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«La menace est croissance. Cela continue d'être un problème», lance Arie Perligner, un expert de l'Université du Massachusett-Lowell.
Cinq ans après l'attaque au camion-bélier qui avait coûté la vie à une dizaine de personnes à Toronto, des experts croient que les mouvements extrémistes misogynes demeurent une menace croissante à la sécurité du pays.
L'auteur de l'attentat, Alek Minassian, avait prétendu que sa colère avait été provoquée par les femmes qui refusaient d'avoir une relation avec lui. Il disait s'être inspiré par le mouvement des célibataires involontaires, aussi connu sous le nom de «incel».
Le mouvement « incel » tire son nom d’une contraction en anglais des mots « célibataire involontaire ». Il s’agit d’une sous-culture Internet marginale généralement dominée par des hommes qui blâment les femmes pour leur manque de relations sexuelles.
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Arie Perligner, un expert de l'Université du Massachusett-Lowell, dit que les autorités policières s'inquiètent de plus en plus de ces groupes dont l'idéologie est misogyne.
«La menace est croissance. Cela continue d'être un problème», lance-t-il.
Si le Canada n'a pas été frappé par une vague de violence inspirée par les «incels» depuis l'attaque de Minassian, plusieurs attaques isolées sont survenues au fil des années.
Ainsi en mai 2020, un adolescent âgé de 17 ans, qui ne peut pas être identifié en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, a été accusé de terrorisme après avoir poignardé à mort Ashley Noelle et blessé sérieusement une autre femme à Toronto. Le ministère fédéral de la Sécurité publique avait affirmé que les preuves l'amenaient à croire que l'attaque avait été motivée par l'idéologie «incelle».
À Sudbury, en Ontario, Alexander Stavropoulos a plaidé coupable à deux chefs d'accusation de tentative de meurtre en 2020. L'année précédente, il avait tenté de tuer un bébé et sa mère par haine des femmes. Il avait déclaré à la police avoir été inspiré par Minassian.
Arie Perlinger, qui a co-écrit une étude sur l'extrémisme misogyne pour le Centre international de contre-terrorisme, établi à La Haye, aux Pays-Bas, dit que ce danger dépasse les «incels». Il faut y ajouter les groupes qui se servent de l'idéologie misogyne pour radicaliser les hommes.
«[Ces groupes] savent que ce genre de message est très attirant et très efficace, dit le Pr Perlinger. Ils insistent pour encourager une forte masculinité. Ils soulignent qu'ils sont réactionnaires, qu'ils réagissent contre ce qu'ils perçoivent contre des efforts de la gauche pour opprimer les hommes, pour les marginaliser.»
Il cite les «Pround Boys», un groupe d'extrême droite dont les membres ont participé à l'émeute insurrectionnelle au Capitole des États-Unis, en janvier 2021, comme un exemple d'organisation qui utilise la misogynie à des fins de recrutement.
«Certaines organisations d'extrême droite se concentrent plus sur les styles de vie traditionnels ou sur les rôles traditionnels pour les hommes et les femmes. Cela fait partie d'une idéologie plus importante qui prône le maintien des modes de vie traditionnels, des familles traditionnelles. C'est le type de message que ces jeunes hommes veulent entendre.»
Jacob Ware, un chercheur au Conseil des relations étrangères des États-Unis, dit que le mouvement incel «répond clairement à chaque définition objective du terrorisme». Il est difficile de contrer cette violence, car les attaques sont habituellement perpétrées par des agresseurs isolés.
«Plusieurs mesures servant à prévenir un attentat, comme la surveillance des activités d'un groupe afin de découvrir où ses membres se rencontrent, la surveillance de ses finances et de ses communications, peuvent être alors inefficaces.»
Selon lui, plusieurs personnes de ces réseaux s'expriment de façon violente, formule plusieurs menaces, mais il n'est pas facile de savoir lesquels sont vraiment sérieux à ce sujet.
Le Pr Perliger croit que les corps policiers américains et canadiens ont consacré plus de recherches et plus de formation afin de contrer la menace misogyne au cours des dernières années, mais il reste un énorme travail à effectuer.