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Après avoir connu un nombre d'échecs anormalement élevé à l'automne 2022, puis au printemps 2023, voilà que les taux de réussite à l'examen d'admission pour les infirmières ont grimpé en flèche. Ils sont passés de 63 % en septembre 2023 à 92 % pour l'examen tenu le 26 mars dernier.
Les milieux cliniques pourront ainsi compter sur 1702 infirmières et infirmiers issus de la relève. Sur la plateforme X, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a félicité les étudiantes qui ont réussi l'examen et il a souligné qu'«on a besoin de ces infirmières qualifiées dans le réseau».
Il s'agit toutefois d'un nombre moins élevé d'infirmières qui sont prêtes à joindre le réseau de la santé de façon autonome. En septembre 2023, c'était 1940 candidates qui avaient réussi l'examen.
Rappelons que les résultats à l'examen d'admission de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) avaient chuté de façon draconienne en septembre 2022 pour atteindre un taux de réussite de 51,4 %. En mars 2022, ils étaient toujours très bas avec un taux de 53,3 %.
En 2023, l'OIIQ a mis en place des mesures administratives qui ont eu pour effet de rehausser le taux de réussite à 63 % pour septembre 2023.
On essaie de s’expliquer ces résultats, a commenté en entrevue Yves de Repentigny, vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), responsable du regroupement cégep. «C’est surprenant puisque pas plus tard qu’un an et demi, en septembre 2022, on était à 51 %. (…) On n’a rien vu de semblable depuis septembre 2020», souligne-t-il.
L'OIIQ a indiqué à La Presse Canadienne qu'elle n'accorderait pas d'entrevue sur les résultats à l'examen dévoilés mercredi. Dans un communiqué, il commente que «les stratégies déployées à la réussite de l'examen et la collaboration soutenue avec les différents partenaires ont porté fruit».
L'examen tenu en mars 2024 était le premier à avoir la possibilité de prendre en compte l'ensemble des recommandations du Commissaire à l'admission aux professions. Dans un rapport publié l'an dernier, Me André Gariépy concluait que les taux d'échecs élevés étaient dus à «des failles et fragilités de l'examen».
Également pour remédier aux difficultés de l'examen, l'Office des professions du Québec a annoncé en novembre la nomination de Marie Rinfret comme accompagnatrice de l'OIIQ. Elle a pour rôle d'appuyer l'Ordre dans le processus de révision de son examen et d'amélioration de sa gouvernance.
L'Ordre a fait savoir qu'il est «en bonne posture» pour cesser d'appliquer les mesures d'assouplissement qui étaient en vigueur depuis janvier 2023. Cela comprend le nombre d'essais et des dispositions réglementaires par rapport au délai de réussite de l'examen.
Les candidates reviendront donc à la limite de trois essais pour réussir l'examen, alors que les assouplissements avaient rendu illimité le nombre de tentatives.
«On s’interroge sur le retour de l’imposition d’une limite de trois passations d’examen pour les candidates à la profession, a déclaré M. de Repentigny. On est quand même en pénurie de main-d’œuvre, mais on comprend la nécessité de s’assurer que les personnes candidates à la profession soient aptes à travailler et ça prend de hauts standards professionnels dans un milieu où parfois ce sont des questions de vie ou mort.»
Il ajoute que les personnes candidates qui ont réussi l'examen au-delà de trois tentatives ont tout de même rectifié le tir et atteint le niveau de compétence requis. «On n'a pas de position claire, mais on s’interroge là-dessus», précise-t-il.
Les personnes candidates qui le souhaitent pourront continuer à bénéficier des mesures d'accompagnement pour l'aide à la préparation de l'examen, ce que salue la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec.
L'OIIQ avait évoqué que la pandémie avait pu jouer un rôle dans les résultats plus faibles obtenus en 2022 et 2023. M. de Repentigny refuse cette explication, soulignant que les cohortes qui ont passé l’examen en 2024 ont pour la plupart commencé leur parcours au cégep à l’automne 2020 ou à l’hiver 2021. «Donc ce sont des gens qui ont été en pleine pandémie aussi», fait-il valoir.
La note de passage pour cette session d’examen est de 57 % alors qu'elle était de 53 % en septembre 2022. Cela ne semble pas avoir été un facteur de réussite, indique M. de Repentigny, puisqu'il y a eu un meilleur taux avec une note de passage plus haute.
Selon M. de Repentigny, il faudrait faire la lumière sur ce qui explique l'augmentation des taux de réussite, mais il est difficile de déterminer ce qui a eu un effet en raison de l'«opacité de l'examen».
«Le problème c’est qu’il y a une opacité au niveau de l’examen. On ne sait pas de quoi il a l’air, on ne sait pas c’est quoi le niveau des questions. L’Ordre nous jure de ses grands dieux que l’examen est toujours demeuré inchangé en termes de style de questions et de niveau de complexité, mais on n'en a aucune idée», affirme M. de Repentigny.
Il espère que les mesures mises en place et l'accompagnement de Mme Rinfret auront un effet à long terme sur les résultats, mais aussi sur le nombre de candidates qui s'inscrivent à l'examen.
L'OIIQ soutient que les travaux d'amélioration du processus de l'examen se poursuivront. Les candidates qui n'ont toujours pas réussi l'examen professionnel devront se présenter à la prochaine session d'examen en septembre 2024.