Le 30 juillet 2003, environ 450 000 à 500 000 personnes se sont réunies au parc Downsview pour ce qui était officiellement appelé le concert Molson Canadian Rocks pour Toronto, mais plus communément appelé SARSstock ou SARSfest. Avec une telle foule, c'était le plus grand concert de l'histoire du Canada.
L'idée de SARSfest a été conçue par Dennis Mills, alors député de Toronto—Danforth, qui avait réfléchi avec la ville sur la façon de relancer l'économie de Toronto après le SRAS, aussi connu sous le nom de syndrome respiratoire aigu sévère.
Quand l'Organisation mondiale de la santé avait déclaré que l'épidémie mondiale était contenue et que les limitations imposées aux voyageurs pour la plus grande ville du Canada avaient été levés, des efforts ont immédiatement commencé à ramener les gens à Toronto – donnant naissance à l'un des plus grands événements musicaux du pays.
Le SARSfest n'a pas été un événement facile à organiser par tous les moyens. M. Mills, qui s'est associé au sénateur de l'époque, Jerry Grafstein, pour organiser le concert, relate que l'événement a été un succès grâce à la coopération de nombreux ordres de gouvernement et à une série de «coups de chance».
«Au départ, la plupart des gens de la ville voulaient me lapider, se rappelle M. Mills. Ils ne voulaient aucune part de moi parce que je suggérais que nous, le gouvernement, intervenions. Et puis finalement, quand nous avons impliqué Molson, tout le monde s'est rangé de notre côté.»
Une fois le financement privé obtenu pour payer les artistes, M. Mills devait encore convaincre le chef de la police de Toronto, la ville et les gouvernements provincial et fédéral d'appuyer l'idée d'un festival massif organisé en 10 semaines.
«Mais ce qui s'est passé, c'est que la volonté de toute notre communauté s'est réunie et s'est tenue par la main», relate M. Mills, qui se souvient que de nombreuses personnes ont participé à divers défis logistiques liés à l'organisation de l'événement.
Camaraderie sur scène et en coulisses
D'abord une collecte de fonds pour les travailleurs de la santé et de l'hôtellerie, le concert a accueilli sur scène les Rolling Stones, qui avaient accepté de reporter leur tournée européenne pour participer au spectacle, AC / DC, Justin Timberlake et des artistes canadiens tels que Rush, The Guess Who, Kathleen Edwards et Blue Rodeo. Le groupe La Chicane représentait le Canada francophone.
Des billets ont été vendus pour seulement 21,50 $.
L'acteur canadien Dan Aykroyd avait animé l'événement. Les comédiens Jim Belushi et Catherine O'Hara y ont aussi fait des apparitions.
Le leader du groupe canadien Blue Rodeo, Jim Cuddy, se souvient avoir reçu l'appel téléphonique leur demandant de se produire cinq jours avant le concert.
Après une représentation à Vancouver la veille au soir, les membres de la formation musicale ont dû être escortés hors de la salle en pousse-pousse, avec la police courant à leurs côtés, afin qu'ils puissent prendre leur vol vers Toronto à temps.
Une fois arrivés, il se souvient du guitariste des Rolling Stones, Keith Richards, et des membres d'AC/DC se promenant dans les coulisses, où ils ont tous pris des photos ensemble.
«La camaraderie entre tous les groupes était remarquable», témoigne M. Cuddy, qui n'avait jusqu'alors jamais vu une foule aussi nombreuse de sa vie.
Souvenirs impérissables
Le SARSfest a fait boule de neige pour devenir l'un des événements les plus importants de l'histoire de Toronto, donnant aux résidants et aux touristes l'assurance que la vie normale dans la ville était de retour.
Allison Dubé de Hamilton, en Ontario, avait 17 ans lorsqu'elle est allée au SARSfest avec son père et son frère. Elle se souvient d'avoir pris un train GO bondé tôt le matin pour se rendre au concert. Une journée épuisante, mais différente de tout ce qu'elle a vécu depuis avec l'énergie de la foule et des artistes, témoigne-t-elle.
Le SRAS avait été une expérience stressante, surtout pour sa mère qui était infirmière à l'époque. Pour elle, le concert a marqué la fermeture d'un chapitre de l'épidémie de SRAS.
Mme Dubé a conservé un t-shirt noir qu'elle a reçu de l'événement avec un logo Molson et la programmation des artistes au dos, qui sert de souvenir d'une époque où beaucoup de gens n'avaient pas d'appareil photo avec eux.
« Je pense que cela a été un grand changement dans les concerts. Comme avec les téléphones et l'enregistrement - il n'y en avait pas, donc il fallait vraiment être là», estime-t-elle.
Dara Avenius et son amie Ashley Castle gardent de bons souvenirs du concert. Le duo, qui avait au début de la vingtaine à l'époque, a conduit huit heures avec la mère de Mme Castle à partir du nord de l'État de New York — leur premier voyage au Canada.
Elles n'avaient entendu parler du concert que quelques jours auparavant et se sont convaincues qu'ils devaient y aller à cause des prix des billets bon marché et de la perspective de voir AC/DC et les Rolling Stones sur scène.
«Ils étaient fantastiques, se souvient Mme Castle à propos de la performance des Rolling Stones. C'était incroyable. Nous sommes descendus aussi près que possible de l'avant et nous nous sommes en fait assez rapprochés de la scène.»
Mme Avenius, qui était une admiratrice d'AC/DC, se souvient de la chaleur des flammes provenant de la scène.
«C'était au centre de l'été, donc il faisait très chaud, témoigne-t-elle. Je ne pense pas avoir déjà été à un festival aussi important.»
«Vingt ans plus tard, les gens viennent encore me voir et me disent : "J'y étais, j'ai passé un bon moment", témoigne Dennis Mills. Les gens qui sont allés à cet événement en gardent un souvenir impérissable.»
