Économie

Le ralentissement des dépenses de consommation pénalise les petites entreprises

Plus de 286 000 entreprises ont manqué au moins un paiement de crédit au deuxième trimestre.

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022cfff63061e3657d9d1793d85a96783ab63ecdd7936245351099f93a9aa3e2.jpg Le dernier rapport d’Equifax Canada sur les tendances du crédit aux entreprises indique que plus de 286 000 entreprises ont manqué au moins un paiement de crédit au deuxième trimestre. Des gens se promènent au centre commercial Rideau Centre le lendemain de Noël à Ottawa, le lundi 26 décembre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Spencer Colby (Spencer Colby | La Presse canadienne)

Partout au Canada, les petites entreprises font face à des difficultés, les consommateurs réduisant leurs dépenses et naviguant dans un contexte commercial complexe, selon un nouveau rapport d’Equifax Canada.

Plus de 286 000 entreprises ont manqué au moins un paiement de crédit au deuxième trimestre, soit une hausse de 5,6 % par rapport à l’année précédente, selon le rapport sur les tendances du crédit à la consommation publié mardi par l’agence.

Des niveaux d’arriérés plus élevés étaient «attendus dans une certaine mesure», affirme Jeff Brown, chef des solutions commerciales à Equifax Canada, tout en ajoutant être surpris par l’ampleur de la hausse.

«Lorsque nous constatons que les niveaux d’arriérés stagnent au-dessus de 5 % de croissance sur un an, c’est le signe que quelque chose se passe sur notre marché ou que des difficultés se profilent», ajoute-t-il.

Le rapport suggère que les secteurs liés au commerce international et aux dépenses discrétionnaires de consommation sont particulièrement sous pression.

Les niveaux d’arriérés dans les secteurs sensibles à la consommation, comme l’hébergement et la restauration, le commerce de détail et les arts et divertissements, restent élevés sur un an.

Les entreprises d’hébergement et de restauration ont vu leurs impayés bondir de 29,5 %, tandis que ceux du commerce de détail ont augmenté de 13,3 %. Les entreprises du secteur des arts, du spectacle et des loisirs ont vu leurs arriérés augmenter de 7,5 %.

Cette hausse des impayés s’explique par le fait que les consommateurs ont limité leurs dépenses face à la hausse du coût de la vie.

M. Brown indique que le coût des produits essentiels, comme l’épicerie et le loyer, a continué de grimper, ce qui a eu un impact sur les budgets des ménages, et ce qui pourrait potentiellement laisser moins de place aux dépenses non essentielles.

Le rapport précise que les dépenses moyennes par carte de crédit ont diminué de 0,4 % par rapport à juin 2024, après l’ajustement tenant compte de l’inflation.

Effets de la guerre commerciale

M. Brown souligne que, de manière générale, les entreprises subissent les effets du ralentissement économique, tandis que nombre d’entre elles doivent encore rembourser d’importantes dettes liées à la pandémie.

«Lorsque les consommateurs hésitent à dépenser et que l’incertitude commerciale frappe certains secteurs, c’est un véritable défi», affirme M. Brown.

L’économie canadienne subit la pression des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump, et le secteur manufacturier est l’un des plus durement touchés.

Alors que de nombreux exportateurs s’adaptent pour garantir l’admission de leurs marchandises aux États-Unis en franchise de droits de douane en vertu de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique, les secteurs de l’acier, de l’aluminium et de l’automobile continuent de subir des prélèvements sectoriels spécifiques.

Cependant, tous les sous-secteurs du secteur manufacturier n’ont pas été touchés de la même manière.

Les fabricants de métaux lourds, par exemple, ont vu leur taux d’arriérés grimper de 12,1 %, tandis que l’industrie automobile a semblé résiliente au premier semestre, grâce à des ventes relativement solides.

Le rapport révèle également que le taux d’arriérés des prêts bancaires, tels que les cartes de crédit, les marges de crédit et les prêts hypothécaires, est plus élevé que celui des paiements interentreprises, ce qui suggère que les entreprises accordent la priorité aux paiements aux fournisseurs afin de maintenir de bonnes relations avec eux.

M. Brown donne l’exemple suivant: si vous exploitez un restaurant, «vous devez vous assurer d’entretenir une excellente relation avec votre principal fournisseur de produits alimentaires afin d’attirer des clients et de générer davantage de revenus».

Alors que de nombreux propriétaires de petites entreprises peinent à honorer leurs paiements, certains mettent leurs projets d’expansion en veilleuse.

La composante de projection de croissance de l’indice de santé des petites entreprises canadiennes d’Equifax Canada a chuté de 2,4 %, les entreprises hésitant à investir davantage dans leurs activités.

Selon M. Brown, le prochain budget fédéral pourrait être une lueur d’espoir pour les petites entreprises, car elles pourraient bénéficier de programmes d’aide ciblés.

«Nous attendons tous avec impatience de voir ce qui se passera (…) lorsque le budget d’automne sera publié, et ce sera en quelque sorte la lumière au bout du tunnel», conclut-il.

Ritika Dubey

Ritika Dubey

Journaliste