Une nouvelle étude laisse entendre que les espaces verts ont contribué à protéger la santé mentale des Canadiens résidants en ville au début de la pandémie de COVID-19.
L'étude indique que les personnes vivant dans des zones urbaines plus vertes étaient moins susceptibles de souffrir de dépression au cours des premiers mois de la pandémie.
Ces bienfaits étaient plus marqués chez les personnes qui n'étaient pas déprimées avant la pandémie.
L'effet protecteur des espaces verts était également plus prononcé chez les personnes à faible revenu ou des problèmes de mobilité, mais uniquement si elles n'étaient pas déjà déprimées.
«Les effets protecteurs survenus pendant la pandémie pourraient s'expliquer par le fait que les espaces verts constituent un refuge contre les facteurs de stress financiers et autres, en plus des effets réparateurs et thérapeutiques de l'accès à la nature», peut-on lire dans l'étude, coécrite par des chercheurs universitaires et fédéraux en santé publique.
Les chercheurs affirment que cette étude est considérée comme la première à évaluer l'évolution de la santé mentale avant et après la pandémie en lien avec l'accès à la nature.
Il a été largement démontré que les espaces verts urbains réduisent les risques de maladies chroniques, tout en offrant des avantages environnementaux, puisqu'ils diminuent la pollution atmosphérique et les températures extrêmes.
D'autres études ont également montré que la verdure en milieu urbain est associée à une réduction des taux de dépression et de solitude, en plus de contribuer à réduire les troubles de santé mentale liés aux milieux socio-économiques.
L'auteur principal, le professeur Paul Villeneuve de l'Université Carleton, à Ottawa, affirme que l'étude souligne comment l'urbanisme et les politiques de santé mentale devraient privilégier l'accès équitable aux espaces verts comme moyen de renforcer la résilience des communautés.
«Cela montre l'importance d'intégrer les espaces verts dans la conception des villes et des quartiers», a-t-il soutenu.
L'étude a été menée auprès de plus de 13 000 personnes de 50 ans et plus vivant en milieu urbain qui participent à l'Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, une étude nationale de plus grande envergure.
L'étude a révélé que la prévalence de la dépression avait presque doublé parmi les participants, passant d'environ 11 % avant la pandémie à 22 % lors des enquêtes menées entre mai et décembre 2020.
À partir des codes postaux des participants, les chercheurs ont évalué la superficie des espaces verts présents dans un rayon de 500 mètres autour de leurs lieux de résidence.
Parmi les personnes qui n'étaient pas déjà déprimées, les personnes vivant dans les zones les plus vertes étaient environ 19 % moins susceptibles de souffrir de dépression que celles vivant dans les zones où la nature se fait plus rare.
L'étude suggère également que les personnes aux prises avec des problèmes de mobilité ont sensiblement bénéficié des espaces verts de leur quartier. Les chercheurs supposent que cela pourrait s'expliquer par le «rôle crucial» joué par ces espaces à proximité immédiate, à une période où certains lieux publics et parcs étaient inaccessibles ou limités.
L'indice de végétation utilisé par les chercheurs ne fait pas de distinction entre le type de verdure et son emplacement, qu'il s'agisse d'un terrain de football ou d'un cimetière. M. Villeneuve indique qu'un axe de recherche futur consisterait à déterminer si certains «aspects de la verdure», comme un parc ou un jardin, produisent certains avantages par rapport à d'autres.
L'étude ne mesurant que les espaces verts autour du lieu de résidence des participants, omettant donc les espaces distants où les personnes auraient pu se rendre pour se soulager pendant la pandémie.
Mais M. Villeneuve a noté que, comme les gens ne se sont probablement pas éloignés autant de chez eux pendant la pandémie qu'ils l'auraient fait normalement, les espaces verts à proximité immédiate étaient devenus plus importants.
