Santé

«Le repas le plus important de la journée»: les ados québécois délaissent le déjeuner

26% des élèves québécois sautent le déjeuner, un chiffre qui a doublé depuis 2010 selon une récente enquête

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(Envato Elements)

Plus d’un quart des élèves du secondaire au Québec sautent le déjeuner avant d’aller en classe, selon l'Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2022–2023. Une proportion qui a doublé au cours de la dernière décennie.

Cette enquête, menée par l’Institut de la statistique du Québec auprès de 70 825 élèves provenant de 483 écoles secondaires, se base sur les habitudes alimentaires déclarées lors de la semaine précédant le sondage. Le constat: 26% des étudiants du secondaire n’ont pas consommé d’aliments ou de boissons avant de se présenter à leurs cours.

«La fameuse phrase selon laquelle le déjeuner est le repas le plus important de la journée, ça provient d’une campagne marketing, (...) pas de données scientifiques», explique Myriam Beaudry, nutritionniste-diététiste.

L’idée est apparue en 1917 sous la plume de la diététicienne américaine Lenna F. Cooper dans le magazine Good Health. Or, ce magazine appartient à John Harvey Kellogg, pionnier des céréales, dont les intérêts commerciaux sont évidents. Ce slogan a marqué les esprits et s’est tranquillement imposé comme une vérité dans l’imaginaire collectif.

Sauter le déjeuner… et compenser plus tard

«Les gens qui ont tendance à ne rien manger le matin finissent souvent par compenser plus tard, et les gens ne se tournent pas souvent vers des choix très nutritifs», évoque Myriam Beaudry. Elle fait référence aux fringales qui surviennent en matinée ou en après-midi, souvent comblées par des choix alimentaires moins nutritifs. «C’est là où les gens vont rapporter des situations comme: “je suis passée au travers d’une rangée de biscuits sans m’en rendre compte”», illustre-t-elle.

Pour éviter ces situations, un déjeuner nutritif est clé. «Un bon déjeuner, ça contient des protéines et des glucides. Par exemple, des toasts de grains entiers avec du beurre d’arachide, accompagnées d’un yogourt, d’un verre de lait ou encore d’un œuf, c’est idéal», suggère la nutritionniste.

Le jeûne intermittent: une solution?

Avec la popularité croissante du jeûne intermittent, certains voient le fait de sauter le déjeuner comme un choix bénéfique. Mais, selon Myriam Beaudry, les recherches actuelles ne soutiennent pas cette idée.

«Ce qui est rapporté dans la littérature scientifique, c’est que le jeûne intermittent n’apporte pas d’avantages supplémentaires par rapport à quelqu’un qui mangerait ses trois repas par jour à des heures régulières, avec une alimentation variée et équilibrée», affirme-t-elle.

«Ce qui compte, c’est d’écouter son corps», nuance-t-elle, en reconnaissant que le jeûne intermittent peut convenir à certaines personnes.

Un repas à repenser, pas à imposer

Pour Myriam Beaudry, l’essentiel c’est de repenser le déjeuner; pas de le voir comme une obligation, mais comme une opportunité. «Si tu n’as pas faim au réveil, ce n’est pas grave. L’important, c’est de ne pas passer plusieurs heures sans manger. Apporter une collation, comme un smoothie ou un muffin, et la consommer plus tard dans la matinée, c’est une excellente alternative.»

L’objectif: rester à l’écoute de son corps et de ses besoins. Si le déjeuner peut aider à bien commencer la journée, il n’y a pas une seule façon de bien manger.