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Le Québec n’arrive toujours pas à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Au contraire, elles ont augmenté de 1,5 % entre 2018 et 2019 selon le bilan rendu public mercredi par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) et la principale responsable de cette augmentation n’est nulle autre que la cimenterie McInnis, à Port-Daniel en Gaspésie.
En chiffres absolus, les émissions de GES ont atteint 84,3 millions de tonnes en 2019, soit une augmentation de 1,28 million de tonnes par rapport à l’année précédente.
Dans son communiqué, le ministère tente de faire bonne figure en invoquant le fait que les émissions ont tout de même diminué de 2,7 % en 2019 par rapport aux émissions de 1990. Cette réduction est néanmoins à des années-lumière de la cible de réduction du Québec, qui était de 20 % en 2020 par rapport à 1990.
Le ministère prend soin d’ajouter que « sans la cimenterie McInnis, on pourrait retrancher 1,03 Mt éq. CO2 (million de tonnes de GES) à notre bilan pour 2019 ». Or, la cimenterie, loin d’améliorer son bilan, en rajoute. Le bilan 2019 fait ainsi état, tel que mentionné ci-haut, d’émissions de 1,03 million de tonnes. Toutefois, le bilan partiel de 2020 montre des émissions de 1,213 million de tonnes de GES, ce qui représente une augmentation de 173 900 tonnes ou 16,7 %.
Seulement une autre entreprise dépasse la production de GES de la cimenterie selon le bilan préliminaire de 2020, soit l’usine de pâtes Fibrek de Saint-Félicien (1,271 million de tonnes), mais l’écrasante majorité de ses émissions (1,166 million de tonnes) provient de la combustion de biomasse. Parmi celles qui n’utilisent pas la biomasse, mais bien des combustibles fossiles, seules deux autres entreprises dépassent le million de tonnes d’émission, soit la raffinerie Jean-Gaulin de Valero, à Lévis (1,204 million de tonnes) et celle de Suncor à Montréal (1,081 million de tonnes).
Le ministère de l’Environnement réitère son objectif de « renverser la vapeur pour atteindre la cible de réduction des émissions de GES de 37,5 % par rapport à leur niveau de 1990 d’ici 2030, tout en s’engageant sur une trajectoire qui mènera le Québec vers la carboneutralité en 2050 ».
Dans ce communiqué, le ministre Charrette reconnaît que « les actions réalisées par le passé pour réduire les émissions de GES au Québec ont été nettement insuffisantes et que plusieurs choix n’ont pas été judicieux. Pensons, entre autres, à l’ouverture de la cimenterie McInnis, l’entreprise la plus émettrice du Québec », ce qui représente un blâme des gouvernements précédents pour la situation.
Le communiqué du ministère se permet toutefois de rappeler que « le Québec se situait au premier rang pour le plus faible taux d’émissions de GES par habitant des provinces et territoires canadiens, soit 9,9 tonnes par habitant » et que « les émissions du Québec représentaient 11,5 % des émissions canadiennes en 2019 ».
Greenpeace : le gouvernement Legault devrait « se regarder dans le miroir »
Greenpeace ne veut toutefois rien entendre de ces éléments positifs. Par voie de communiqué, son porte-parole en matière de climat et d’énergie, Patrick Bonin, reproche au gouvernement Legault de « se cacher derrière les piètres performances des gouvernements précédents » et invite celui-ci à « se regarder dans le miroir alors que son bilan climatique est loin d’être reluisant après plus de trois ans au pouvoir ».
Selon lui, le Plan vert du gouvernement caquiste « ne permettra d’atteindre qu’environ 50 % de sa cible de réduction des GES pour 2030 ». Il faudrait, selon l’organisme environnementaliste, bonifier et chiffrer le plan climat et rehausser sa cible de réduction des GES dès 2022 : « La crise climatique exige des efforts draconiens de la part de toutes les nations. Le Québec doit montrer l’exemple en tant que nation riche et réduire drastiquement les émissions en provenance de tous les secteurs, à commencer par les industries et les transports, sans oublier l’aménagement du territoire, la préservation des forêts, les bâtiments, l’agriculture, l’alimentation et la gestion de l’énergie générale. »