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«La baisse des taux d'intérêt devrait avoir un impact positif sur l'économie.»
Les économies canadienne et québécoise devraient mieux se porter l'an prochain, malgré certains «nuages» qui se pointent à l'horizon, selon des experts venus parler de leurs perspectives économiques pour 2025 devant des membres du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
«La baisse des taux d'intérêt devrait avoir un impact positif sur l'économie. À mesure que les taux d'intérêt baissent, on devrait voir plus de consommation, plus de mises en chantier», a indiqué le vice-président, recherche et économiste en chef à la Banque de développement du Canada (BDC), Pierre Cléroux, lors du panel, jeudi.
Néanmoins, il y a «deux nuages» à surveiller, selon lui: les nouvelles cibles à la baisse en immigration au pays et l'incertitude causée à la suite de l'élection présidentielle américaine. «Ceci dit, on pense toujours que la croissance économique en 2025 sera supérieure à 2024», soutient-il.
Un optimisme partagé par l'économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean. Le congé de la TPS pendant deux mois et les chèques de 250 $ offerts par le fédéral devraient «booster la croissance, au prix d'une détérioration budgétaire», a-t-il dit.
Par ailleurs, la menace du président élu américain Donald Trump d'imposer des tarifs de 25 % sur les produits canadiens pourrait venir stimuler les exportations des entreprises canadiennes en amont, avance M. Jean.
«On voit déjà les entreprises américaines s'affairer à rebâtir leurs inventaires. (...) Je m'attends à ce que dans les prochains mois les chiffres de balance commerciale montrent énormément d'importations du côté des États-Unis pour devancer l'effet des tarifs. Ça va être un effet positif pour les partenaires commerciaux des États-Unis», évoque-t-il.
Si Donald Trump concrétise sa menace, les répercussions pourraient plutôt se faire ressentir à partir de 2026. Puisqu'il sera difficile d'imposer de manière effective de nouveaux tarifs avant la moitié de 2025, estime M. Jean, même si le président élu souhaite aller de l'avant dès le premier jour de son mandat.
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Le premier vice-président et chef des marchés liquides à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Vincent Delisle, croit également qu'on peut être optimiste pour les prochains mois.
«Il ne faut pas sous-estimer la capacité des marchés à s'adapter rapidement. Regardez juste les cinq dernières années, le lot d'événements inquiétants qui sont arrivés. On regarde la performance économique, la performance des marchés, on s'en est bien tiré», a-t-il souligné.
Selon lui, l'inflation reste un risque à surveiller en 2025. «Si on parle de défis migratoires, de baisse d'impôts (aux États-Unis), de tarifs, il pourrait y avoir une pression qui revient sur l'inflation», expose-t-il.
Toute cette incertitude que crée la question des tarifs américains pourrait entraîner un ralentissement des investissements des sociétés canadiennes au cours des prochains mois, et ce, même si la nouvelle administration Trump décidait de reculer sur ses intentions, avance M. Cléroux.
«Si vous avez 50 % de votre production qui s'en va aux États-Unis, évidemment, tout ce qui se passe présentement, ce n'est pas un encouragement pour investir. (...) M. Trump va peut-être nous garder sur le qui-vive pendant quatre ans. Donc, pour beaucoup d'entreprises, ça veut dire un attentisme pour voir ce qui va se passer vraiment», s'inquiète-t-il.
Plusieurs entreprises d'ici ont décidé d'avoir un centre d'opérations au sud de la frontière. Cette décision sera «payante», puisqu'elle facilite la vente en sol américain. Et cette stratégie risque de s'accélérer avec l'élection du 5 novembre, croit M. Cléroux.
Mais pour améliorer leur niveau de productivité ou de compétitivité face à leurs concurrents américains, les compagnies canadiennes doivent investir davantage dans les technologies, a-t-on fait valoir lors du panel animé par la vice-présidente stratégies, main-d’œuvre et développement durable chez Investissement Québec, Mia Homsy.
«On le voit dans nos recherches, les entreprises québécoises ou canadiennes qui investissent en automatisation, en technologie performent bien mieux que les autres», affirme M. Cléroux.