Les entreprises canadiennes continueront probablement de réduire leurs investissements au cours des prochains mois en raison de l’incertitude économique, prévoit l’économiste en chef de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).
L’association estime que les investissements privés ont chuté de 13 % au deuxième trimestre, soit d’avril à juin, après une baisse de 3,1 % durant les trois premiers mois de l’année. Elle anticipe un recul de 6,9 % au troisième trimestre, selon ses prévisions dévoilées jeudi.
«L'investissement privé est en contraction de manière assez marquée, a expliqué l’économiste en chef de la FCEI, Simon Gaudreault, en entrevue. Évidemment il y a une grande incertitude présentement dans l'environnement d'affaires et ça met sur pause beaucoup de plans d'investissements.»
L’incertitude influence aussi le comportement des consommateurs, qui craignent de perdre leur emploi, a ajouté l’économiste.
La FCEI anticipe que les données officielles confirment que l’économie canadienne s’est contractée de 0,8 % au deuxième trimestre et entrevoit une baisse de la même ampleur au troisième trimestre.
Deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut (PIB) est généralement considéré comme une récession économique.
La situation n’est pas catastrophique pour autant, a nuancé l’économiste. Des entreprises canadiennes ont profité de l’engouement pour la consommation locale.
Inférieure à la moyenne, la confiance des propriétaires de PME s’est tout de même améliorée dans les derniers mois, tandis que le Canada semble avoir évité le pire scénario en matière de droits de douane. Certains secteurs s’en tirent mieux, comme l’hébergement, la restauration ou les services personnels.
M. Gaudreault a rappelé que l’exercice de faire des prévisions économiques a ses limites.
«On ne sait pas par exemple ce qui va se passer (à l’échéance du) 1er août avec les négociations commerciales, a-t-il dit. On ne sait pas ce qui peut se passer entre temps ou ce qui peut se passer après tout accord qui serait conclu le 1er août.
«Je vous dirais qu'il y a une très grande dose d'incertitude qui est ajoutée au cocktail des prévisions à l'heure actuelle», a-t-il enchaîné.
Malgré le ralentissement économique et ses effets sur l’emploi, le taux de postes vacants demeure élevé, selon lui. Le taux de postes vacants s’est maintenu à 2,8 % au Canada au cours du deuxième trimestre. Il était de 3,2 % au Québec.
«Ça peut paraître paradoxal, mais il reste des enjeux de postes vacants dans le secteur privé», a affirmé l’économiste.
Au Canada, les entreprises avaient 397 500 postes à combler au deuxième trimestre, selon les estimations de la FCEI. Au Québec, ce chiffre était de 98 700 postes. Pour qu’un poste soit considéré comme vide, un employeur doit être en recherche depuis au moins trois mois, a précisé M. Gaudreault.
La rareté de main-d’œuvre s’est modérée depuis son plus haut point en 2022, mais recruter reste difficile pour plusieurs entreprises.
Le resserrement du fédéral sur le programme de travailleurs étrangers temporaires s’ajoute à une situation déjà difficile, selon l’économiste. «Beaucoup d'entreprises n'ont tout simplement pas d'alternative.»
«Elles offrent déjà des salaires qui sont en haut du salaire minimum, des 20 $ et plus de l'heure, a-t-il donné en exemple. Elles n'arrivent pas à recruter des candidats locaux.»

