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La leader parlementaire des libéraux, Karina Gould, a lancé lundi les hostilités à l'occasion de la reprise des travaux en Chambre en qualifiant le chef conservateur Pierre Poilievre de «fraudeur».
La leader parlementaire des libéraux, Karina Gould, a lancé lundi les hostilités à l'occasion de la reprise des travaux à la Chambre des communes, en qualifiant le chef conservateur Pierre Poilievre de «fraudeur».
«Ce que j'ai entendu hier de M. Poilievre dépassait tellement les bornes, c'était tellement irresponsable, immature et quelque chose que seul un fraudeur ferait», a-t-elle lancé dans le foyer des Communes en s'adressant aux journalistes.
La veille, le chef conservateur a galvanisé son caucus réuni pour se préparer à la session parlementaire. Au cours d'un discours, il a soutenu que la tarification du carbone est «une menace existentielle» à l'économie canadienne et au mode de vie des Canadiens au point d'engendrer une «famine massive» et de la «malnutrition».
M. Poilievre a aussi réitéré qu'il entend déposer une motion de censure pour tenter de faire tomber le gouvernement.
«Quand il se concentre à avoir une élection sur le prix sur le carbone, ce qu'il essaie de faire est de détourner l'attention des Canadiens de son véritable agenda», croit Mme Gould.
Selon elle, M. Poilievre veut mettre la hache dans les prestations pour soins dentaires et couper la pension de la Sécurité de la vieillesse que reçoivent les aînés.
L'équipe du chef conservateur n'a pas voulu répliquer directement à l'attaque de Mme Gould. Son cabinet a répondu à une demande de commentaire de La Presse Canadienne en citant le discours prononcé dimanche par M. Poilievre devant ses députés, lequel ne porte aucunement sur l'invective de la leader parlementaire libérale.
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Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a déploré que les libéraux versent dans les insultes. Il a appelé les parlementaires à tempérer leurs attaques les uns envers les autres.
«J’invite encore une fois tout le monde à ne pas garrocher de roches dans la cour d'école. (...) Les gens s'attendent, je pense, à un comportement raisonnable, responsable», a-t-il dit.
Le Bloc espère faire des gains au cours de la session parlementaire qui, estime M. Blanchet, pourrait être écourtée en raison d'une élection.
«J'invite le gouvernement à ne pas se limiter à nous inviter à prendre un café la semaine prochaine pour jaser de la température. Je veux du concret, du tangible et du rapide», a affirmé M. Blanchet.
Les bloquistes souhaitent que la pension de la Sécurité de la vieillesse soit haussée pour les aînés de 65 à 74 ans de la même façon qu'elle l'a été pour les personnes âgées de 75 ans et plus.
Interpellée sur ce sujet, Mme Gould a affirmé que les libéraux sont prêts à discuter avec tous les partis d'opposition, y compris le Bloc québécois.
Lors de la période des questions, le premier ministre Justin Trudeau a adopté un ton nettement plus incisif à l'endroit des bloquistes, affirmant qu'«ils se foutent des aînés».
«Le Bloc, qui prétend se préoccuper d’aînés de 65 ans et plus, a voté contre les soins dentaires qu’on est en train de livrer aux Canadiens. 650 000 Canadiens aînés d’un bout à l’autre de ce pays ont récemment reçu des soins dentaires payés par le gouvernement fédéral et eux, ils ont voté contre», a lancé le premier ministre.
Le président de la Chambre, Greg Fergus, a aussitôt appelé les élus à faire attention aux mots qu'ils choisissent.
Les troupes de M. Blanchet demandent aussi aux libéraux d'accorder la recommandation royale au projet de loi bloquiste visant à protéger la gestion de l'offre. Cela est nécessaire pour tout projet de loi ayant une incidence budgétaire et qui émane d'un député, comme c'est le cas ici. Sans cela, le règlement de la Chambre prévoit que le président mettra un terme aux délibérations et le jugera irrecevable.
Les néo-démocrates ont rompu leur accord de soutien avec les libéraux, ce qui rend plus probable la perspective du déclenchement d'élections anticipées.
Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a indiqué qu'il prendrait chaque vote de confiance au cas par cas.
Questionné sur son possible changement de position quant à la tarification fédérale du carbone, il a contourné chacune des demandes des journalistes l'invitant à clarifier ses intentions.
«Les Canadiens, les gens font leur part dans la lutte contre la crise climatique, (mais) ils voient que les grandes entreprises, les grands pollueurs, les grandes pétrolières continuent de faire ce qu’ils veulent et Justin Trudeau leur donne des subventions massives», a-t-il dit.
La semaine dernière, M. Singh a déclaré que son parti travaillait sur son propre plan en matière d'environnement, qui ne ferait pas peser le fardeau de la lutte contre les changements climatiques sur les épaules des travailleurs. Mais le chef néo-démocrate n'a pas précisé si ce plan inclurait une tarification du carbone imposée aux consommateurs.
Ce flou survient alors que le Nouveau Parti démocratique (NPD) tente de se présenter comme une solution de rechange crédible aux conservateurs lors des prochaines élections fédérales. Or, les conservateurs soutiennent que la «taxe carbone» a fait augmenter le coût de la vie des Canadiens.
Les libéraux martèlent depuis des mois que huit ménages canadiens sur dix récupèrent davantage d'argent qu'ils ne déboursent en payant le prix sur la pollution puisqu’Ottawa redistribue les recettes tous les trois mois au moyen de la Remise canadienne sur le carbone qui est déposée dans les comptes bancaires. Cela est valable dans toutes les provinces où la taxe est perçue, ce qui n'est pas le cas du Québec.
M. Trudeau a répété ce refrain lundi en période des questions, alors que M. Poilievre exprimait, une fois de plus, sa volonté qu'il y ait rapidement une élection au cours de laquelle les électeurs pourraient décider s'ils veulent «éliminer la taxe» (''axe the tax'') sur le carbone.
Le premier ministre a profité de la joute oratoire pour s'en prendre aux néo-démocrates. «Je sais qu’ils se préoccupent réellement du sort des Canadiens, (...) mais ce qui devient évident, c’est qu’ils n’ont aucune idée de comment le faire, a-t-il dit. Et dès que les conservateurs commencent à les attaquer un petit peu, que font-ils? Ils se cachent derrière la politique, ils s’enfuient.»
Les libéraux soutiennent qu'ils se concentrent sur la poursuite de leur propre programme.
Plusieurs projets de loi clés suivent leur cours dans le processus législatif, notamment la loi sur les préjudices en ligne et le projet de loi sur l'assurance-médicaments, qui est actuellement au Sénat.
La rentrée parlementaire sera aussi marquée par deux élections partielles qui auront lieu lundi, alors que les électeurs des circonscriptions de LaSalle—Émard—Verdun, à Montréal, et d’Elmwood—Transcona, à Winnipeg, sont appelés aux urnes.