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Les chefs de l'APN préparent le terrain pour les négociations sur les grands projets

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938723e2c84d21768dbf31a142d32fa9f287a079c38702d3df96acb0e5c15d46.jpg La loi fédérale sur les grands projets, la réduction du déficit d'infrastructure des Premières Nations et les attentes budgétaires fédérales devraient être abordées lors de la réunion annuelle de l'Assemblée des Premières Nations (APN), qui se tiendra cette semaine. La cheffe de l'APN, Cindy Woodhouse Nepinak, prend la parole lors d'une conférence de presse à Ottawa, le mercredi 16 juillet 2025. (Spencer Colby | La Presse canadienne)

L'assemblée générale annuelle de l'Assemblée des Premières Nations (APN), qui se tiendra la semaine prochaine à Winnipeg, ouvrira la voie — en plus de donner le ton — aux discussions avec les gouvernements sur les grands projets d'infrastructure. 

La cheffe nationale Cindy Woodhouse Nepinak affirme que les politiciens porteront une attention particulière aux résolutions adoptées par les chefs concernant la loi fédérale sur les grands projets. Le projet de loi, adopté en juin, a suscité une forte opposition de la part de certains dirigeants et membres des communautés des Premières Nations, qui craignent qu'il ne respecte pas leurs droits.

«Nous avons hâte d'entendre les dirigeants débattre, discuter et passer aux prochaines étapes», a-t-elle expliqué en entrevue.

L'assemblée générale annuelle, qui débutera le 3 septembre, marquera la première fois que l'APN, qui défend les intérêts de plus de 600 chefs, se verra confier un mandat officiel pour répondre aux gouvernements sur cette question au nom des Premières Nations.

Les provinces ont adopté des lois similaires pour accélérer la mise en œuvre de grands projets afin de soutenir l'économie canadienne dans le contexte du régime tarifaire du président américain Donald Trump.

Un projet de résolution demande que les projets d'infrastructure des Premières Nations soient inclus dans la campagne nationale en faveur des grands projets. Un autre préconise des modifications à la législation fédérale concernant le libellé relatif au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause et au pouvoir décisionnel conjoint avec les gouvernements des Premières Nations.

«Nous nous attendons à ce que le gouvernement honore ses promesses et veille à ce que les Premières Nations soient dûment consultées sur ces questions, a expliqué Mme Woodhouse Nepinak. Aucun grand projet ne peut être réalisé sur les terres et les eaux des Premières Nations sans notre consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.»

Elle a indiqué que l'APN avait invité des ministres fédéraux à y assister, notamment la ministre des Relations Couronne-Autochtones, Rebecca Alty, et la ministre des Affaires du Nord et de l'Arctique, Rebecca Chartrand.

Le cabinet de Mme Chartrand n'a pas immédiatement confirmé sa présence, tandis qu'un porte-parole de Mme Alty a indiqué qu'elle assisterait à la réunion mercredi.

Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, devrait assister à la réunion, selon l'ordre du jour provisoire communiqué par l'APN, qui indique qu'il prononcera le discours d'ouverture mercredi.

Création d'un conseil consultatif autochtone

Le gouvernement fédéral a annoncé le lancement cette semaine de son nouveau Bureau des grands projets, qui comprendra un conseil consultatif autochtone.

Mme Woodhouse Nepinak a indiqué que l'APN n'avait pas encore reçu d'informations sur le Bureau des grands projets ni sur les membres du conseil consultatif.

Parmi les autres résolutions en discussion, on retrouve un appel à une intervention fédérale immédiate pour répondre à la crise de la drogue dans les communautés des Premières Nations, en déclarant l'état d'urgence à l'échelle des Premières Nations, et un appel au gouvernement fédéral pour qu'il engage des ressources afin de s'attaquer aux causes profondes des dépendances.

Une autre demande est faite à l'APN d'aider la Fédération des nations autochtones souveraines à obtenir un avis juridique sur les droits ancestraux et issus de traités en matière de commerce transfrontalier, et au Canada d'inscrire officiellement ces droits dans ses politiques et lois commerciales.

Cette assemblée verra également la relance des négociations sur la réforme de la protection de l'enfance. L'an dernier, les chefs ont rejeté une entente nationale de 47,8 milliards $ sur 10 ans conclue avec le Canada pour réformer le système, après que le Tribunal canadien des droits de la personne eut jugé discriminatoire le sous-financement du système dans les réserves par Ottawa en 2016.

En octobre dernier, les chefs ont voté en faveur de la création d'un nouvel organisme chargé de négocier au nom des Premières Nations et d'une nouvelle équipe juridique pour les représenter.

Le Tribunal a statué ce mois-ci que les négociations, qui sont dans l'impasse, devaient reprendre et qu'en cas de refus d'Ottawa, les parties impliquées dans l'affaire pourraient lui présenter leur propre plan de réforme fondé sur des données probantes.

Une résolution présentée par le chef Leroy Denny de la Première Nation d'Eskasoni demande à l'APN d'exhorter Ottawa à revenir à la table des négociations et de fournir aux régions les ressources nécessaires pour consulter adéquatement leurs Premières Nations membres sur la voie à suivre pour les accords régionaux.

Elle demande également à Ottawa d'inclure une clause des «conditions les plus favorables» dans tous les accords régionaux qui garantirait que, si une région obtient plus qu'une autre, d'autres régions pourront adopter ces aspects si elles le souhaitent.

Alessia Passafiume

Alessia Passafiume

Journaliste