L'Agence de protection de l'environnement (EPA) américaine a proposé vendredi de supprimer un programme obligeant les grands pollueurs, principalement industriels, à déclarer leurs émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique au gouvernement.
Ce programme oblige les raffineries, les centrales électriques, les puits de pétrole et les décharges à déclarer leurs émissions sans risque de pénalité, les autorités cherchant à identifier les installations très polluantes et à élaborer des politiques visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre. Les experts affirment que ces rapports responsabilisent publiquement les entreprises quant à leurs émissions.
Depuis le lancement du programme en 2009, l'industrie américaine a collectivement signalé une baisse de 20 % des émissions de carbone, principalement due à la fermeture de centrales à charbon.
L'administrateur de l'EPA, Lee Zeldin, a qualifié le programme de déclaration des gaz à effet de serre de «lourd» et d'inutile pour l'amélioration de la santé humaine et de l'environnement.
La suppression de cette règle permettrait aux entreprises américaines d'économiser jusqu'à 2,4 milliards $ US en coûts réglementaires sur 10 ans, tout en maintenant les obligations statutaires de l'agence en vertu du Clean Air Act, a déclaré M. Zeldin. Si elle est finalisée, la proposition supprimerait l'obligation de déclaration pour la plupart des grandes installations industrielles des États-Unis, ainsi que pour les fournisseurs de carburants et de gaz industriels et les sites d'injection de dioxyde de carbone.
«Le programme de déclaration des gaz à effet de serre n'est rien d'autre qu'une lourdeur administrative qui ne contribue en rien à améliorer la qualité de l'air», a déclaré M. Zeldin dans un communiqué.
«Il coûte des milliards de dollars aux entreprises et à l'industrie manufacturière américaines, fait grimper le coût de la vie, met en péril la prospérité de notre pays et nuit aux communautés américaines», a-t-il ajouté. «Avec cette proposition, nous démontrons une fois de plus que remplir les obligations statutaires de l'EPA et alimenter le grand retour américain ne sont pas un choix binaire.»
Mais les experts estiment que l'abandon de cette exigence – comme l'avait promis M. Zeldin en mars, lorsqu'il a lancé ce qu'il a qualifié de plus grand jour de déréglementation de l'histoire des États-Unis – risque d'entraîner une forte augmentation des émissions, car les entreprises ne seraient plus publiquement responsables de leurs rejets dans l'air. De plus, ils affirment que la perte de ces données – alors même que l'EPA réduit la surveillance de la qualité de l'air ailleurs – rendrait la lutte contre le changement climatique plus difficile.
Joseph Goffman, qui dirigeait le Bureau de l'air et des radiations de l'EPA sous la présidence de Joe Biden, a souligné que la suppression du Programme de déclaration des gaz à effet de serre «occulte aux Américains les faits concernant la pollution climatique. Sans lui, les décideurs politiques, les entreprises et les collectivités ne peuvent pas prendre de décisions éclairées sur la manière de réduire les émissions et de protéger la santé publique.»
Garder le public dans l'ombre
En cachant au public les informations sur la pollution, «l'administrateur Zeldin prive les Américains de la possibilité de constater les conséquences néfastes de ses actions sur la pollution climatique, la qualité de l'air et la santé publique», a ajouté M. Goffman, qualifiant ce plan de «nouvel exemple de la façon dont l'administration Trump fait passer les pollueurs avant la santé publique».
David Doniger, stratège principal au Natural Resources Defense Council, un groupe environnemental, a qualifié la proposition de «tentative cynique visant à maintenir le public américain dans l'ignorance, parce que s'il ne sait pas qui sont les pollueurs, il ne peut rien faire pour les tenir responsables».
Les grands pollueurs souhaitent peut-être garder secrètes leurs émissions de pollution climatique, a-t-il ajouté, mais le public, les États et les décideurs politiques locaux «se fient à ces données» depuis plus de 15 ans. La responsabilité publique et la résistance des investisseurs ont incité de nombreuses entreprises à réduire leur pollution climatique avant même que l'EPA ne fixe des normes plus strictes, a affirmé M. Doniger.
Mais M. Zeldin a suggéré que la réduction du fardeau réglementaire global pesant sur l'industrie américaine permettrait aux entreprises de «concentrer leurs dépenses de conformité sur des avantages environnementaux réels et tangibles».
Le programme de déclaration des gaz à effet de serre couvre 47 catégories de sources et exige que plus de 8000 installations et fournisseurs aux États-Unis calculent leurs émissions de gaz à effet de serre chaque année, a précisé M. Zeldin.
«Après un examen attentif, l'EPA a estimé que la Loi sur la qualité de l'air n'exigeait pas la collecte d'informations sur les émissions de GES auprès des entreprises, et que la poursuite de cette coûteuse collecte de données n'était pas utile pour remplir les obligations légales de l'agence», a-t-il indiqué.
