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Le président du Madagascar fuit le pays après que des soldats se sont retournés contre lui

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8017fddaf13317b23da073036f404541ba8212b5a75f8cd2712319aa7e76cdc3.jpg Des soldats sont accueillis par des personnes rassemblées pour une cérémonie en hommage aux manifestants tués lors d'une récente manifestation antigouvernementale à Antananarivo, à Madagascar, le 12 octobre 2025. (The Associated Press)

Le président malgache, Andry Rajoelina, a quitté le pays après qu'une unité militaire d'élite s'est retournée contre le gouvernement lors d'un apparent coup d'État, a déclaré lundi un député de l'opposition dans ce pays de l'océan Indien.

Ces déclarations du député sont intervenues peu avant que le président Rajoelina prononce un discours à la télévision nationale destiné au peuple malgache.

Le bureau de M. Rajoelina a indiqué que son discours serait diffusé à la télévision et à la radio d'État à 19h00 heure locale (12h00, heure avancée de l'Est), mais n'a pas précisé si le président était toujours à Madagascar, après que des informations ont suggéré qu'il aurait fui après des semaines de manifestations antigouvernementales meurtrières.

Ces manifestations, initialement menées par des groupes de jeunes, ont atteint un tournant samedi lorsque des soldats de l'unité militaire d'élite CAPSAT ont accompagné les manifestants sur une place de la capitale, Antananarivo, et ont appelé le président et plusieurs ministres à quitter leurs fonctions.

L'unité, qui a aidé Andry Rajoelina à accéder au pouvoir comme chef de la transition lors d'un coup d'État soutenu par l'armée en 2009, a déclaré avoir pris le contrôle de toutes les forces armées à Madagascar.

Siteny Randrianasoloniaiko, chef de l'opposition au Parlement, a indiqué que M. Rajoelina avait «fui» le pays dimanche après que des soldats se sont retournés contre lui.

Où se trouve le président ?

Le cabinet du président a affirmé dimanche qu'une «tentative de prise de pouvoir illégale et par la force» était en cours dans ce pays de 31 millions d'habitants situé au large de la côte est de l'Afrique. 

On ignore où se trouve actuellement M. Rajoelina et un porte-parole du président n'a pas répondu aux appels téléphoniques ni aux messages.

À la suite d'informations selon lesquelles la France aurait évacué le chef de l'État de Madagascar par avion, le ministère français des Affaires étrangères a renvoyé l'Associated Press à un communiqué de l'ambassade de France affirmant qu'«aucune intervention militaire française n’est en cours ni prévue à Madagascar, dont la France respecte pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale».

Madagascar est une ancienne colonie française et le président Rajoelina aurait également la nationalité française, ce qui a déjà suscité le mécontentement des Malgaches.

 

Andry Rajoelina n'a pas identifié les commanditaires de la tentative de coup d'État, mais l'unité militaire CAPSAT semblait exercer une certaine autorité et a nommé dimanche un général à la tête des forces armées malgaches, nomination acceptée par le ministre de la Défense.

Le colonel Michael Randrianirina, commandant de la CAPSAT, a déclaré que ses soldats avaient échangé des coups de feu avec les forces de sécurité qui tentaient de réprimer les manifestations de la fin de semaine, et qu'un de ses soldats avait été tué. Aucun combat majeur n'a toutefois eu lieu dans les rues, et les soldats circulant à bord de véhicules blindés et agitant des drapeaux malgaches ont été acclamés par la population d'Antananarivo.

M. Randrianirina a assuré que l'armée avait «répondu aux appels du peuple», mais a nié l'existence d'un coup d'État. S'exprimant dimanche au quartier général de l'armée malgache, il a déclaré aux journalistes qu'il appartenait au peuple malgache de décider de la suite des événements, notamment si le président Rajoelina quittait le pouvoir et si de nouvelles élections étaient organisées.

L'Union africaine a exhorté toutes les parties, civiles et militaires, à faire preuve de calme et de retenue.

Madagascar a été secouée par trois semaines de troubles, les plus importants depuis des années. Les manifestations antigouvernementales, qui ont éclaté le 25 septembre en réaction à des coupures d'eau et d'électricité, étaient menées par un groupe se faisant appeler «Gen Z Madagascar». Selon les Nations Unies, ces manifestations ont fait au moins 22 morts et des dizaines de blessés. Le gouvernement a contesté ce bilan.

Les manifestations ont alimenté le mécontentement croissant envers le gouvernement et le leadership d'Andry Rajoelina. Les manifestants ont soulevé diverses questions, notamment la pauvreté et le coût de la vie, l'accès à l'enseignement supérieur, ainsi que des allégations de corruption et de détournement de fonds publics par des fonctionnaires, leurs familles et leurs proches.