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Alors que d'autres pourraient être confrontés à des défis importants...
L'essor de l'intelligence artificielle (IA) est en train de complètement changer le marché du travail, et ce, à un rythme sans précédent. Et une étude fédérale montre qu'à mesure que ces technologies évoluent, certains emplois sont sur le point d'en bénéficier, tandis que d'autres pourraient être confrontés à des défis importants.
Une étude publiée mardi par Statistique Canada met en lumière la façon dont différentes professions peuvent être affectées par l'essor de l'IA, y compris celles qui pourraient perdre leur emploi dans un avenir davantage axé sur l'automatisation.
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L'analyse a porté sur deux paramètres clés permettant de catégoriser les emplois dans un marché du travail axé sur l'IA: l'exposition, ou l'ampleur des impacts prévus de l'IA sur les personnes exerçant une profession donnée, et la «complémentarité», ou la mesure dans laquelle l'IA aide ou nuit à ceux qui occupent actuellement la fonction.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Les travailleurs dont la complémentarité est élevée peuvent s'attendre à ce que l'IA rende leurs tâches et leurs projets plus efficaces, tandis que ceux dont la complémentarité est faible risquent de voir leur emploi devenir totalement superflu dans un lieu de travail alimenté par l'IA.
À partir de ces paramètres, les auteurs de l'étude ont distingué trois groupes de travailleurs: ceux qui sont fortement exposés à l'IA et qui pourraient en bénéficier, ceux dont les tâches pourraient être remplacées par l'IA et ceux dont les emplois ne sont pas du tout compatibles avec l'IA.
«Contrairement aux vagues précédentes d'automatisation, qui ont principalement transformé les emplois des employés moins instruits effectuant des tâches routinières et non cognitives, l'IA est plus susceptible de transformer les emplois des employés très instruits effectuant des tâches non routinières et cognitives», indique l'étude.
Selon l'étude, les emplois qui requièrent un niveau d'éducation plus élevé, dans des secteurs tels que la santé et l'enseignement, sont plus complémentaires des technologies de l'IA.
Les médecins de famille, les enseignants et les ingénieurs électriciens figurent parmi les professions les plus représentées dans cette catégorie. Selon l'étude, 29% des travailleurs canadiens feront partie de cette catégorie en mai 2021.
Les résultats montrent que l'IA pourrait être plus susceptible de transformer les emplois des travailleurs très instruits que ceux des travailleurs moins scolarisés, 50 % des travailleurs titulaires d'une licence ou d'un diplôme supérieur étant considérés à la fois comme très exposés et très complémentaires à l'IA.
«Les travailleurs devront néanmoins posséder les compétences nécessaires pour pouvoir tirer parti des avantages potentiels de l'IA», souligne l'étude.
En revanche, l'étude révèle que certains emplois risquent fort de subir les effets négatifs de l'IA.
Les programmeurs informatiques et les employés de bureau — des rôles traditionnellement considérés comme sûrs dans une économie axée sur la technologie — sont parmi les plus vulnérables, selon l'analyse de Statistique Canada.
L'étude définit ces secteurs comme étant «très exposés et peu complémentaires», ce qui indique que l'IA pourrait remplacer une grande partie du travail actuellement effectué par des humains dans ces domaines.
Environ 31% des employés au Canada appartenaient à ce groupe en mai 2021.
Bien que ces professions accomplissent des tâches complexes, l'IA progresse pour les réaliser tout aussi efficacement.
Les systèmes d'IA sont capables d'écrire et de déboguer des codes comme les programmeurs informatiques qui travaillent dans ces domaines, et qui «peuvent être plus susceptibles de subir des transformations d'emploi liées à l'IA si l'IA est compétente pour écrire ce code», selon l'étude.
Par rapport au groupe à forte complémentarité, les chercheurs soulignent que la différence n'est pas liée au niveau d'éducation, mais à la manière dont l'IA interagit avec leur travail.
Malgré un niveau d'études similaire, les employés des secteurs de la finance, de l'assurance et des services techniques sont davantage exposés à la transformation des emplois liée à l'IA, mais leur potentiel de complémentarité est plus faible.
«Près de 60 % des employés ou plus qui ont étudié les mathématiques, l'informatique et les sciences de l'information, quel que soit le lieu où ils ont suivi leurs études postsecondaires, occupaient des emplois à forte exposition et à faible complémentarité», peut-on lire dans l'étude.
«Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que les professionnels de l'informatique et des systèmes d'information seront moins demandés à l'avenir en raison de l'IA», prévient l'étude.
«Bien que ces professionnels puissent occuper des emplois à forte exposition et à faible complémentarité, ils font partie intégrante de la maintenance et de l'amélioration de l'infrastructure sous-jacente de l'IA, ce qui peut conduire à la création de nouvelles tâches ou de nouveaux emplois», ajoute l'étude.
Si l'IA a un impact significatif sur de nombreuses professions, il existe encore des emplois qui restent largement à l'abri de cette vague technologique.
Il s'agit généralement de tâches manuelles qui nécessitent une forte présence physique et des compétences pratiques, ce qui les rend moins sensibles à l'automatisation, selon l'étude.
Les emplois de ce groupe comprennent les charpentiers, les soudeurs, les plombiers, les serveurs d'aliments et de boissons et les pompiers.
«Les professions peu exposées semblent être celles qui n'exigent généralement pas un niveau d'éducation élevé», indique l'étude.
Quarante pour cent des emplois canadiens appartenaient à cette catégorie en mai 2021.
Les chercheurs notent toutefois que ces estimations de l'exposition de l'IA dans les emplois sont basées sur un nombre limité d'applications de l'IA et sur leur impact sur certaines capacités humaines.
«L'ensemble des tâches que l'IA pourrait être en mesure d'accomplir sans supervision pourrait s'élargir à l'avenir avec les progrès technologiques», indique l'étude.
En outre, les employeurs peuvent invoquer des raisons financières, juridiques et institutionnelles pour éviter de remplacer les travailleurs humains par l'IA, même si cela est technologiquement possible.
L'étude précise qu'une plus grande exposition à l'IA dans une profession donnée n'implique pas nécessairement un risque plus élevé de perte d'emploi.