Début du contenu principal.
Ce ne sont là que deux enjeux tirés d’une très longue liste d’épicerie dont discuteront les membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement de la CSQ (FSE-CSQ) réunis en colloque à Laval.
Les enseignants du primaire estiment que le temps d’enseignement alloué au français est insuffisant et que le programme de français devrait être révisé. Les profs, tant au primaire qu’au secondaire, voudraient également avoir le droit d’interdire le cellulaire en classe, sauf pour des raisons pédagogiques.
Ce ne sont là que deux enjeux tirés d’une très longue liste d’épicerie dont discuteront les membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement de la CSQ (FSE-CSQ) réunis en colloque à Laval.
La Fédération, qui regroupe quelque 87 000 enseignants du primaire et du secondaire, a mené une première consultation auprès de 6000 membres sur des enjeux touchant l’ensemble des niveaux et une deuxième auprès de 7000 membres sur des enjeux spécifiques à certains secteurs.
Les résultats de ces consultations, dévoilés vendredi au colloque, ne manqueront pas d’alimenter les débats.
À voir également : Ce que pourrait changer la refonte en éducation de Drainville
En discussion avec La Presse Canadienne, la présidente de la FSE, Josée Scalabrini, s’est beaucoup attardée sur la question non seulement de l’enseignement du français, mais aussi de sa maîtrise par les enseignants. Ainsi, par exemple, les enseignants sont massivement en faveur du maintien du test de français pour les futurs enseignants, mais voudraient voir ce test imposé à l’entrée du baccalauréat et non à la fin de la troisième année. Ils veulent même que le seuil de réussite de l’épreuve demeure plus élevé pour les futurs profs de français.
En contrepartie, ils veulent une refonte de cet examen, d’abord pour qu’il soit moins axé sur les exceptions de la langue française. «Les enseignants veulent un test de français. Il y a tellement de difficultés en français, mais peut-on lâcher les exceptions et arrêter de faire des tests seulement en fonction des exceptions? Est-ce qu'on veut un test d'exceptions ou est-ce qu'on veut savoir si l'enseignant écrit bien son français?» demande Mme Scalabrini.
L’autre changement réclamé est l’ajout d’un examen oral, explique-t-elle. «Quand j'enseigne, l'outil principal de mon enseignement, c'est de parler. Pourquoi on n'ajoute pas à ce test une capacité de bien s'exprimer, de parler devant les élèves.»
Voyez l'entrevue complète de Josée Scalabrini au bulletin Noovo Le Fil Mauricie dans la vidéo qui accompagne ce texte.
La volonté exprimée d’augmenter le temps d’enseignement du français s’inscrit dans une approche d’ensemble face à la langue.
«Le problème du français, ce n'est pas un problème de ceux qui veulent aller en enseignement. C'est un problème de société. Pourquoi est-on incapable de donner des acquis à nos adultes dans n'importe quelle formation avant même d'arriver à l'université? Ce n'est pas normal que l'on ait des problèmes comme ceux qu'on a dans toutes les disciplines universitaires.»
«C'est encore pire chez un enseignant, parce qu'il s'en va enseigner, oui, mais socialement, c'est bien avant d'arriver à l'université que tu devrais avoir une maîtrise du français», lance-t-elle, dénonçant le fait qu’il n’existe pas, dans le programme de formation québécois, un temps minimum prescrit pour les cours obligatoires. «Si le français, c'est important, pouvez-vous donner un temps minimum prescrit?»
Toujours en matière de formation, les profs du niveau secondaire estiment que la formation actuellement offerte au baccalauréat doit être revue, une majorité des répondants disant croire que «la gestion des comportements perturbateurs devrait être améliorée en priorité».
En ce qui a trait aux téléphones cellulaires, une fois établi que «pour des raisons pédagogiques, les profs veulent en tout temps pouvoir le permettre», dit-elle, deux raisons motivent leur volonté de pouvoir aussi les interdire, au premier chef, la distraction. «Il y a des parents qui communiquent régulièrement avec leur enfant qui est en classe et son enfant répond toujours. Quand l'élève est en train de répondre à un parent, ou est en train d'échanger des textos avec l'ami à côté, il y a des bonnes chances qu'il perde un bout de ce qui est en train de s'enseigner.»
L’autre raison n’étonnera personne par les temps qui courent: «Ils ne veulent plus cette inquiétude que les élèves peuvent faire n'importe quoi avec un cellulaire. Ça fait que tu n'es plus à l'aise dans ton enseignement parce que n'importe quel genre de montage peut être fait, après, avec tout ce qui est capté.» Quand on connaît l’impact que peuvent avoir sur les réseaux sociaux des enregistrements pris hors contexte, on comprend facilement pourquoi ces appareils sont source d’inquiétude.
Dans les autres sujets traités par la consultation, on note que les enseignants ont d’énormes difficultés avec les exigences en matière d’évaluation.
«L'évaluation était autrefois une façon de vérifier si les acquis étaient bien là par rapport à ce qui était enseigné. Maintenant, ça sert beaucoup plus à des fins de statistiques, une gestion axée sur les résultats pour comparer les écoles, les classes, les Centres de services scolaires entre eux.
À lire également : Un bulletin sans pourcentage au Collège Saint-Bernard de Drummondville
«Tu n'es plus à vérifier l'apprentissage de ta matière, tu n'es plus à vérifier les acquis à long terme, tu es à répondre à des examens qui vont être donnés parce qu'on va faire des comparatifs d'un bout à l'autre du Québec», s’insurge Josée Scalabrini.
Les enseignants se prononcent massivement en faveur de l’ajout de personnel pour aider les enseignants, notamment de maintenir dans l’école les personnes des services de garde, pour aider aux tâches qui ne relèvent pas de la pédagogie. «La tâche enseignante s'est terriblement alourdie au cours des dernières années. Ce ne serait pas un luxe d’avoir des personnes pour prêter main-forte, par exemple quand un élève ne retrouve pas ses souliers au retour en classe ou qu’un autre ne trouve pas le cahier à sortir pour un exercice.»
À voir également : Manque de ressources spécialisées: son fils de 7 ans ne peut pas toujours aller à l'école
Aussi dit-elle, en voulant intégrer les élèves en difficulté dans les classes régulières, «on est allé trop loin dans certains cas et on n'a surtout pas tenu nos promesses d’accompagner ces élèves avec les bonnes ressources en classe».
Enfin, la consultation efface tout doute quant au plaisir de l’enseignement à distance: les trois quarts des répondants ne sont pas en faveur de cette méthode après y avoir été contraints durant la pandémie.