessaires pour maintenir à portée de main les objectifs qui nécessitent une coopération mondiale.

«Les gens écoutent les jeunes. Mais, disons, écouter est différent d’entendre», a-t-il indiqué. C’est pourquoi il espère que davantage d’adultes aideront les jeunes à se défendre de manière significative dans une crise où ils ont le plus à perdre – et le plus à sauver.

«Ce sont nos droits. C’est notre avenir. C’est notre présent.»