Le Sénat américain a rejeté vendredi des mesures visant à financer les agences fédérales pendant quelques semaines, à l'occasion du début du nouvel exercice budgétaire le 1er octobre, ce qui accroît les risques d'une paralysie partielle du gouvernement à cette date.
Les dirigeants des deux partis ont cherché à rejeter la responsabilité de ce bras de fer sur l'autre camp. Les démocrates ont accusé les républicains de ne pas avoir négocié avec eux pour répondre à certaines de leurs priorités en matière de santé dans le cadre de la mesure de financement, alors même qu'ils savaient que des votes démocrates seraient nécessaires pour soumettre un projet de loi au président.
Les républicains ont affirmé que leurs demandes entraîneraient une augmentation drastique des dépenses et qu'elles n'étaient pas pertinentes pour la question fondamentale du maintien du fonctionnement complet des agences pendant une courte période, le temps que les négociations se poursuivent sur une mesure de dépenses annuelle.
«Le projet de loi républicain est une résolution claire, non partisane et à court terme visant à financer le gouvernement afin de nous donner le temps de mener à bien le processus d'approbation des crédits. Or, le projet de loi démocrate est tout le contraire, a déclaré le chef de la majorité au Sénat, John Thune, peu avant les votes. C'est ce qu'on pourrait appeler, non pas une réforme républicaine propre, mais une réforme républicaine sale, chargée de politiques partisanes et de séductions pour la base gauchiste des démocrates.»
La proposition démocrate prolongerait les subventions d'assurance maladie améliorées qui devaient expirer à la fin de l'année, et annulerait les coupes dans Medicaid incluses dans le projet de loi républicain sur les importants allégements fiscaux et les réductions des dépenses, adopté plus tôt cette année.
«Le peuple américain observera ce que font les républicains, ce que font les démocrates, et il sera clair que l'opinion publique sera de notre côté», a affirmé le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, de New York, qui a menacé à plusieurs reprises de paralysie si la situation du système de santé n'était pas réglée.
Cette décision du Sénat fait suite à l'adoption, plus tôt dans la journée, par la Chambre des représentants du projet de loi de financement, porté par les républicains. Cette mesure prolongerait le financement gouvernemental à ses niveaux actuels pendant sept semaines.
Le projet de loi ajouterait également environ 88 millions $ US au financement de la sécurité des législateurs, des membres de la Cour suprême et du pouvoir exécutif, à la suite de l'assassinat du militant conservateur Charlie Kirk.
Le vote s'est soldé par 217 voix contre 212. Le représentant Jared Golden, du Maine, était le seul membre démocrate à soutenir le projet de loi.
Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, de Louisiane, a mentionné qu'il savait qu'il ne disposait que de peu de voix pour convaincre ses collègues républicains de voter en faveur du plan de financement, une mesure à laquelle de nombreux membres de sa conférence se sont régulièrement opposés lors des précédentes batailles budgétaires.
Mais cette fois, les membres du Parti républicain voient l'occasion de présenter les démocrates comme responsables de la paralysie du gouvernement.
«La balle est dans le camp de Chuck Schumer. J'espère qu'il fera ce qu'il faut. J'espère qu'il ne choisira pas de paralyser le gouvernement et d'infliger des souffrances au peuple américain», a ajouté M. Johnson.
Le président Donald Trump avait exhorté les républicains de la Chambre à adopter le projet de loi et avait laissé aux démocrates la responsabilité de s'y opposer. Les dirigeants républicains ont souvent besoin de l'aide de Donald Trump pour convaincre les réfractaires à une législation.
«Tous les républicains de la Chambre devraient s'unir et voter oui !», a soutenu M. Trump sur son réseau social.
Le chef de file démocrate Hakeem Jeffries a avancé qu'en s'opposant au maintien de la résolution, les démocrates œuvraient à la protection des soins de santé du peuple américain. Il a ajouté qu'avec le contrôle des républicains à la Maison-Blanche et aux deux chambres du Congrès, «les républicains seront maîtres d'une paralysie du gouvernement. Point final».
Après le vote de la Chambre, le Sénat a réagi rapidement pour se saisir de la mesure et de la contre-proposition démocrate. Aucun des deux n'a obtenu les 60 voix nécessaires à son adoption. On ignore encore comment les choses évolueront.
Les sénateurs pourraient alors quitter la ville jusqu'au 29 septembre, soit la veille de la date limite de la paralysie. Le Sénat est en vacances parlementaires la semaine prochaine en raison de Rosh Hashana, le Nouvel An juif.
