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Cette tendance TikTok tourne en dérision le maquillage des femmes conservatrice
Une nouvelle tendance maquillage a pris d’assaut TikTok – avec, en toile de fond (de teint), une caricature politique. Baptisée «Republican Makeup» ou «MAGA Makeup», elle tourne en dérision le style cosmétique associé aux femmes conservatrices américaines: fond de teint orangé, contouring exagéré, mascara grumeleux et eyeliner bien épais.
Selon plusieurs médias, la TikTokeuse Suzanne Lambert serait à l’origine du phénomène. La tendance a rapidement explosé. Mais derrière ce trend viral se cache peut-être une moquerie teintée de misogynie, voire de classisme.
Pour Diane Lamoureux, professeure émérite au Département de science politique de l’Université Laval et figure de premier plan des études féministes au Québec, cette tendance rate sa cible. «On ne peut pas dire que les femmes républicaines sont celles qui ont le plus d’influence dans la mouvance MAGA» souligne-t-elle.
«La gauche démocrate aux États-Unis veut faire ressortir à quel point il y a un esprit d'obéissance chez les femmes républicaines», estime quant à elle Annie Cloutier, sociologue spécialisée en féminisme et professeure au Cégep Garneau. Elle souligne que le message implicite derrière cette tendance est que ces femmes se conforment à un idéal ultra-féminin, presque uniforme, dans l’objectif de correspondre aux critères de beauté dictés par une droite masculine.
«On se présente de façon très typée, très féminine. En mettant ça de l'avant – en pointant ça du doigt, [les femmes démocrates sur TikTok] essayent l'attaque par le ridicule», résume-t-elle.
Mais selon la sociologue, les féministes de gauche pourraient bien «se tirer dans le pied» avec cette tendance. «Attaquer l’apparence des femmes, ça se retourne toujours contre nous, les femmes» mentionne-t-elle.
«Ça revient toujours à mettre l’accent fatalement sur ce à quoi on ressemble, plutôt que sur ce qu’on est capable d’accomplir», déplore Annie Cloutier. Cette moquerie semble renforcer un piège bien trop fréquent en politique: les femmes sont jugées d’abord sur leur apparence, avant leurs idées.
Pour Diane Lamoureux, dont les travaux académiques se situent au croisement entre politique et féminisme, il faut éviter de voir de la misogynie partout. Selon elle, ce n’est pas tant une attaque misogyne qu’un règlement de comptes générationnel et social. «Ce sont des jeunes femmes qui rient des gens qui n’appartiennent pas à leur tranche d’âge, à leur classe sociale», croit la chercheuse.