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Alors que les Ukrainiens luttent contre l’invasion russe, les membres de la communauté ukrainienne canadienne affirment que les personnes d’ici qui souhaitent apporter leur aide n’ont besoin que de quelques dollars, d’une certaine connaissance des médias — ou même d’un marqueur et d’un morceau de carton pour faire une affiche.
Une professeure agrégée de folklore à l’Université Memorial de Saint-Jean de Terre-Neuve explique que ses amis et sa famille en Ukraine peuvent voir les images des rassemblements et des manifestations qui ont lieu partout au Canada, même dans les villes les plus petites et les plus éloignées.
Selon Mariya Lesiv, pour les gens, réaliser que le monde entier pense à eux, que ces petites communautés, ces petites villes organisent des rassemblements en soutien au peuple ukrainien, c’est vraiment réconfortant. Cela leur remonte le moral».
Mme Lesiv a quitté l’ouest de l’Ukraine pour s’installer au Canada en 2003 afin de poursuivre des études supérieures. Elle dit que toute sa famille — ses parents, ses frères et sœurs, son neveu de neuf ans — est encore en Ukraine, se demandant ce qui va se passer.
Jusqu’à présent, l’endroit où se trouve sa famille est relativement sûr, dit-elle, « mais les choses changent très rapidement et nous ne savons pas combien de temps cette sécurité va durer ».
La Russie a commencé son assaut jeudi, bombardant la capitale Kiev et forçant les habitants à fuir vers l’ouest du pays ou à installer un campement dans les stations de métro et les stationnements afin d’éviter les explosions. Les dirigeants du monde entier ont condamné les attaques, notamment le premier ministre canadien Justin Trudeau.
Mme Lesiv a déclaré que les Canadiens désireux d’aider les Ukrainiens pouvaient faire un don à la Croix-Rouge canadienne, précisant qu’Ottawa s’est engagé à verser une somme équivalente à chaque dollar jusqu’à concurrence de 10 millions de dollars. Même 20 dollars peuvent aider quelques personnes pendant quelques jours, a-t-elle ajouté.
Selon elle, les Canadiens peuvent également aider les Ukrainiens à combattre la bataille de la désinformation menée par les autorités russes.
Valentyna Shapovalova, qui étudie la désinformation russe à l’Université de Copenhague, partage cet avis. Cette doctorante a déclaré lundi que la Russie diffuse plusieurs récits erronés sur l’Ukraine par le biais des médias d’État et des médias sociaux dans le but d’obtenir le soutien du public à ses actions.
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Ces faussetés comprennent des affirmations selon lesquelles le gouvernement ukrainien est un régime nazi, imposé de manière non démocratique à son peuple par les pays occidentaux et l’OTAN. La Russie tente de convaincre ses citoyens — et le monde — qu’elle a pris d’assaut l’Ukraine pour libérer ses citoyens et qu’il s’agit d’une sorte de mission de maintien de la paix, a soutenu Mme Shapovalova.
Le gouvernement russe a également affirmé qu’il ne visait pas les civils, ce qui, selon elle, est faux. Lundi, par exemple, l’Associated Press a rapporté que des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux de la deuxième ville d’Ukraine, Kharkiv, montraient des zones résidentielles bombardées, avec des immeubles d’habitation secoués par des explosions puissantes et répétées. Les autorités de Kharkiv ont déclaré qu’au moins sept personnes avaient été tuées et des dizaines blessées. Elles ont prévenu que le nombre de victimes pourrait être bien plus élevé.
Pendant ce temps, des vidéos et des images circulent sur les médias sociaux qui prétendent être des images du terrain en Ukraine, mais qui ont été fabriquées ou déformées, selon Mme Shapovalova. « Cela vient des deux côtés, à la fois des Russes et des Ukrainiens, et c’est très typique dans un moment de guerre sur les médias sociaux », a-t-elle ajouté.
«Il faut toujours vérifier, a-t-elle indiqué. Essayez toujours de voir quelle est la source originale, d’où cela vient, et ne partagez jamais avant de vérifier».
Le président du comité StandWithUkraine du Congrès ukrainien canadien, Marc Shwec, a encouragé les Canadiens à dénoncer la désinformation en ligne lorsqu’ils la voient.
«Il y a tellement de trolls qui répandent la désinformation, a déclaré M. Shwec lundi. Alors partout où ils voient cette information, allez les défier. Repoussez-les».
Il recommande de faire des dons à la Fondation Canada-Ukraine, un organisme de bienfaisance basé à Toronto qui coordonne les projets d’aide en Ukraine. Ils se concentrent sur les efforts humanitaires, comme l’assistance aux réfugiés ou l’aide aux villes pour fournir des services médicaux, dit-il. « Ils sont très efficaces pour acheminer l’argent très rapidement, et ils ont des personnes locales sur place », a précisé M. Shwec.
Quant aux rassemblements de soutien aux Ukrainiens qui ont lieu dans tout le pays, il reconnaît qu’ils ont un impact réel.
«Cela indique au gouvernement canadien qu’il y a un large soutien», dit-il, notant que cela met la pression sur Ottawa pour qu’il réponde par une aide indispensable à l’Ukraine.
Selon lui, l’issue de la guerre aura une incidence sur l’avenir de la démocratie en Europe. «Si la Russie perce l’Ukraine, nous ne savons pas qui sera le suivant», a-t-il indiqué.