Les Canadiens utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle (IA) comme compagnon de magasinage, une habitude à laquelle les commerçants devront s’adapter.
Dans leur recherche, 43 % des Canadiens se sont appuyés sur les recommandations d’une application d’IA pour faire leurs achats, selon un sondage en ligne effectué par la firme Léger et commandé par le spécialiste du commerce électronique Novatize. Ce taux était de 35 % en 2023, lors d’un précédent coup de sonde.
Bien qu’elles commettent parfois des erreurs, les applications d’IA, comme ChatGPT ou Gemini, vont permettre au consommateur de digérer plus rapidement l’information disponible sur un produit avant de faire ses propres vérifications, a expliqué le président et fondateur de Novatize, François-Jérôme Gosselin.
«Ça nécessite moins de recherche de la part de l'utilisateur, a-t-il souligné. Ça va donner des recommandations plus rapidement sur des choses complexes.»
M. Gosselin donne l’exemple d’un consommateur qui cherche une pièce de remplacement pour sa machine à café. En communiquant des informations sur son modèle, une description de la pièce recherchée, ou peut-être même une photo, l’application pourrait trouver la pièce en question. Cette démarche pourrait être beaucoup plus longue avec une recherche en ligne.
Les applications d’IA peuvent servir de compagnon de magasinage de plusieurs façons. Elles peuvent faire des recommandations de produits, résumer les commentaires des acheteurs, comparer deux produits entre eux. Il est même possible de trouver le même produit que possède votre ami à partir d’une photo, par exemple.
Les plus jeunes sont les plus enclins à s’appuyer sur l’IA. C’est même le premier réflexe de 15 % des adultes de 16 à 24 ans, plutôt que de consulter un moteur de recherche comme Google. «C’est quand même beaucoup parce que ce n’est pas dans les habitudes (récentes) qu’on a avec le commerce numérique», a indiqué l’expert du commerce électronique.
Les commerçants ont intérêt à s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation, croit M. Gosselin.
Avec la dominance de Google, être le premier résultat sur le moteur de recherche était «la quête» de nombreux détaillants. Ils devront maintenant tenter d’être également bien référencés sur les applications d’IA, a conseillé M. Gosselin.
L’IA fournit des recommandations selon le contexte de l’utilisateur: ses goûts, les éléments qu’il priorise ou son âge. Les détaillants ont donc intérêt à fournir des descriptions détaillées avec du contexte d’utilisation.
«Il faut se rappeler que l'intelligence artificielle va quand même aller lire tout ce qu'on va mettre sur une fiche de produit. Donc, le plus de caractéristiques, le plus de précisions qu'on a, le mieux c'est.»
Au total, 51 % des répondants seraient enclins à consulter les recommandations de l’IA.
Malgré cette ouverture, il vaudrait mieux ne pas imposer l’IA aux consommateurs, car la moitié des répondants ne veulent pas utiliser cette technologie pour faire leurs achats. «Il y a quand même près de la moitié de la population qui ne souhaitent pas utiliser l'IA pour magasiner», a nuancé l’entrepreneur.
L’adoption ne se fera que si l’expérience est facultative, simple et agréable. «L’IA doit être un gain, pas un obstacle», peut-on lire dans le rapport.
Le sondage a été effectué au mois de mai auprès de 1537 répondants. Le Conseil de recherche et d’intelligence marketing canadien précise qu’une marge d’erreur ne peut être attribuée aux sondages en ligne, car ils ne procèdent pas à un échantillonnage aléatoire de la population.

