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«Ça a une incidence économique extraordinaire tant sur le réseau de la santé que sur le marché du travail.»
D'ici 2050, le nombre de Québécois vivant avec un trouble neurocognitif comme l'alzheimer pourrait dépasser 360 000, plus du double qu'actuellement. Compte tenu de la fragilité du système de santé, il s'agit d'un constat «un peu épeurant», selon Sylvie Grenier, directrice générale de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer.
«Au Québec, on a une courbe démographique au niveau du vieillissement de la population qui est très importante, donc c'est le premier facteur de risque, indique-t-elle en entrevue. [...] On n'y arrive pas présentement, imaginez dans 20 ans ce que ce sera.»
Elle souligne l'ampleur des défis dans le contexte d'«un système de santé qui peine à fournir».
«Et pour les gens qui n'ont pas de médecin de famille ça demeure un enjeu. On travaille très fort là-dessus avec le gouvernement, et le gouvernement n'est pas inconscient de ça», assure Mme Grenier.
Elle évoque les besoins de soutien à domicile qui sont indispensables pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
La ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, veut faire du soutien à domicile une priorité. Elle espère présenter une politique nationale de soutien à domicile au courant de l'année 2025.
L'augmentation du nombre de personnes atteintes d'un trouble neurocognitif a par ailleurs un impact sur l'économie du Québec. «Ça a aussi un coût énorme par rapport au marché du travail parce qu'il faut compter minimalement deux personnes proches aidantes par personne qui vit avec la maladie. Ça a un impact sur les personnes en milieux de travail, qui souvent même doivent quitter leur travail pour être en mesure de prendre soin d'un proche», soulève Mme Grenier.
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«Ça a une incidence économique extraordinaire tant sur le réseau de la santé que sur le marché du travail», ajoute-t-elle.
Mme Grenier rappelle que si la maladie d'Alzheimer est prise en charge tôt, cela améliore grandement les chances que la personne conserve ses facultés cognitives plus longtemps.
«Plus on le sait tôt, moins il est trop tard» est d'ailleurs le message de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer à l'occasion du mois de janvier, qui est le mois de la sensibilisation à la maladie d’Alzheimer.
«Un diagnostic tôt, c'est une valeur sûre pour être en mesure de poursuivre sa vie dans le parcours de la maladie et d'être maître de son parcours. Aussi, de travailler sur le maintien de ses capacités», a expliqué la directrice.
Jusqu’à 50 % des personnes vivant avec un trouble neurocognitif sont diagnostiquées à un stade trop avancé de la maladie.
Parmi les premiers signes de la maladie d'Alzheimer, il y a la difficulté à retenir de nouvelles informations, de la confusion temporelle ou spatiale, le fait d'avoir des objets égarés dans des endroits inhabituels.
La peur de recevoir le diagnostic d'une maladie dégénérative pour laquelle il n'y a pas encore de remède est la principale raison qui freine les gens à consulter un médecin après l'apparition de signes précoces.
Mme Grenier indique qu'il existe des médicaments qui permettent une meilleure qualité de vie lorsque le diagnostic est posé au début de la maladie. De plus, les signes de perte de mémoire ou autres symptômes peuvent être dus à un autre problème de santé, par exemple une carence en vitamine B12, d'où l'importance de consulter un médecin.
«Ce n'est pas nécessairement la maladie d'Alzheimer, ça peut être des signes du vieillissement qui sont normaux. On cherche tous à un moment donné le prénom ou le nom de famille d'un ami. On ne s'en souvient pas, puis ça revient deux minutes plus tard. Mais quand c'est répétitif, il faut peut-être porter attention», avertit Mme Grenier.
Elle se désole qu'il y ait encore autant de stigmas qui persistent. «On ne veut pas aller chercher un diagnostic parce qu'à partir du moment où on a un diagnostic, ce qu'on entend c'est que la personne devient alzheimer. La personne n'est plus là. On la considère même plus comme une personne à part entière et on ne s'adresse même plus à elle pour ses besoins», déplore-t-elle.
Ce facteur repousse davantage les gens à s'engager dans une discussion avec leur médecin.
Or, les Québécois ne devraient pas hésiter s'ils ont des doutes sur leur santé cognitive, car en plus d'améliorer ses chances de retarder le déclin, le diagnostic précoce permet de préparer ses finances, de faire connaître ses souhaits à ses proches et de prendre des décisions éclairées pour l'avenir.