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L'émission de Jimmy Kimmel fait son retour sur les télévisions locales

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a4c8681716b12cd2fb1c0f55ef1a8a55a2f2937289b382ab49f2eaa45db5c14e.jpg Sinclair Broadcast Group lance vendredi soir le retour de l'émission de fin de soirée de Jimmy Kimmel sur ses stations affiliées à ABC, mettant fin à une interruption de plusieurs jours dans des dizaines de villes des États-Unis. Cette image publiée par Disney montre Jimmy Kimmel animant son émission de fin de soirée «Jimmy Kimmel Live!» à Los Angeles, le mardi 23 septembre 2025. (Randy Holmes/Disney via AP) (Randy Holmes/Disney via AP)

Nexstar Media Group et Sinclair Broadcast Group ont remis en ondes vendredi soir l'émission de fin de soirée animée par Jimmy Kimmel sur leurs chaînes de télévision locales, mettant ainsi fin à plusieurs jours d'interruption de diffusion dans des dizaines de villes à travers les États-Unis.

Les deux entreprises ont suspendu l'émission le 17 septembre à la suite des propos tenus par l'humoriste après le meurtre du militant conservateur Charlie Kirk. ABC, propriété de Disney, a suspendu Kimmel le même jour, après des menaces de répercussions potentielles proférées par le président de la Commission fédérale des communications (FCC) nommé par Donald Trump.

Cette décision de vendredi signifie que «Jimmy Kimmel Live !» sera de retour sur les chaînes locales des 28 chaînes affiliées ABC de Nexstar, de Topeka (Kansas) à La Nouvelle-Orléans, ainsi que sur les 38 marchés locaux de Sinclair, de Seattle à Washington D.C.

La suspension de Kimmel a duré moins d'une semaine, tandis que l'interruption de diffusion des chaînes affiliées a duré un peu plus d'une semaine.

Au début du boycottage, Sinclair, connue pour son contenu politique conservateur, a demandé à Kimmel de présenter des excuses à la famille de Charlie Kirk. Allant plus loin, la société lui a demandé de «faire un don personnel significatif» à Turning Point USA, l'association fondée par Charlie Kirk.

Le jour de l'assassinat de Charlie Kirk, Kimmel a partagé un message de soutien à sa famille et aux autres victimes de violence armée sur les réseaux sociaux, message qu'il a réitéré lors de son retour mardi sur ABC. Il avait également qualifié l'assassinat du militant conservateur de «meurtre insensé» avant d'être retiré de l'antenne.

Les premiers commentaires de Kimmel ne visaient pas Charlie Kirk. Il a plutôt fustigé le président Donald Trump et la réponse de son administration à ce meurtre. Lors de sa première émission de retour mardi, l'humoriste ne s'est pas excusé, mais a déclaré: «Je n'ai jamais eu l'intention de minimiser le meurtre d'un jeune homme» et a reconnu que certains trouvaient ses propos «inopportuns ou ambigus, voire les deux».

Il a également utilisé un mélange d'humour et de messages percutants pour souligner l'importance de la liberté d'expression.

Sinclair, situé dans le Maryland, et Nexstar, situé au Texas, ont continué à retirer l'émission pendant trois jours, même après qu'ABC et Disney l'aient remise à l'antenne nationale.

De nouveaux épisodes de l'émission sont diffusés du lundi au jeudi. La rediffusion de vendredi soir sera celle de mardi, permettant aux téléspectateurs des stations Sinclair de suivre le retour émouvant de Kimmel. Il faudra attendre lundi pour connaître l'avis de l'animateur sur les dernières nouvelles.

Discussions sur le Premier Amendement

Dans sa déclaration de vendredi, Sinclair a souligné sa «responsabilité en tant que diffuseurs locaux de fournir une programmation qui serve les intérêts de nos communautés, tout en honorant nos obligations de diffusion de programmes de réseau national».

L'entreprise a ajouté avoir reçu des «retours constructifs de la part des téléspectateurs, des annonceurs et des responsables locaux» et avoir constaté des «actes de violence inquiétants», faisant référence à la fusillade dans le hall d'une station de Sacramento.

Sinclair a déclaré que ses propositions à Disney visant à renforcer la responsabilisation, le retour d'information et le dialogue, et à nommer un médiateur, n'avaient pas encore été adoptées.

Dans une déclaration similaire vendredi, Nexstar a indiqué apprécier la réponse de Disney à ses préoccupations et affirmer son engagement à «protéger le Premier Amendement» tout en diffusant des contenus «dans l'intérêt des communautés que nous servons».

Les deux entreprises ont affirmé que leurs décisions n'étaient influencées par le gouvernement ni par quiconque.

Les représentants de Disney ont refusé de commenter.

À la suite du boycottage de Sinclair et de Nexstar, les téléspectateurs de villes représentant environ un quart des chaînes locales affiliées à ABC se sont retrouvés privés de l'émission de fin de soirée sur les chaînes locales. Ces coupures ont exacerbé le tollé national autour des protections du Premier Amendement, notamment après la répression exercée par l'administration Trump et d'autres conservateurs sur la liberté d'expression après l'assassinat de Charlie Kirk. 

Elles ont également mis en lumière l'influence politique dans le paysage médiatique, les critiques fustigeant les entreprises qu'elles accusent de censurer les contenus.

Une relation «trop importante» avec Disney

Avant sa suspension, Kimmel s'en est pris au président et à ses partisans du groupe MAGA («Rendre à l'Amérique sa grandeur») pour leur réaction au meurtre de Charlie Kirk. Kimmel a déclaré que cette réaction incluait des «accusations» et des tentatives de qualifier le tireur présumé de «tout autre chose que l'un d'eux».

Ces remarques ont suscité la colère de nombreux partisans de Kirk, ainsi que du président de la FCC, Brendan Carr, qui a accusé Kimmel d'avoir semblé «induire directement en erreur le public américain» par ses propos sur l'homme accusé du meurtre. Avant la suspension de Kimmel, M. Carr a averti que Disney et les filiales locales d'ABC pourraient subir des répercussions si l'humoriste n'était pas sanctionné.

Il a ensuite félicité Sinclair et Nexstar pour leur décision d'empêcher la diffusion de l'émission.

Le jour de l'interruption totale, Jason Smith, vice-président de Sinclair, a qualifié les commentaires de Kimmel d'«inappropriés et profondément insensibles» et a affirmé que la suspension d'ABC n'était pas suffisante. M. Smith a ajouté que Sinclair avait apprécié les commentaires de M. Carr et a appelé à des «mesures réglementaires immédiates».

Si les chaînes de télévision locales affiliées diffusent leurs propres programmes, comme les informations locales, elles concluent également des contrats avec de plus grands diffuseurs nationaux et les rémunèrent pour la diffusion de leurs contenus nationaux, se partageant ainsi les revenus publicitaires et les redevances des câblodistributeurs.

Matthew Dolgin, analyste actions senior au sein du cabinet d'études Morningstar, a expliqué ne pas être surpris par le retour de Kimmel au sein des chaînes locales.

«La relation avec Disney est bien trop importante pour que ces entreprises la mettent en péril», a ajouté M. Dolgin. 

Et, abstraction faite des droits légaux de chaque partie, «Disney aurait été libre de transférer ses accords d'affiliation ailleurs en 2026 si ces relations étaient trop difficiles. Ce scénario aurait été dévastateur pour Nexstar et Sinclair», a-t-il précisé.