Une étude récente menée par l'Université d'Aarhus au Danemark remet en question une idée largement répandue en matière d'éducation parentale, selon laquelle les femmes ou les mères seraient «programmées» pour se réveiller plus facilement que les hommes lorsque leur bébé pleure.
Cette étude a montré qu'il n'y avait pratiquement aucune différence entre les réactions des hommes et des femmes face à des stimuli auditifs. Les femmes étaient seulement légèrement plus réactives que les hommes aux sons de faible intensité.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Toutefois, selon l'étude, les femmes ou les mères étaient trois fois plus susceptibles de se réveiller pendant la nuit pour répondre à leur enfant ou vérifier s'il allait bien.
Publiée dans la revue de l'American Psychological Association, la première étude, qui a porté sur 140 participants adultes âgés de 18 à 42 ans sans enfant, a montré qu'il n'y avait aucune différence entre les habitudes de sommeil des hommes et des femmes.
Christine Parsons, professeure au département de médecine clinique de l'université d'Aarhus et l'une des auteurs de l'étude, a déclaré à CTV News.ca que les femmes se réveillaient avec une probabilité légèrement plus élevée, mais uniquement à des sons «au niveau d'un murmure».
Deux types de sons ont été diffusés via l'application mobile utilisée comme méthode de test pour l'étude : les pleurs d'un bébé et une alarme.
«Cela nous a permis de détecter avec une très grande précision la rapidité avec laquelle les hommes et les femmes étaient capables de se réveiller à ces sons», a expliqué Mme Parsons. «Nous avons ensuite pu comparer les résultats.»
La deuxième étude, menée auprès de 224 parents pour la première fois, a montré des différences dans le nombre de fois où les hommes et les femmes se réveillaient pour s'occuper de leur enfant pendant la nuit.
Les participants à l'étude ont répondu chaque matin pendant sept jours à un questionnaire sur leur sommeil et les soins prodigués pendant la nuit, ainsi que sur ceux de leur partenaire.
«Nous en savons beaucoup sur ce que font les mères et les pères pendant la journée, mais étonnamment, il y a eu relativement peu d'études sur les soins nocturnes», a rapporté Mme Parsons. «Et c'est en fait la partie de la parentalité qui est vraiment difficile.»
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«Conversations importantes»
Selon des experts en parentalité et en psychiatrie, d'autres facteurs sociaux, tels que le congé parental, peuvent influencer les comportements en matière de soins.
La Dre Shimi Kang, professeure agrégée de clinique à l'Université de Colombie-Britannique, a affirmé à CTV News.ca que cette étude reflète «des conversations importantes qui ont lieu dans notre société et notre culture».
La Dre Kang souligne que la grossesse et la période post-partum impliquent des variables importantes qui peuvent entraîner des changements physiologiques significatifs chez les femmes.
L'étude met également en évidence l'impact des facteurs sociaux, en particulier les politiques de congé parental.
«Les mères disposent en moyenne de beaucoup plus de congés parentaux que les pères, ce qui leur permet généralement de passer plus de temps avec leur nourrisson pendant la période postnatale», indique l'étude. «Les mères sont également les principales bénéficiaires des congés parentaux qui peuvent être partagés entre les parents, ce qui se traduit par des possibilités différentes de s'occuper du nourrisson pendant les premiers mois suivant la naissance.»
«Avoir autant que possible ce genre de conversations sur les rôles et les responsabilités est vraiment bénéfique pour toutes les parties concernées, et pour la société en général.»
La Dre Kang reconnaît les conclusions de l'étude sur le genre et la responsabilité perçue ou supposée des femmes dans les soins nocturnes aux bébés.
«Le cerveau des femmes est plus empathique. Les centres de l'empathie sont plus développés», a-t-elle expliqué. «Il y a donc peut-être plus d'empathie, de compassion pour vouloir consoler ce nourrisson, ce qui est positif.»
«D'un point de vue négatif, il y a ce sentiment de culpabilité et les messages de la société qui la poussent à agir ainsi», a-t-elle ajouté.
Les hommes, en revanche, peuvent avoir une plus grande confiance en eux et se sentir moins coupables, selon elle. Mais l'aspect négatif pourrait être un sentiment de paresse et d'égoïsme.
La Dre Kang ajoute que même si certains facteurs sont déterminés par la société, comme les comportements parentaux qui définissent les rôles des hommes et des femmes, ces rôles ne sont pas immuables.
«Je pense que l'éducation des enfants est une période de stress énorme. Il y a une crise de santé mentale (et) le manque de sommeil est en augmentation. Les parents sont l'un des groupes les plus stressés», a-t-elle dit.


