Les violents feux de forêt au Canada qui ont étouffé l'Amérique du Nord sous des nuages de fumée l'année dernière pourraient avoir contribué à une augmentation de consultations médicales pour des problèmes pulmonaires et cardiaques à des milliers de kilomètres de là.
Des chercheurs américains ont publié vendredi des résultats évalués par des pairs qui suggèrent que les visites médicales dans la région de Baltimore pour des problèmes cardiaques et pulmonaires ont augmenté de près de 20 % au cours des six journées «chaudes» liées à la fumée des feux de forêt dans l'ouest du Canada.
«Les grandes régions géographiques très peuplées qui ne sont traditionnellement pas considérées comme sensibles aux effets néfastes de la fumée des feux de forêt, comme dans l'est des États-Unis, peuvent néanmoins subir des conséquences néfastes sur la santé associées à la fumée des incendies de forêt provenant de distances éloignées», peut-on lire dans l'étude publiée dans JAMA Network Open, une revue à comité de lecture de l'American Medical Association.
Au cours de la pire saison des incendies de forêt jamais enregistrée au Canada, des panaches de fumée, composés de particules fines suffisamment petites pour pénétrer profondément dans les poumons et avoir de graves effets sur la santé, ont traversé le continent.
Des chercheurs de l'Université du Maryland ont identifié six jours en juin 2023 où la pollution liée à la fumée des feux de forêt était la plus élevée. Ils l'ont comparée à des dossiers de patients anonymes, comprenant les admissions à l'hôpital et les visites aux urgences ainsi qu'aux cliniques de soins ambulatoires.
Ces jours de pointe étaient associés à une probabilité 18 % plus élevée que les patients consultent un médecin pour une affection cardiopulmonaire, par rapport au volume de visites des jours de juin 2018 et 2019, selon l'étude.
Les chercheurs affirment dans l’étude publiée par Jama Network Open que les patients avaient tendance à être plus aisés lors des jours de pointe que ceux qui se rendaient chez le médecin les jours où la qualité de l’air était bonne, ce qui suggère que les patients défavorisés pourraient ne pas recevoir les soins dont ils ont besoin les jours à haut risque.
La première auteure, Dre Mary Maldarelli, a expliqué que l'odeur de la fumée a imprégné le ciel assombri de Baltimore en juin 2023.
«Mes patients sont venus me voir pour me dire qu'ils toussaient beaucoup plus et qu'ils avaient besoin de leurs médicaments plus souvent, donc ils se sentaient beaucoup plus malades que d'habitude lorsque ces feux de forêt se produisaient», a mentionné la chargée des soins intensifs pulmonaires à la faculté de médecine de l'Université du Maryland.
Une hausse des recherches
L'étude vient s'ajouter à une littérature universitaire de plus en plus abondante, qui documente comment les feux de forêt, dont la taille et l'intensité augmentent en raison du changement climatique, constituent un risque pour la santé humaine.
Des résultats publiés en octobre dans l'une des plus importantes revues scientifiques du monde suggèrent que le réchauffement climatique, dû en grande partie à l'utilisation de combustibles fossiles, pourrait être à l'origine de milliers de décès supplémentaires liés à la fumée des feux de forêt chaque année, par rapport aux décennies précédentes.
Selon Santé Canada, les symptômes de l'exposition à la fumée des feux de forêt varient considérablement, allant de symptômes légers et plus courants, tels que des maux de tête, à une mort prématurée. Il a été clairement démontré que la pollution par la fumée aggrave les maladies pulmonaires, telles que l'asthme.
L'étude de vendredi avance que les cliniques, comparées aux services d'urgence et aux unités d'hospitalisation, étaient «particulièrement sensibles» aux variations du nombre de patients pendant les journées de pointe.

