Plus de 15 ans après les faits, la police a élucidé un meurtre qui demeurait jusqu’ici non résolu, alors que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a dévoilé mercredi qu'il avait identifié le meurtrier de Catherine Daviau, tuée en 2008.
Le SPVM l’a annoncé en après-midi dans une conférence de presse de la commandante Mélanie Dupont, cheffe de la Section des crimes majeurs, de la directrice générale du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML), Suzanne Marchand, ainsi que de la directrice générale en biologie et ADN du LSJML, Diane Séguin.
«Au fil des ans, plusieurs stratégies d'enquête ont été déployées. Plusieurs centaines d'informations ont été traitées afin d'élucider ce meurtre non résolu [...] Nous n'avons toutefois jamais abandonné», a lancé Mme Dupont en conférence de presse.
L’assassin de Catherine Daviau, 26 ans, est Jacques Bolduc, qui est mort de cause naturelle apparente en septembre 2021 alors qu'il purgeait une sentence à l'Établissement Archambault pour deux vols qualifiés et tentative de meurtre avec une arme à feu. Les autorités ont relevé qu'il n'avait jamais été épinglé pour des infractions sexuelles dans le passé.

«Il n'était pas un proche de Mme Daviau. Les éléments de preuve recueillis au cours de l'enquête criminelle nous ont permis de comprendre qu'il aurait communiqué avec elle quelques jours avant le meurtre après qu'elle a mis en vente sa voiture sur les petites annonces en ligne», a révélé la commandante, qui a dit espérer que ce dénouement puisse apporter aux proches de la victime un sentiment de quiétude.
Bolduc avait laissé de l’ADN sur un mégot de cigarette oublié sur la scène du crime en 2008. Or, grâce à la nouvelle technologie de généalogie génétique, le SPVM a identifié. le meurtrier, comme ce fut le cas dans le dossier du meurtre de la Montréalaise Sharron Prior survenu il y a une cinquantaine d’années.
Le meurtrier s’était servi du parfum de la victime comme accélérant pour incendier la scène du crime. C’est en enquêtant sur cet incendie survenu dans un triplex de la 5e avenue, dans le quartier montréalais de Rosemont en 2008, que la police a découvert le corps de Catherine Daviau.
Le corps de la victime présentait des traces de violence et d'agression sexuelle.
Le SPVM soupçonnait depuis longtemps que le meurtrier a tenté de dissimuler son crime en mettant le feu à l'appartement. Depuis plusieurs années, la police soupçonnait l'auteur du crime de connaître Mme Daviau et qu'elle l'a laissé entrer dans l'appartement, car il n'y avait aucun signe d'effraction.
L'agression a eu lieu peu après que Mme Daviau fut rentrée du travail.
À ce jour, le SPVM compte plus de 800 dossiers non résolus, dont la plupart concernent des événements survenus avant 2010 et majoritairement avant les années 2000. Seize enquêteurs sont affectés à ces cas.
La science au service des enquêteurs
Suzanne Marchand a relevé que dès décembre 2008, le Laboratoire a été en mesure d'établir le profil génétique masculin du suspect. «Malheureusement, il n'y a eu aucune concordance entre ce profil et ceux présents dans la Banque nationale de données génétiques. Le travail de recherche et concordance s'est poursuivi dès 2009. Plus de 100 échantillons d'individus ont été analysés et comparés. Nous avons également utilisé de nouvelles technologies pendant cette période», a-t-elle expliqué.
C'est en 2021 que le Laboratoire a initié des recherches en généalogie génétique, une technique permettant d'effectuer des recherches dans des banques de généalogie récréative à partir des profils de suspects. Plusieurs individus ont alors pu être ciblés. «En août 2025, le Laboratoire a confirmé scientifiquement aux enquêteurs que l'ADN du suspect retrouvé sur la scène de crime correspondait à celui de Jacques Bolduc», a indiqué Mme Marchand.
«Aux familles et aux proches de victimes de dossiers non résolus qui pensent que leur dossier a peut-être été mis de côté, je peux vous assurer que ce n'est pas le cas. Au Laboratoire, nous revisitons régulièrement les dossiers à la lumière des avancées scientifiques et des nouvelles informations provenant des enquêteurs.»
Une nouvelle priorité du SPVM
Le SPVM et sa section des crimes majeurs ont fait de ses enquêtes de meurtres non résolus une priorité pour l’année 2025. Noovo Info a appris en février dernier qu’une nouvelle structure serait mise en place pour redonner un nouveau souffle aux 800 dossiers ouverts dans la métropole depuis 1975.
De nouveaux enquêteurs ont été embauchés pour créer une équipe totalisant 16 policiers qui travaillent à élucider les homicides restés sans réponse, et ce, à temps plein.
Avec de l'information de Marie-Michelle Lauzon pour Noovo Info et de CTV News.
Note de la rédaction: la version initiale de cet article expliquait que Jacques Bolduc avait pu être identifié en exhumant son corps. Or, ce ne fut pas le cas. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.


