Le président Donald Trump a déclaré mardi que les États-Unis savaient où se cachait le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei pendant le conflit israélo-iranien, mais qu'ils ne souhaitaient pas sa mort «pour l'instant».
Le président Trump a appelé, dans une publication sur les réseaux sociaux, à une «capitulation inconditionnelle» de l'Iran, alors que le conflit, qui dure depuis cinq jours, continue de s'intensifier.
«Nous savons exactement où se cache le soi-disant “Guide suprême”, a ajouté M. Trump. Il est une cible facile, mais il y est en sécurité. Nous n'allons pas le tuer, du moins pas pour l'instant. Mais nous ne voulons pas que des missiles soient tirés sur des civils, ou des soldats américains. Notre patience est à bout.»
Les propos de plus en plus virulents de M. Trump à l'égard du gouvernement iranien interviennent après qu'il a exhorté les 9,5 millions d'habitants de Téhéran à fuir pour sauver leur vie, après avoir interrompu sa participation au Sommet du G7, en Alberta, pour retourner à Washington afin de tenir des discussions urgentes avec son équipe de sécurité nationale.
Les commentaires sur l'ayatollah Khamenei et les appels à la capitulation sont survenus peu après que le président Trump, dans une autre publication, a vanté le contrôle total du ciel au-dessus de Téhéran.
Dès les premiers jours du conflit, M. Trump a rejeté un plan présenté par Israël visant à éliminer l'ayatollah Khamenei, selon un responsable américain au fait du dossier, qui n'était pas autorisé à commenter ce sujet sensible et qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat.
Israël affirme que son offensive de grande envergure contre les principaux dirigeants militaires iraniens, les scientifiques nucléaires, les sites d'enrichissement d'uranium et le programme de missiles balistiques est nécessaire pour empêcher son adversaire de longue date de se rapprocher de la fabrication d'une arme atomique.
Les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts depuis vendredi.
L'Iran a riposté en lançant plus de 370 missiles et des centaines de drones sur Israël. À ce jour, 24 personnes ont été tuées en Israël et plus de 500 blessées. L'armée israélienne a déclaré qu'une nouvelle salve de missiles avait été lancée mardi et que des explosions avaient été entendues dans le nord du pays.
L'Iran a insisté sur le fait que son programme nucléaire était exclusivement pacifique, et les agences de renseignement américaines ont estimé que Téhéran ne cherchait pas activement à se doter de la bombe.
Le président Trump, qui tiendra une réunion dans la salle de crise de la Maison-Blanche avec ses conseillers mardi, a progressivement plaidé publiquement en faveur d'un rôle américain plus direct dans le conflit. Ce changement de ton intervient alors que les États-Unis ont repositionné des navires de guerre et des avions militaires dans la région pour réagir en cas d'escalade du conflit entre Israël et l'Iran.
Des magasins fermés
Le centre-ville de Téhéran semblait commencer à se vider tôt mardi matin, de nombreux magasins étant fermés. L'ancien Grand Bazar de la ville était également fermé, ce qui ne s'était produit que lors de manifestations antigouvernementales ou au plus fort de la pandémie de coronavirus.
Sur les routes menant à l'ouest de Téhéran, la circulation était bloquée. Beaucoup semblaient se diriger vers la région de la mer Caspienne. De longues files d'attente étaient également visibles dans les stations-service de Téhéran.
Les autorités iraniennes ont continué d'affirmer que tout était sous contrôle et n'ont donné aucune consigne à la population.
Parallèlement, l'armée israélienne a affirmé avoir tué lors d'une frappe à Téhéran un homme qu'elle a décrit comme le plus haut gradé de l'armée iranienne. L'Iran n'a pas immédiatement commenté la mort du général Ali Shadmani, qui venait d'être nommé à la tête du quartier général central de Khatam al-Anbiya, une branche paramilitaire des Gardiens de la révolution.
L'Iran a nommé d'autres généraux pour remplacer les hauts dirigeants des Gardiens et des forces armées régulières après leur mort lors de précédentes frappes.
«Supériorité aérienne»
Le porte-parole de l'armée israélienne, le brigadier général Effie Defrin, a soutenu lundi que les forces de son pays avaient «obtenu la supériorité aérienne totale dans le ciel de Téhéran».
L'armée a estimé avoir détruit plus de 120 lanceurs de missiles sol-sol dans le centre de l'Iran, soit un tiers du total iranien, y compris plusieurs lanceurs juste avant qu'ils ne lancent des missiles balistiques vers Israël. Elle a également dit avoir détruit deux avions de combat F-14 que l'Iran utilisait pour cibler des avions israéliens.
L'armée israélienne a diffusé un avertissement d'évacuation dans une partie du centre de Téhéran qui abrite la télévision d'État et le quartier général de la police, ainsi que trois grands hôpitaux, dont un appartenant aux Gardiens de la révolution.
Les autorités sanitaires ont fait état de 1277 blessés en Iran.
Des organisations de défense des droits de la personne, telles que le groupe iranien Human Rights Activists, établi à Washington, ont suggéré que le bilan officiel du gouvernement iranien était largement sous-estimé. Le groupe affirme avoir recensé plus de 400 morts, dont 197 civils.
Israël dit avoir du succès
Selon le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, les frappes israéliennes ont retardé le programme nucléaire iranien de «très, très longtemps».
L'Iran maintient que son programme nucléaire est pacifique, et les États-Unis et d'autres pays ont estimé que Téhéran n'avait pas mené d'efforts organisés pour se doter de l'arme nucléaire depuis 2003.
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique a averti à plusieurs reprises que le pays disposait de suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer plusieurs bombes nucléaires s'il le souhaitait.
Jusqu'à présent, Israël a pris pour cible plusieurs sites du programme nucléaire iranien, mais n'a pas réussi à détruire l'installation d'enrichissement d'uranium de Fordo.
Ce site est enfoui profondément sous terre et, pour le détruire, Israël pourrait avoir besoin de la GBU-57 Massive Ordnance Penetrator, une bombe américaine de 14 000 kg capable de détruire des bunkers grâce à son poids et à sa force cinétique.
