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Cette promesse ajoute aux efforts afin d'obtenir justice pour la répression du gouvernement Pinochet.
Le président du Chili, Gabriel Boric, a promis mercredi de faire pression pour l'abrogation d'une loi d'amnistie qui a, pendant des décennies, exclu la plupart des enquêtes sur les crimes contre l'humanité commis par la dictature militaire du général Augusto Pinochet.
Le président de gauche en a fait la promesse depuis le palais présidentiel de La Moneda, dans la capitale de Santiago, lors d'un discours soulignant mercredi le 51e anniversaire du coup d'État sanglant du général Pinochet, soutenu par les États-Unis, qui a mis fin à la démocratie chilienne et inauguré un règne de terreur de 17 ans dans ce pays.
Cette promesse ajoute aux efforts afin d'obtenir justice pour la répression du gouvernement Pinochet et traduire devant les tribunaux les personnes accusées de violations des droits de la personne, comme cela s'est produit dans l'Argentine voisine et ailleurs en Amérique latine.
Le jeune président Boric, ancien leader d’un mouvement étudiant de protestation, s’est engagé à accélérer l’adoption d’un projet de loi qui révoquerait l’amnistie qui a protégé jusqu'ici la plupart des officiers militaires de toute poursuite pour la torture et le meurtre de milliers d’opposants et de critiques au cours des cinq premières années de la dictature, de 1973 à 1978, période où certaines de ses pires atrocités ont été commises.
Mais avec sa coalition de gauche peu maniable, n’ayant pas de majorité au Congrès, l’avenir de l’amnistie que la dictature s'était elle-même attribuée semble incertain.
Les députés, fragmentés au sein de 22 partis, se sont affrontés au sujet des tentatives avortées de l’extrême gauche et de l’extrême droite de réécrire la Constitution, qui date de cette ère Pinochet.
Les partis de droite avaient réussi dans le passé à bloquer les tentatives du Congrès pour révoquer l’amnistie. Le projet de loi d’abrogation actuellement bloqué, que le président Boric cherche à relancer, avait été présenté pour la première fois au Congrès en 2014 par l’ancienne présidente socialiste Michelle Bachelet.
Le général Pinochet, qui avait initialement décrété l’amnistie en 1978, plus de quatre ans après avoir pris le pouvoir lors du coup d’État qui a renversé le président socialiste élu Salvador Allende, a bénéficié de l’immunité qu’il s’était lui-même octroyée alors même que le Chili était en train de passer à la démocratie en 1990.
Bien que le commandant en chef de l’armée et sénateur à vie ait été détenu pendant 17 mois à Londres sur ordre d’un juge espagnol, il est décédé en 2006 sans jamais avoir été tenu légalement responsable dans son pays.
Selon les rapports officiels des commissions gouvernementales, sa dictature a été responsable du meurtre d’au moins 3216 personnes, dont 1469 disparus, et de la torture de bien d’autres Chiliens.
Malgré l’amnistie, des poursuites ont été engagées au fil des ans, des dizaines de juges d’instruction ayant réussi à trouver des failles dans la loi afin de poursuivre certains anciens subordonnés du dictateur. Ils ont par exemple convaincu la Cour suprême que les «disparitions» de la dictature équivalaient à un enlèvement toujours en cours, et donc non couvert par une quelconque amnistie.
Le fait que les efforts du Chili pour invalider cette vieille procédure d’amnistie de la dictature se soient révélés si controversés reflète la manière unique dont ce régime a pris fin.
Augusto Pinochet a cédé le pouvoir après avoir perdu un référendum en 1988. Mais il a légué une économie en plein essor et une Constitution favorable aux investisseurs, que ses successeurs de centre gauche n’ont guère modifiée.
Les sondages réalisés l’année dernière, un demi-siècle après le coup d’État de 1973, ont montré qu’une minorité importante de Chiliens conservait toujours leur soutien au général Pinochet, plusieurs estimant qu’il avait sauvé le pays du communisme.