S'adressant aux dirigeants mondiaux, le président iranien Massoud Pezeshkian a accusé mercredi les attaques américaines et israéliennes d'avoir porté «un coup grave» aux négociations de paix, alors que Téhéran se prépare au rétablissement des sanctions la semaine prochaine, à moins d'une avancée diplomatique de dernière minute. Quelques heures avant son discours, le rial iranien a atteint un nouveau plus bas historique.
Les propos de M. Pezeshkian devant l'Assemblée générale des Nations unies sont ses premiers prononcés dans une enceinte internationale depuis la guerre israélo-iranienne de 12 jours de l'été dernier. Celle-ci a vu l'assassinat de nombreux hauts responsables militaires et politiques de la République islamique et a mis fin à des semaines de négociations avec les États-Unis.
«Mesdames et Messieurs, vous avez tous été témoins qu'en juin dernier, mon pays a été victime d'une agression sauvage et d'une violation flagrante des principes les plus élémentaires du droit international», a lancé le président, considéré comme un modéré dans le paysage politique iranien.
M. Pezeshkian est à New York alors que Téhéran cherche à engager des négociations de dernière minute avec les pays européens pour empêcher la réimposition prochaine de sanctions de l'ONU contre l'Iran en raison de son programme nucléaire.
Mais avant même son arrivée aux États-Unis, tous les efforts diplomatiques prévus par M. Pezeshkian et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, ont été occultés par le rejet par le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, de toute négociation nucléaire directe avec les États-Unis dans un discours prononcé mardi.
«Les États-Unis ont annoncé à l'avance les résultats des négociations», a affirmé l'ayatollah. «Le résultat est l'arrêt des activités nucléaires et de l'enrichissement. Il ne s'agit pas d'une négociation. C'est un diktat, une imposition.»
La date limite pour la reprise des sanctions approche
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni (E3) ont déclenché le mécanisme dit de «snapback» pour rétablir les sanctions – sauf accord de dernière minute – à la suite du non-respect par l'Iran des conditions de l'accord nucléaire de 2015 visant à l'empêcher de développer l'arme nucléaire.
Ce snapback a été conçu pour être à l'abri d'un veto à l'ONU. Il a ouvert un délai de 30 jours pour la reprise des sanctions, qui expire dimanche, sauf accord diplomatique entre l'Occident et l'Iran.
Les pays européens se sont dits prêts à prolonger ce délai si l'Iran reprenait des négociations directes avec les États-Unis sur son programme nucléaire, autorisait les inspecteurs nucléaires de l'ONU à accéder à ses sites nucléaires et admettait détenir les plus de 400 kilogrammes d'uranium hautement enrichi que l'organisme de surveillance de l'ONU affirme que le pays détient.
L'Iran est le seul pays au monde à enrichir l'uranium jusqu'à 60 % – à un pas des niveaux de qualité militaire – sans programme d'armement.
Mais le président Pezeshkian a profité de son discours à l'ONU pour critiquer les E3, accusés d'avoir agi de «mauvaise foi» pendant des années pour imposer à l'Iran le respect d'un accord que les États-Unis ont abandonné en 2018.
«Ils se sont faussement présentés comme des parties prenantes de l'accord et ont qualifié d'insuffisants les efforts sincères de l'Iran», a-t-il argué.
Si aucun accord diplomatique n'est trouvé cette semaine, les sanctions seront automatiquement rétablies dimanche. Cela entraînerait un nouveau gel des avoirs iraniens à l'étranger, l'arrêt des contrats d'armement avec Téhéran et la pénalisation de tout développement du programme de missiles balistiques iranien, entre autres mesures, ce qui pèserait davantage sur l'économie du pays, déjà en difficulté.
Plus tôt ce mois-ci, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l'Iran ont signé un accord, sous la médiation de l'Égypte, ouvrant la voie à une reprise de la coopération, notamment sur les modalités de reprise des inspections des installations nucléaires iraniennes. Cependant, cet accord n'est pas encore pleinement en vigueur.
En juillet, Masoud Pezeshkian avait signé une loi adoptée par le parlement de son pays suspendant toute coopération avec l'agence. Cette décision faisait suite à la guerre de 12 jours au mois de juin entre Israël et l'Iran, au cours de laquelle Israël et les États-Unis avaient bombardé des sites nucléaires iraniens.
L'Iran affirme depuis longtemps que son programme est pacifique, bien que les pays occidentaux et l'AIEA, établie à Vienne, estiment que Téhéran a mené un programme d'armement nucléaire actif jusqu'en 2003.
L'ayatollah Ali Khamenei a réaffirmé mardi que l'Iran ne cherchait pas à se doter de la bombe atomique. «La science ne sera pas détruite par les menaces et les bombardements», a-t-il toutefois ajouté.
