Lors de son premier sommet avec le premier ministre japonais Shigeru Ishiba samedi, le président sud-coréen Lee Jae Myung a souligné l'importance de mettre de côté leurs divergences passées face aux défis communs posés par les États-Unis, leur allié commun.
Les deux parties ont convenu de coopérer dans des domaines tels que les énergies propres, l'intelligence artificielle, la faible natalité, le vieillissement de la population et la prévention des catastrophes.
Elles ont réaffirmé que la Corée du Sud et le Japon travailleraient ensemble et avec les États-Unis pour mettre fin aux programmes nucléaires et balistiques de la Corée du Nord.
La visite de M. Lee au Japon pourrait l'aider à préparer son premier sommet crucial à Washington, le 25 août, avec le président américain Donald Trump, principalement consacré aux questions de commerce et de défense.
«Je suis venu au Japon aujourd'hui avec la conviction de rompre avec audace avec les pratiques passées, de poursuivre une diplomatie pragmatique centrée sur l'intérêt national et d'ouvrir la voie à une coopération mutuellement bénéfique et tournée vers l'avenir», a indiqué M. Lee lors d'une conférence de presse commune à l'issue de deux sommets.
Lee Jae Myung, qui a rencontré Shigeru Ishiba en marge du Sommet du G7 en juin, a mentionné être le premier président sud-coréen depuis la normalisation des relations en 1965 à choisir le Japon comme première destination d'un sommet bilatéral après sa prise de fonctions.
Les responsables japonais y voient le signe que M. Lee accorde une grande importance aux relations entre les deux voisins, dont les liens ont été à plusieurs reprises perturbés par des différends historiques, entravant leur coordination trilatérale avec Washington.
«Il est plus important que jamais que les deux pays coopèrent, a affirmé M. Ishiba. Le président et moi partageons ce point de vue depuis son investiture et je suis encouragé.»
La stabilité des relations profite non seulement aux deux pays, mais aussi à la région, a fait savoir M. Ishiba dans son discours d'ouverture du sommet.
Le premier ministre japonais subit des pressions de la part de ses rivaux de droite au sein de son parti au pouvoir pour qu'il démissionne à la suite de sa défaite électorale de juillet.
Le sommet de samedi visait à souligner les bonnes relations entre les deux pays, à l'occasion du 60e anniversaire de la normalisation de leurs relations diplomatiques.
Défis régionaux et Trump
Rintaro Nishimura, associé de la branche japonaise de The Asia Group, a souligné que le moment choisi pour la visite de M. Lee illustre son style de diplomatie pragmatique, axé sur les relations bilatérales et trilatérales avec les États-Unis.
«Je pense également qu'il s'agissait d'un geste de la part de M. Lee pour montrer que le Japon est un partenaire très important dans sa politique étrangère», a-t-il mentionné.
M. Ishiba, qui a rencontré Donald Trump à Washington en février et s'est entretenu avec lui lors du dernier Sommet du G7, a conclu un accord sur les droits de douane avant la Corée du Sud.
«Nous avons tous deux reconnu que, face à une situation internationale en rapide évolution, une coopération indéfectible entre la Corée du Sud et le Japon, et entre la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon, est plus importante que jamais», a avancé M. Lee.
M. Lee a précisé qu'ils avaient convenu de poursuivre un «cercle vertueux» dans lequel l'amélioration de leurs relations renforcerait leur coopération trilatérale avec les États-Unis.
M. Ishiba a ajouté qu'ils comptent d'intensifier le dialogue stratégique dans les domaines de la défense et de la sécurité économique.
Le passé du Japon en temps de guerre
Ce sommet intervient quelques jours seulement après que les deux dirigeants ont exprimé leur volonté de conciliation.
Une déclaration commune à l'issue du sommet de samedi, le premier du genre depuis 17 ans, a indiqué que les deux dirigeants voulaient se tourner vers l'avenir, même si Tokyo réitère ses «profonds remords et ses sincères excuses» pour la brutale domination coloniale japonaise.
Dans son discours prononcé la semaine dernière à l'occasion de la libération de la péninsule coréenne après la colonisation japonaise de 1910 à 1945, M. Lee a appelé les deux parties à surmonter les griefs passés, tout en exhortant Tokyo à faire face aux problèmes non résolus et à s'efforcer de maintenir la confiance.
Le président sud-coréen a par ailleurs déclaré au journal conservateur japonais Yomiuri qu'il s'en tiendrait aux accords antérieurs avec le Japon sur les questions de travail forcé et d'abus sexuels des «femmes de réconfort», même si de nombreux Coréens nourrissent encore des ressentiments.
M. Ishiba, qui a reconnu l'agression japonaise en temps de guerre et manifesté de l'empathie envers les victimes asiatiques, a exprimé des «remords» pour cette guerre, qu'il a qualifiée d'erreur, rétablissant ce mot dans le discours d'un dirigeant japonais prononcé le 15 août à l'occasion de l'anniversaire de la capitulation, pour la première fois depuis sa destitution en 2013 par l'ancien premier ministre Shinzo Abe.
