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Les exportations des sociétés québécoises ont bondi d'environ 25 % depuis les cinq dernières années.
Les entreprises québécoises qui exportent auraient tout intérêt à moins dépendre des États-Unis et à se tourner vers d'autres marchés étrangers, selon le président d'Investissement Québec (IQ) International.
Les exportations des sociétés québécoises ont bondi d'environ 25 % depuis les cinq dernières années. Elles demeurent toutefois très concentrées au sud de la frontière, a exposé Hubert Bolduc, lors d'une conférence de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, vendredi matin.
«Je pense que du côté des entreprises exportatrices, la présence américaine agit un peu comme de la drogue», a-t-il lancé devant un parterre de gens du milieu des affaires venus assister à une discussion sur les perspectives économiques.
«En ce sens que c'est facile, ça va bien, a-t-il poursuivi. 70 % de nos exportations vont aux États-Unis. Ça se fait dans un cadre relativement facile en anglais, tu traverses la frontière. Mais le problème, comme la drogue, c'est à la fin que ça va moins bien. Et là, tu deviens dépendant des États-Unis.»
D'après lui, cette situation confortable pousse moins à prendre des risques supplémentaires pour conquérir d'autres régions du monde avec des caractéristiques bien différentes.
En mêlée de presse, M. Bolduc a indiqué vouloir lancer un «appel à la prudence» et à la «diversification» chez les entreprises québécoises. À l'issue de l'élection présidentielle américaine, on pourrait leur donner du fil à retordre.
«On peut avoir des présidences qui ont jadis déjà donné des coups de gueule qui ont fait mal aux entreprises. Des tarifs sur le bois d'oeuvre, sur l'aluminium qui, du jour au lendemain apparaissent, ça peut être difficile. (...) Être dépendant d'un client aussi gros soit-il, c'est toujours une menace pour un entrepreneur», a-t-il relaté aux journalistes.
M. Bolduc croit que des efforts sont nécessaires pour convaincre les sociétés d'ici à se diriger vers d'autres continents, notamment l'Europe «qui offre un potentiel exceptionnel», selon lui.
«Les nouveaux tarifs ou douanes au carbone vont procurer aux entrepreneurs québécois qui fabriquent ici avec de l'hydroélectricité un avantage certain sur l'Europe», fait-il valoir.
«Pourquoi est-ce que les Européens ont profité plus que nous de l'Accord libre-échange Canada-Europe? C'est que je pense qu'ils sont plus audacieux et ils veulent se diversifier. Et nous, je pense qu'on devrait faire la même chose», plaide-t-il.
Le travail afin «d'inverser la tendance» passe notamment par plus de pédagogie auprès des entreprises pour montrer les avantages et les opportunités d'investir sur le marché européen, avance le patron de la filiale d'IQ qui accompagne tant les compagnies étrangères que québécoises dans leurs projets.
Durant ce panel auquel prenait part également à titre de conférencier l'ex-ministre provincial et actuel sénateur fédéral, Clément Gignac, il a aussi été question de la filière batterie.
M. Bolduc a défendu avec enthousiasme le développement de cette industrie au Québec, malgré les vents contraires qu'elle affronte actuellement. Il a invité le public à visiter le parc industriel de Bécancour, au Centre-du-Québec, pour observer à quel point «ça va bien».
«Regardez ce qui se passe là, ça va vous scier les jambes», a soutenu le dirigeant, évoquant les chantiers pour la construction des usines de cathodes de GM-POSCO et Ford.
Au delà-des difficultés que rencontrent Northvolt et des possibles retards pour la construction de son usine sur la Rive-Sud de Montréal, il faut «regarder la filière batterie dans l'ensemble de l'oeuvre», a soutenu M. Bolduc aux médias.
«Du minier jusqu'à la transformation des métaux, (...) il y a plus que juste Northvolt. Oui, le focus médiatique est très concentré sur Northvolt, et c'est normal parce que c'est un gros projet qui effectivement comporte un certain niveau de risque, mais la filière batterie ne se limite pas uniquement à Northvolt», a-t-il dit.