Économie

L'entreprise de vêtements montréalaise SSENSE se met à l'abri de ses créanciers

L'entreprise a envoyé une note à son personnel.

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(ssence.com)

L'entreprise montréalaise SSENSE compte se placer sous la protection de la loi sur les faillites après avoir affirmé que ses prêteurs tentent de vendre l'entreprise sans son consentement.

L'entreprise, qui vend des vêtements et des accessoires de luxe en ligne et dans certains magasins à Montréal, a envoyé une note à son personnel jeudi matin pour l'informer de la démarche des prêteurs, en disant ne pas croire «qu'il s'agisse de la bonne voie pour nous».

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

La note, obtenue par CTV News, explique que SSENSE déposera une demande en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies «afin de protéger l'entreprise, de conserver le contrôle de ses actifs et de ses activités, et de défendre son avenir».

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La note indique que l'entreprise s'attend à ce que l'affaire soit entendue au tribunal dans les prochains jours et précise que la journée de jeudi a marqué un «tournant» pour l'entreprise, citant un développement important dans la guerre tarifaire initiée par l'administration de Donald Trump.

Le 28 août est le dernier jour de l'exemption de minimus, qui permet d'expédier aux États-Unis des colis d'une valeur maximale de 800 dollars américains en franchise de droits. Après jeudi, les frais d'expédition devraient monter en flèche, suscitant l'inquiétude des petites entreprises.

«Au cours de l'année écoulée, les conditions du marché ont changé radicalement, avec notamment une liquidité limitée sur le marché et des pressions commerciales accrues. Plus récemment, deux événements majeurs se sont produits: l'élimination de l'exemption de minimis aux États-Unis et le dépôt par notre principal prêteur d'une demande d'ouverture de procédure d'insolvabilité à l'initiative du créancier, sans notre consentement», a déclaré SSENSE dans son mémo.

«Ces événements ont provoqué une crise de liquidité immédiate qui ne pouvait être résolue par aucune solution à court terme. Après avoir exploré toutes les options, nous avons conclu que la restructuration sous l'égide de la LACC était le seul moyen de poursuivre nos activités.»

SSENSE emploie environ 1200 personnes dans le monde. Ceux-ci continueront à percevoir des salaires et des avantages sociaux, et ils pourront toujours faire valoir leurs frais professionnels pendant la procédure judiciaire, a indiqué la société à son personnel.

La société privée, fondée en 2003 par les frères Rami, Firas et Bassel Atallah, génère en moyenne 100 millions de pages vues par mois, selon un communiqué de presse de 2023. Environ 80 % de sa clientèle est âgée de 18 à 40 ans.

Des temps difficiles pour les marques de détail québécoises

La procédure de la LACC survient à un moment difficile pour les marques de vêtements québécoises. En avril, le détaillant de mode montréalais Frank And Oak a fermé neuf magasins au Canada, sa société mère ayant demandé la protection contre les créanciers en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité en décembre dernier, invoquant les difficultés liées à la pandémie de grippe aviaire COVID-19.

Le détaillant doit environ 71 millions de dollars à ses créanciers, notamment des entreprises textiles, des propriétaires et des sociétés de services publics, selon des documents judiciaires.

Le Groupe Dynamite, basé à Montréal et propriétaire des magasins de vêtements Garage et Dynamite, a également annoncé en avril qu'il prévoyait de fermer une dizaine de magasins au Canada cette année.

Selon une enquête récente du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), 58 % des détaillants de la province disent avoir constaté une baisse de leurs ventes depuis l'émergence de marques de mode rapide telles que Shein et Temu, tandis que 17 % d'entre eux ont constaté une baisse «importante» de leurs ventes.

Près d'un tiers d'entre eux (30 %) ont déclaré avoir modifié leur stratégie de vente et 13 % ont indiqué avoir dû réduire leur personnel en raison de l'arrivée des détaillants en ligne étrangers.

Dans un mémoire destiné aux consultations en prévision du prochain budget fédéral, le CQCD accuse l'industrie de la mode rapide de faire fi des normes environnementales, de favoriser la «consommation opportuniste» et de contourner les lois canadiennes en matière de fiscalité, de sécurité des produits et de droit du travail.

CTV News

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Journaliste

Joe Lofaro

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