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«Nous sommes pris dans une très mauvaise situation.»
Karina Andone a évalué ses options pour se rendre à son travail au centre-ville de Montréal, après qu'un arrêt de travail dans les deux plus grandes lignes ferroviaires du Canada eut interrompu le service des trains de banlieue pour une deuxième journée consécutive, vendredi.
Voiture, puis autobus, puis métro? Peut-être conduire jusqu'à une autre gare, où il y aurait plus de chances de trouver une place de stationnement, pour prendre une navette?
Mme Andone, une résidente de L'Île-Perrot, en banlieue de Montréal, dit qu'aucun autobus de remplacement n'est prévu à partir de la gare qu'elle utilise et qu'il n'est pas possible de conduire jusqu'au centre-ville en raison du trafic intense et des prix élevés du stationnement.
«Nous sommes pris dans une très mauvaise situation», a-t-elle déclaré.
Le réseau de transport en commun Exo a suspendu le service ferroviaire sur les lignes Vaudreuil-Hudson, Saint-Jérôme et Candiac, qui utilisent toutes des voies appartenant au Canadien Pacifique Kansas City (CPKC). Après des mois de négociations de plus en plus tendues, le CPKC et la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) ont mis en lock-out les travailleurs jeudi, puisque les deux parties n'ont pas réussi à conclure une entente à minuit.
Le ministre fédéral du Travail a demandé au Conseil canadien des relations industrielles d'imposer un arbitrage exécutoire pour résoudre le conflit, mais Exo a indiqué vendredi qu'il n'était pas clair quand le service ferroviaire allait reprendre.
«Nous attendons les instructions du CPKC, le propriétaire des lignes ferroviaires sur lesquelles nous ne pouvons pas faire circuler de trains, avant de décider des conditions et du calendrier de reprise du service de trains de banlieue», a écrit un porte-parole d'Exo dans un courriel, soulignant que le syndicat des Teamsters du CPKC a contesté la directive d'arbitrage exécutoire devant la commission du travail du Canada.
Exo a annoncé que certains autobus seraient opérationnels dès lundi, mais elle prévient qu'elle n'en aura pas assez pour remplacer entièrement le service ferroviaire suspendu à cause de «capacités financières et opérationnelles limitées». Les trois lignes transportent environ 21 000 passagers par jour.
Les deux lignes de trains d'Exo qui circulent sur le réseau du CN n'ont pas été fermées parce que ses contrôleurs de la circulation ferroviaire ne font pas partie du lock-out.
Mme Andone a pu travailler de la maison cette semaine, mais elle doit revenir au bureau lundi.
Ses problèmes sont aggravés par les bouchons de circulation causés par des travaux routiers sur un pont important à l'ouest de Montréal, le fait qu'elle commence à travailler à 7h15, heure à laquelle le transport en commun circule moins fréquemment, et la quasi-impossibilité de trouver une place de stationnement près des stations d'autobus.
«Ils veulent nous encourager à prendre le transport en commun, mais ils nous rendent la tâche impossible», a-t-elle déploré.
«C'est très frustrant»
Pour Sandra Bélanger, qui habite à Blainville, au nord de Montréal, les perturbations d'Exo ne sont que les dernières d'une série de problèmes qui ont fait de l'utilisation des transports en commun un casse-tête.
Elle a indiqué que la fermeture de la gare Lucien-L'Allier au centre-ville de Montréal plus tôt cette année pour des réparations importantes a fait passer son trajet d'une heure à une heure et demie. Elle estime que devoir prendre la navette d'Exo la semaine prochaine ajouterait au moins 20 minutes de plus à l'aller et au retour.
«Ça devient un peu invivable pour les travailleurs, parce qu'il ne faut pas oublier qu'on a des enfants», a souligné Mme Bélanger, qui doit compter sur ses parents pour aller chercher son enfant à la garderie, car elle n'arrive pas à rentrer à la maison à temps. «Ça devient vraiment impossible», a-t-elle déclaré.
Au lieu de prendre la navette, elle compte se rendre en voiture jusqu'à une station de métro à Laval et y laisser sa voiture si le service ferroviaire n'est pas rétabli lundi. Elle croit qu'elle devra arriver à 6h30 pour s'assurer d'avoir une place de stationnement.
«C'est très frustrant parce que je n'ai pas l'impression de vivre loin à la campagne. Ce n'est pas si loin», a-t-elle affirmé à propos de sa ville de résidence, située à 35 kilomètres au nord-ouest du centre-ville de Montréal.