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L'Égypte menace de suspendre son traité de paix avec Israël si des troupes israéliennes sont envoyées dans la ville frontalière densément peuplée de Rafah, où elle craint que les combats n'obligent à fermer la principale route d'approvisionnement en aide humanitaire du territoire assiégé, ont déclaré deux responsables égyptiens et un diplomate occidental dimanche.
La menace de suspendre les accords de Camp David, pierre angulaire de la stabilité régionale depuis près d'un demi-siècle, a fait surface après que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré que l'envoi de troupes à Rafah, tout près de Gaza, était nécessaire pour gagner la guerre contre le Hamas. Il a précisé que le Hamas y dispose toujours de quatre bataillons.
Plus de la moitié des 2,3 millions d'habitants de Gaza ont fui vers Rafah pour échapper aux combats dans d'autres régions. Ils sont entassés dans des camps et des abris gérés par l'Organisation des Nations unies (ONU) près de la frontière. L'Égypte craint un afflux massif de centaines de milliers de réfugiés palestiniens qui pourraient ne jamais être autorisés à rentrer chez eux.
Le premier ministre israélien a déclaré à l'émission télévisée américaine «Fox News Sunday» qu'il y avait «beaucoup de place au nord de Rafah pour eux» après l'offensive israélienne ailleurs à Gaza. Benyamin Netanyahou a indiqué qu'Israël dirigerait les évacués notamment avec «des dépliants, des téléphones portables et des couloirs sûrs».
L'impasse entre Israël et l'Égypte, deux proches alliés des États-Unis, a pris forme alors que les groupes d'aide ont averti qu'une offensive à Rafah aggraverait la situation humanitaire catastrophique à Gaza, où environ 80% des habitants ont fui leurs maisons et où, selon l'ONU, un quart de la population est confrontée à la famine.
Une opération militaire terrestre à Rafah pourrait couper l'une des seules voies pour livrer à Gaza les denrées alimentaires et les fournitures médicales dont les gens ont cruellement besoin.
La chaîne de télévision Al-Aqsa du Hamas a cité un responsable anonyme du Hamas qui a déclaré que toute invasion de Rafah «ferait sauter» les pourparlers médiatisés par les États-Unis, l'Égypte et le Qatar visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages israéliens.
Le président américain Joe Biden et Benyamin Netanyahou devaient avoir un entretien plus tard dimanche, selon deux responsables de l'administration qui ont parlé à The Associated Press sous couvert d'anonymat.
La semaine dernière, le président Biden a déclaré que la réponse militaire d'Israël à Gaza était «exagérée».
Le ministère de la Santé palestinien, contrôlé par le Hamas, a indiqué dimanche la découverte de 112 corps sur l'ensemble du territoire à Gaza au cours des dernières 24 heures et que 173 personnes blessées ont été transportées à l'hôpital. Le bilan s'est alourdi à 28 176 morts depuis le début de la guerre, selon les autorités palestiniennes.
La guerre a commencé avec l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre dernier. Les combattants palestiniens ont tué quelque 1200 personnes, principalement des civils, et en ont enlevé environ 250 personnes. Plus de 100 otages ont été libérés en novembre lors d'un cessez-le-feu d'une semaine en échange de 240 prisonniers palestiniens. Certains des otages restants sont morts.